Coronavirus : en France, les personnes nées à l'étranger ont connu une surmortalité plus élevée que le reste de la population
En mars et avril, les décès de personnes nées à l'étranger ont augmenté de 48% par rapport à la même période en 2019, contre 22% pour les décès de personnes nées en France, selon l'Insee.
La hausse des décès engendrée par le coronavirus Sars-CoV-2 est plus marquée pour les personnes nées en Afrique, au Maghreb et en Asie qu'en France, révèle l'Insee, mardi 7 juillet. Selon l'Institut, cette réalité est liée au fait que ces personnes résident dans des territoires peuplés, mais aussi parce que beaucoup sont des "travailleurs clés", qui ont poursuivi leur activité à l'extérieur pendant l'épidémie.
En France, 129 000 décès toutes causes confondues ont été constatés aux mois de mars et avril, en pleine épidémie de coronavirus, contre 102 800 pour la même période en 2019. Cela représente une hausse de 25%.
Toutefois, de fortes disparités apparaissent selon le pays de naissance. Ainsi, les décès de personnes nées à l'étranger ont augmenté de 48% sur la période par rapport à la même période en 2019, contre 22% pour les décès de personnes nées en France, selon les chiffres de l'Insee.
Des personnes plus exposées au virus
La hausse des décès est la plus forte pour les personnes nées en Afrique : l'Insee recense 8 300 décès en mars et avril contre 5 400 en 2019 pour celles nées dans les pays du Maghreb (Algérie, Maroc, Tunisie), et 2 000 décès contre 900 pour celles nées dans un autre pays. Concernant les personnes originaires d'Asie, 1 600 décès ont été recensés contre 800 en 2019. Pour les personnes nées en Europe (hors France) et dans un pays d'Amérique ou en Océanie, la hausse des décès est proche de celle observée pour les personnes nées en France.
Cet excédent de décès peut s'expliquer par le fait que les personnes étrangères résident davantage dans les territoires densément peuplés, surtout en Ile-de-France, région la plus fortement touchée par le Covid-19. Les décès en mars et avril, par rapport à la même période en 2019, y ont augmenté de 92%. Ainsi, un tiers des personnes nées au Maghreb et la moitié de celles nées dans un autre pays d'Afrique et en Asie résident en Ile-de-France, contre 16% des personnes nées en France, souligne l'Insee.
Le logement, l'utilisation des transports en commun et la profession, facteurs qui peuvent réduire les possibilités de distanciation sociale, jouent également beaucoup. Selon l'Insee, les personnes nées en Afrique et en Asie ont les logements les plus exigus (entre 1,3 et 1,6 pièce par occupant contre 1,8 pour l'ensemble des habitants) et sont celles qui utilisent habituellement le plus les transports en commun. En outre, 14% des personnes en emploi et nées dans un pays du Maghreb et 15% de celles nées dans un autre pays d'Afrique ont poursuivi leur activité à l'extérieur et ont été parmi les plus exposées à une contamination. Ce taux s'élève à 11% pour les personnes décédées nées en France.
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