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Coronavirus : "Il n'y a pas de raison que le déconfinement ne puisse pas nous permettre de contrôler l'épidémie", estime un enseignant-chercheur

Pour Pascal Crépey, spécialiste en épidémiologie et biostatistiques, les tests seront "un des éléments clés du dispositif".

Article rédigé par franceinfo
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Des Marseillais patientent pour se faire tester, le 7 mai 2020. (CLEMENT MAHOUDEAU / AFP)

À trois jours de la sortie progressive du confinement prévue par le gouvernement"il n'y a pas de raison que le déconfinement ne puisse pas nous permettre de continuer de contrôler la propagation de l'épidémie", affirme vendredi 8 mai sur franceinfo Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et biostatistiques à l’École des hautes études en santé publique à Rennes. "Tout le monde réalise que le confinement ne peut pas durer encore des mois", fait remarquer Pascal Crépey. Il souligne par ailleurs que les tests seront "un des éléments clés du dispositif".

franceinfo : Est-ce que c'est le bon choix de déconfiner lundi et doit-on s'attendre à une deuxième vague ?

Pascal Crépey : Tout le monde réalise que le confinement ne peut pas durer encore des mois. On profite aujourd'hui de l'exemple de plusieurs pays qui ont commencé à déconfiner et pour qui le déconfinement fonctionne. Donc, il faut rester prudent. Mais il n'y a pas de raison que le déconfinement ne puisse pas nous permettre de continuer de contrôler la propagation de l'épidémie. Je pense que le terme de deuxième vague n'est pas forcément le terme le plus approprié, parce que ce n'est pas une grosse vague comme ça qui va tout d'un coup s'abattre sur nous. Ce qu'il faut craindre, c'est un rebond de l'épidémie qui nous force à renforcer des mesures de contrôle et potentiellement revenir à une phase de confinement. Donc, il faut surveiller la propagation du virus. Il faut continuer d'appliquer tous les gestes barrières et s'assurer que le système de détection des cas et de leurs contacts fonctionne et fonctionne bien pour casser les chaînes de transmission. Et si tout cet ensemble de mesures fonctionne, on devrait pouvoir continuer de contrôler l'épidémie et éviter ce rebond épidémique.

Pour réussir le déconfinement, est-ce que cela dépend aussi de notre capacité à réaliser des tests de dépistage ?

Les tests vont effectivement être un des éléments clés du dispositif, parce que c'est ça qui va nous permettre de confirmer que les personnes sont bien positives. Et donc, il faut absolument investiguer leurs contacts potentiels et couper les chaînes de transmission. Mais au-delà des tests même, c'est tout le système qui doit fonctionner de façon très réactive et très fluide pour que les résultats des tests arrivent en temps et en heure, et même le plus rapidement possible, aux cellules qui vont investiguer les cas afin de stopper les chaînes de transmission le plus rapidement possible.

Doit-on craindre un relâchement dès ce week-end ?

Ça fait déjà certainement déjà quelques jours qu'il y a un certain relâchement, c'est effectivement à craindre. Le problème avec cette épidémie, c'est que le relâchement qu'on observe aujourd'hui, on en verra réellement les effets que dans dix à quinze jours. Et donc, ça complique énormément le pilotage du contrôle de l'épidémie. Et il faut bien que les gens comprennent que leurs actes ont des conséquences qu'on ne voit pas tout de suite, mais qu'ils verront bientôt. On peut s'attendre à ce qu'il y ait des couacs au démarrage et que la première semaine soit une semaine où les équipes vont un peu "essuyer les plâtres". Mais on peut avoir bon espoir que cela fonctionne parce que ça fonctionne encore une fois dans d'autres pays et qu'il n'y a pas de raison qu'on ne soit pas capable de faire aussi bien qu'eux.

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