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Coronavirus : frontières fermées, militaires déployés... L'Espagne subit de plein fouet l'épidémie de Covid-19

Le gouvernement espagnol a placé la population en confinement quasi total depuis samedi, alors que l'épidémie de coronavirus a déjà fait plus de 1 000 morts dans le pays, le deuxième le plus touché en Europe après l'Italie.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Des militaires espagnols désinfectent les escaliers devant les urgences d'un hôpital à Gijon, le 18 mars 2020. (ALVARO FUENTE / NURPHOTO / AFP)

C'est le quatrième pays le plus touché par le coronavirus dans le monde. L'Espagne a passé la barre des 1 000 morts à cause de l'épidémie de Covid-2019, ont annoncé les autorités, vendredi 20 mars. "Les jours les plus durs arrivent. (...) Nous allons continuer à voir une augmentation des cas et ce jusqu'à ce que nous nous approchions du pic de la courbe", a prévenu le ministre de la Santé, Salvador Illa.

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Franceinfo fait le point sur la situation en Espagne, placée en état d'alerte pour faire face à l'épidémie.

Le cap des 1 000 morts franchi

L'Espagne a recensé 1 002 morts dus au coronavirus, a annoncé vendredi le directeur du centre d'alertes sanitaires, Fernando Simon. Ce chiffre a été multiplié par 10 en sept jours. "Au niveau national nous avons 19 980 cas, avec une hausse de 2 833 cas par rapport à [jeudi], soit une hausse de 16,5%", a-t-il ajouté. Le rythme de progression du nombre de cas détectés a ralenti par rapport à la veille, où il était de 25%. Mais "il est très probable que [les données] sous-évaluent la transmission totale", car l'Espagne manque de kits pour les tests et les laboratoires sont "surchargés".

La zone qui compte le plus de personnes infectées est celle de Madrid, avec 7 165 cas (36% du total national). Suivent la Catalogne avec 3 270 contaminés et le Pays basque, avec 1 465 cas avérés. Environ 52% des personnes infectées sont hospitalisées, soit 10 542 personnes. Quelque 1 141 se trouvent en réanimation alors que 1 585 sont désormais guéries, détaille le directeur du centre d'alertes sanitaires.

L'état d'alerte déclaré

L'Espagne a déclaré l'état d'alerte samedi 14 mars, mettant en place un confinement quasi total pour limiter la propagation du coronavirus. Les habitants n'ont pas le droit de sortir de chez eux, sauf pour travailler (si le télétravail n'est pas possible), faire des courses alimentaires ou acheter des médicaments. Les contrevenants s'exposent à des sanctions allant de 100 euros d'amende à un an de prison.

Le gouvernement a également ordonné la fermeture de tous les hôtels du territoire depuis le 19 mars, pour une durée de sept jours ouvrables, rapporte Sud OuestSeuls resteront ouverts les établissements de séjour longue durée, à condition qu'ils aient les infrastructures nécessaires pour que leurs occupants puissent y respecter le confinement quasi total imposé actuellement dans le pays.

Cinquante-cinq personnes ont été arrêtées pour n'avoir pas respecté les mesures de confinement, un chiffre "en hausse" selon le directeur opérationnel de la police nationale. Jeudi, un hélicoptère de la police a ainsi repéré une fête dans une zone inhabitée, a-t-il raconté. Il a prévenu qu'il y aurait désormais une "tolérance zéro".

Les frontières terrestres fermées

L'Espagne a fermé ses frontières terrestres avec la France et le Portugal, en collaboration avec ces deux voisins, le 17 mars à minuit. "Seuls les citoyens espagnols, les résidents en Espagne, les travailleurs transfrontaliers, le personnel diplomatique et les cas de force majeure, ainsi que les camions de marchandises, pourront entrer dans le pays", détaille Le Monde. Selon le quotidien, le gouvernement n'exclut pas de mettre également un terme aux liaisons aériennes et maritimes. En moins de trois jours l'entrée en Espagne a été refusée à 996 personnes, a précisé vendredi le directeur opérationnel de la police nationale. 

Les militaires réquisitionnés pour désinfecter les lieux publics

L'armée a commencé à se déployer dans les villes espagnoles, le 15 mars, pour veiller au respect des mesures de confinement, indique Le Monde. Les 2 640 militaires mobilisés ont également pour mission de désinfecter les lieux publics. Ils ont ainsi déjà nettoyé les principaux aéroports et ports du pays, ainsi que des maisons de retraite et des prisons, a souligné le chef d'état-major du ministère de la Défense.

Selon El País (en espagnol), les services de santé de l'armée travaillent par ailleurs à la production de gel hydroalcoolique et ont mis un terme à tous "leurs exercices et manœuvres". L'objectif : "Eviter les mouvements de troupes qui contribuent à propager le virus et garder toutes ses forces disponibles pour participer à la lutte contre la pandémie."

Le système de santé sous tension

Le système de santé espagnol se trouve dans une situation extrêmement tendue. Près de 1 000 lits des services de soins intensifs accueillent des malades du coronavirus, sur les plus de 4 000 dont dispose le pays. Un hôtel madrilène a commencé, jeudi, à accueillir des patients ne nécessitant pas d'hospitalisation pour libérer des lits. D'autres hôtels doivent être médicalisés, avec l'aide des militaires.

Le ministre de la Santé, Salvador Illa, a annoncé dimanche 15 mars que toutes les entreprises disposant de matériel médical (masques, gel hydroalcoolique, respirateurs...) devaient se faire connaître des autorités sous 48 heures, rapporte La Vanguardia (en espagnol). Les cliniques et établissements médicaux privés doivent "mettre à disposition des services de santé publics les lieux et membres du personnel dont ils ont besoin".

Pour faire face à l'explosion du nombre de cas, des milliers d'étudiants en médecine, de médecins en cours de spécialisation ou d'infirmiers diplômés n'ayant pas obtenu de place ont été incorporés dans le système de santé publique. "Plus de 30 000 professionnels sont à disposition et ont été incorporés progressivement", a indiqué le ministre de la Santé, qui envisage aussi de faire appel à 14 000 médecins et infirmiers à la retraite.

La question du matériel de protection se pose également. L'Ordre des médecins a dénoncé la situation "insoutenable" des soignants qui ne disposent parfois pas de masques. Les autorités ont réussi à en rassembler 1,5 million, grâce notamment aux perquisitions des forces de l'ordre. Le secteur privé propose également son aide pour pallier le manque de matériel. Dans la région de Valence, les couturières du petit village de Pedrel ont ainsi fabriqué 10 000 masques. De son côté, le géant Inditex (qui possède l'enseigne Zara) réfléchit à utiliser une partie de ses usines pour fabriquer du matériel, comme des vêtements pour le personnel hospitalier, indiquent Les Echos.

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