Coronavirus : de nouveaux mots liés à la pandémie entrent dans le dictionnaire, “la langue va être marquée de manière durable” d'après un lexicographe
Des mots comme "déconfinement", "Covid" ou des expressions comme "geste barrière" ou "distanciation sociale" font leur entrée dans l’édition 2021 du dictionnaire Le Petit Robert.
L'épidémie de Covid-19 a fait entrer dans notre quotidien un nouveau vocabulaire. "Déconfinement", "Covid", "geste barrière" ou encore "distanciation sociale" figurent dans l’édition 2021 du dictionnaire Le Petit Robert. "On a décidé d'ajouter ces mots très rapidement car c'est un événement historique", a expliqué sur franceinfo jeudi 28 mai Édouard Trouillez, lexicographe aux éditions Le Robert.
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franceinfo : De nombreux mots apparus avec les derniers événements font leur entrée dans le Petit Robert. Quels sont-ils ?
Édouard Trouillez : Les derniers événements ont marqué la langue. On a décidé d’ajouter ces mots dans la version numérique du Petit Robert. Des mots comme "déconfinement", "oxymètre", "saturomètre", "Covid", "téléconsultation". Également des mots qui vont prendre des sens nouveaux comme "réserviste". Il y a aussi des expressions nouvelles : "gestes barrières", "distanciation sociale et physique", "patient zéro", etc.
Au fait, faut-il dire "le Covid" ou "la Covid" ?
On n’a pas tranché. On indique que ce mot peut s'employer au masculin et au féminin. Tout simplement, on tient compte de l’usage. En France, on va plutôt employer ce mot au masculin. Au Canada francophone, au Québec, on emploie ce mot plutôt au féminin. Donc plutôt le Covid en France et la Covid au Québec.
Est-ce que c’est fréquent que des nouveaux mots apparaissent aussi vite dans le dictionnaire ?
La langue évolue tout le temps, ce n’est pas nouveau. Le Petit Robert accueille les mots nouveaux qui vont désigner les nouvelles réalités ou les nouvelles manières d'appréhender le monde. Mais là, on a vraiment vécu des événements exceptionnels. Donc on a décidé d'ajouter ces mots très rapidement car c'est un événement historique. Donc, la langue va être marquée de manière durable. Il n'y a pas eu de débat. Il y a des mots pour lesquels il y a un débat. Il y a des mots pour lesquels on attend quelques années. Et puis, pour certains mots, notamment les mots liés à la pandémie, il y a eu un accord commun pour les faire rentrer très rapidement.
Il n’y a pas que les mots apparus avec la pandémie. Des mots notamment liés à la gastronomie...
Depuis plusieurs années, en gastronomie, on va retrouver beaucoup de choses de pays étrangers comme le "tataki", le "combucha" ou encore le "mochi". Il y a également tout ce qui est lié à la nouvelle économie : la "tech", le "cloud", la "story" qu'on connaît et bien sûr "Instagram". Et puis quelque chose d’un peu plus récent, c'est tout ce qui concerne la reconnaissance du droit à la différence ou la lutte contre les discriminations. On va trouver des mots comme "polyamour", "pansexuelle", la "sérophobie", c'est-à-dire l'hostilité envers les personnes séropositives. Ça rejoint des mots que nous avions ajouté les années précédentes comme "lesbophobie", "grossophobie", "transphobie". La lutte contre les discriminations se retrouve dans ces mots puisque le fait de nommer ces discriminations permet de lutter contre elles.
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