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Coronavirus et quatorzaine à l'arrivée en France : dans quels cas y a-t-il mesures d'isolement ?

Selon que vous arrivez sur le sol français en provenance d'un pays de l'Union européenne ou hors de l'UE, les règles ne sont pas les mêmes. Il existe aussi des mesures spécifiques en provenance de certains pays d'Europe ou à destination de certains territoires d'outre-mer. Explications.

Article rédigé par franceinfo - Emilie Gautreau
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6 min
Un médecin d'Aéroport de Paris, à l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, le 14 mai 2020 (IAN LANGSDON / EPA POOL / AFP)

Parmi les questions les plus posées par les internautes via le dispositif #onvousrepond mis en place par franceinfo, figurent les interrogations liées aux déplacements longue distance et aux mesures éventuelles de quatorzaine associées. Ces mesures ont en effet évolué et varient parfois selon la nationalité du voyageur (français ou non), le pays de provenance (espace européen ou pas) et les motifs du déplacement. La cellule Vrai du Faux fait le point.

Le principe général : une quatorzaine envisageable sur demande du préfet et obligatoire en cas de symptômes

La loi du 11 mai prolongeant l’état d’urgence sanitaire juqu'au 10 juillet, ainsi que le décret du 22 mai, prévoient la possibilité de mettre en place, sur décision du préfet et sous contrôle d'un juge, des mesures d'isolement des personnes qui arrivent sur le territoire français, dans le contexte d'épidémie de SARS-CoV-2. La mise en quarantaine des personnes susceptibles d’être infectées et la mise à l’isolement des personnes malades ne peuvent concerner que les "personnes qui, ayant séjourné au cours du mois précédent dans une zone de circulation de l’infection, entrent sur le territoire national, arrivent en Corse ou dans l'un des territoires d'outre-mer". Un arrêté du ministère de la santé, du 22 mai, précise que tous les pays du monde sont considérés comme des zones de circulation du virus.

Les mesures individuelles d'isolement sont prononcées par le préfet, sur proposition du directeur général de l'agence régionale de santé, au vu d'un certificat médical. Sur demande du préfet, les entreprises de transport sont susceptibles de communiquer des données concernant les passagers qui entrent sur le territoire.

Il est laissé le choix aux personnes concernées d'être isolées à domicile ou dans des lieux d'hébergement adaptés. La durée initiale de la mesure ne peut dépasser 14 jours. Son renouvellement - jusqu'à un mois maximum - nécessite un avis médical.

Cette possibilité juridique de mettre en place une quatorzaine s'applique de manière systématique aux personnes qui, à leur arrivée en France présentent des symptômes d’infection au Covid-19, a précisé le 22 mai le Quai d'Orsay.

Le principe d'une "quatorzaine volontaire" pour les voyageurs en provenance d'un pays extérieur à l'espace européen

Les Français ou résidents permanents en France, ainsi que les personnes habilitées à voyager vers la France munies d'une attestation de déplacement dérogatoire dans les conditions fixées par le ministère de l'Intérieurpeuvent accéder au territoire français en provenance d'un pays non européen. Il leur est en revanche demandé de se soumettre à une "quatorzaine volontaire", chez eux ou dans un lieu dédié mis à leur disposition, à leur arrivée sur le territoire français. Cette mesure, en vigueur depuis le mercredi 20 mai, n'est donc pas, en soi, obligatoire, mais le ministère des Affaires étrangères en appelle au "civisme et au sens des responsabilités des voyageurs" pour appliquer cette précaution dans le cadre de la lutte contre la propagation du virus. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian avait, dès le 19 mai, présenté cette mesure comme une "initiative autonome, sur la base de la responsabilité personnelle".

Sont exemptées de "quatorzaine volontaire" les personnes qui ne présentent pas de symptômes et qui sont en transit vers un autre pays, ainsi que les travailleurs frontaliers, les professionnels de santé étrangers qui participent à la lutte contre le Covid-19, ou d'autres catégories professionnelles spécifiques amenées à voyager (par exemple les membres d’équipage et personnes exploitant des vols passagers et cargo, les personnes qui assurent le transport international de marchandises, les conducteurs et équipiers d’autocars et de trains, les membres d’équipage et personnes exploitant des navires de commerce et de pêche, les personnels des missions diplomatiques et consulaires, etc).

Pas de quatorzaine pour les voyageurs en provenance de pays de l'espace européen

Le principe général, du point de vue français, concernant l'espace européen, est de permettre une circulation des voyageurs, de manière encadrée et dans le cadre de restrictions coordonnées avec les autres États. Le gouvernement français estime qu' "étant donné les situations épidémiologiques proches entre États européens et la coordination des mesures de gestion de la crise",  il n’est pas nécessaire de mettre en place des mesures systématiques de quatorzaine pour accéder au territoire français lorsqu'on provient de pays de l’espace européen (Etats membres de l’Union européenne, Andorre, Islande, Liechtenstein, Monaco, Norvège, Saint-Marin, Suisse, Vatican).

Sont donc, à ce jour, autorisés à entrer sur le territoire français sans mesure de quatorzaine, les Français ou résidents permanents en France qui arrivent de pays de l'espace européen. Y sont également autorisés certaines catégories spécifiques de personnes venant de l'espace européen : travailleurs frontaliers, transporteurs internationaux, personnes qui viennent en France pour contribuer à la relance de l’économie, pour des motifs familiaux (conjoints séparés, poursuite de la scolarité, garde d’enfants, visite de parents dépendants) ou professionnels (travailleurs saisonniers et travailleurs européens en détachement dont la mission ne peut être reportée) . 

Une quatorzaine suggérée, par "mesure de réciprocité", aux voyageurs en provenance d'Espagne et du Royaume-Uni

Depuis le lundi 25 mai, tout voyageur - qu'il soit français, espagnol ou de toute autre nationalité - qui arrive en France, par voie aérienne, en provenance d'Espagne est invité à effectuer une "quatorzaine volontaire".

Le ministère français des Affaires étrangères précise avoir pris cette mesure par "réciprocité", l’Espagne ayant mis en place le 15 mai un système de quarantaine pour les voyageurs arrivant en Espagne par avion. Le gouvernement espagnol a cela dit précisé que les mesures de quarantaine imposées aux voyageurs seraient levées à partir du 1er juillet.                   

Une mesure identique de "quatorzaine volontaire" à l'arrivée en France est en vigueur depuis le lundi 8 juin pour tout voyageur qui arrive en provenance du Royaume-Uni, quelle que soit sa nationalité.

Des mesures évolutives en fonction de l'évolution des situations sanitaires dans les territoires d'outre-mer 

Du 2 au 22 juin, les mesures de restriction sur les déplacements entre l’hexagone et les outre-mer sont maintenues. Il faut toujours justifier d'un motif impérieux de déplacement. Tous les passagers doivent, à l'embarquement, fournir une déclaration sur l’honneur attestant du motif de leur déplacement, accompagnée d’un justificatif, ainsi que d'une déclaration attestant qu’ils ne présentent pas de symptôme d’infection de Covid-19 et qu’ils n’ont pas connaissance d’avoir été en contact avec un cas confirmé dans les 14 jours qui précèdent le vol.

Le maintien des mesures de quatorzaine est par ailleurs la règle. Cela dit, à partir du mardi 9 juin, est testé un protocole sanitaire spécifique pour les voyageurs en provenance de l'hexagone et à destination de Guadeloupe, Martinique, Saint-Martin, Saint-Barthélemy et La Réunion. Les voyageurs sont invités, dans les trois jours qui précèdent leur vol, à réaliser des tests virologiques (RT-PCR) de détection du coronavirus. A leur arrivée, les voyageurs qui présentent les résultats d'un test négatif bénéficient d'une procédure accélérée à l'aéroport et ne sont placés à l'isolement que sept jours au lieu de 14.

Passée cette semaine, ils doivent pratiquer un nouveau test. S'il est à nouveau négatif, les voyageurs peuvent sortir de chez eux, moyennant le respect de mesures de précaution (port du masque, application stricte des mesures de distanciation sociale, interdiction de participer à des rassemblements et nécessité d'éviter les contacts avec des personnes à risque). Les personnes qui n'ont pas réalisé de tests avant le départ doivent elles continuer à suivre la procédure d'accueil standard en vigueur dans les aéroports (qui prend entre trois et quatre heures), suivie d'une mesure de quatorzaine stricte, à domicile ou dans un lieu dédié. Pour réaliser un test avant le départ, les passagers peuvent s'adresser à leur médecin traitant ou directement à un laboratoire sur présentation de leur billet ou de leur réservation vers un des territoires concernés.


Depuis le lundi 25 mai, la quatorzaine qui était imposée aux voyageurs entre la Guadeloupe et la Martinique a par ailleurs été levée. La levée de la quatorzaine ne concerne pas, en revanche, les passagers provenant de Guyane. 

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