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Coronavirus : faut-il rendre obligatoire le dépistage pour les 15-40 ans ?

Les adolescents, jeunes adultes et trentenaires sont particulièrement touchés par l'augmentation actuelle des nouveaux cas de coronavirus en France. Pour éviter un rebond épidémique à l'approche de la rentrée scolaire, un médecin évoque la possibilité de leur proposer un dépistage obligatoire et gratuit.

Article rédigé par franceinfo
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Des personnes se rendent dans un laboratoire pour réaliser un test de dépistage Covid-19 au centre hospitalier de Valence (Drôme). (NICOLAS GUYONNET / HANS LUCAS / AFP)

Ils se trouvent au coeur des inquiétudes et des critiques. Présentés comme des vecteurs du virus, les 15-40 ans sont pointés du doigt depuis le déconfinement. L'"augmentation de l'incidence", c'est-à-dire le nombre de nouveaux cas sur une période donnée (ici une semaine), est "particulièrement marquée chez les 25-35 ans", souligne Santé publique France dans son point épidémiologique hebdomadaire du 13 août 2020.

Pour limiter les risques de transmission aux autres classes d'âge et freiner la reprise épidémique, le docteur Djillali Annane a proposé dimanche 16 août que les personnes âgées de 15 à 40 ans soient "testées avant de rentrer au lycée ou à la fac, avant de reprendre son travail". Le chef du service de réanimation de l'hôpital Raymond-Poincaré à Garches (Hauts-de-Seine) prône un dépistage obligatoire et gratuit pour cette catégorie de la population. Il souhaite aussi un changement de discours, avec une communication plus claire et mieux adaptée au public jeune.

Les jeunes se font déjà beaucoup tester 

"Aujourd'hui (...) le virus circule essentiellement dans la tranche d'âge des 15-40 ans parce que les gestes barrières ont été insuffisamment respectés", a indiqué Djillali Annane. Selon lui, cette situation "peut être compréhensible dans la période estivale et de vacances".

Toutefois, il est faux de penser que les jeunes adultes ne se font pas tester. "Dans les dernières données chiffrées, si je prends celles du 13 août, on a 100 000 tests. Parmi eux, 20 000 sont réalisés par les 20-29 ans, ce qui est beaucoup. On retrouve aussi une proportion importante de tests pour les 30-39 ans", détaille Emmanuel Rusch président de la Société française de santé publique.

Pour le spécialiste en épidémiologie, ces tests sont supérieurs en nombre "à la proportion que représente cette tranche d'âge dans la population générale". Les 15-40 ans se feraient donc tester davantage que les autres. "Est-ce parce qu'ils présentent plus de symptômes ou parce qu'ils font déjà l'objet d'une démarche privilégiée pour se faire tester ? Pour le moment, on ne peut pas le savoir", explique Emmanuel Rusch.

Beaucoup de jeunes asymptomatiques sous le radar du dépistage

Les jeunes se font tester en nombre, mais pas suffisamment. Selon Djillali Annane, "cette tranche d'âge se caractérise par le fait qu'elle est peu à risque de faire des formes sévères. La majorité de ces personnes vont être asymptomatiques, donc elles sont contagieuses sans le savoir". Or, la stratégie de dépistage française est centrée sur la détection des cas symptomatiques et des cas contacts en priorité. 

De nombreux cas asymptomatiques, principalement chez les jeunes, peuvent donc passer sous le radar du dépistage. En le rendant obligatoire et gratuit pour les 15-40 ans, Djillali Annane entend ainsi provoquer "un impact majeur" qui permettrait "l'arrêt de la transmission et de la circulation du virus".

"C'est légitime d'encourager les dépistages, surtout actuellement pour la tranche d'âge des 20-39 ans, qui sont les plus touchées", approuve Emmanuel Rusch. Ce dernier, toutefois, s'interroge : "Est-ce qu'il faut prioriser les personnes asymptomatiques ?" La science ne permet pas pour l'instant de répondre à cette question, affirme-t-il. "Mais je pense qu'il est important de tester, au-delà des tranches d'âge."

Une mise en place complexe 

En France, selon les derniers chiffres de l'Insee, quelque 20 millions de personnes ont entre 15 et 39 ans. Dès lors, tester près d'un tiers de la population en moins de deux semaines, comme le suggère Djillali Annane, apparaît comme une idée difficilement réalisable du fait des capacités actuelles. Entre le 3 et le 9 août, 606 487 tests ont été réalisés, selon Santé publique France.

"Je suis un peu réservé. On a déjà un engorgement des centres de dépistage dans certains territoires", avance Emmanuel Rusch. Avec des laboratoires déjà sous tension, la mesure nécessiterait un déploiement important de moyens. "Il y a un principe de réalité : si on décide d'en faire une obligation, il faut qu'on puisse mettre les moyens en face et qu'on soit en capacité de réaliser ces tests", rappelle-t-il. "Sinon on va avoir une injonction contradictoire, et ce sera compliqué."

Imposer une telle obligation s'avérerait juridiquement possible mais très complexe, rappelle Le Parisien (article payant). De plus, la réussite de cette mesure n'est pas garantie : "Il ne faut pas oublier qu'on peut être contaminé aujourd'hui et testé négatif demain", pointe Emmanuel Rusch. 

L'aspect financier constitue aussi une question épineuse. Le test PCR coûte 54 euros. Il est à présent remboursé à 100% par l'Assurance-maladie. Le dépistage systématique et gratuit pour toute une classe d'âge représenterait donc un coût considérable.

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