Coronavirus : d'où vient le terme "Ségur de la santé" ?
Ce terme vient du nom de la rue qui jouxte le ministère de la Santé. Il s'inspire des "Grenelles" qui ont déjà eu lieu sur différents sujets ces dernières années.
Alors que le "Ségur de la santé" s'ouvre lundi 25 mai, n’allez pas chercher une définition dans le dictionnaire pour le mot "ségur". Il vient simplement de l’adresse du ministère de la Santé qui se trouve en partie sur l’avenue de Ségur à Paris. Ce n’est pas la première fois qu’une rue donne son nom à une grande consultation.
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On connaît tous le terme : Grenelle. Ce mot est apparu dans la foulée de Mai-68 alors que d’importantes négociations avaient lieu au ministère des Affaires sociales qui se trouvait rue de Grenelle. Ces accords ont marqué l’opinion à l’époque notamment parce qu’il avait été décidé une forte augmentation des salaires. Le mot grenelle est ensuite entré dans le langage politique.
Si les hommes politiques aiment appeler ces concertations "Grenelle" ou "Ségur", c'est parce que ces termes donnent le sentiment d’une dimension historique. Ce genre de concertation dépasse souvent le cadre strictement politique. Des membres d’associations ou de la société civile, comme le personnel médical aujourd’hui, participent aussi à ces tables rondes où de nombreux aspects d’un sujet sont abordés. Par exemple, le "Ségur de la santé" va balayer entre autres les salaires, les soins mais aussi la dette ou la gouvernance des hôpitaux
De nombreux Grenelles depuis 50 ans
Souvenez-vous il y a eu le Grenelle de l’environnement en 2007, celui contre les violences conjugales plus récemment mais il y en a eu beaucoup d’autres. Plus de 150 Grenelles se sont tenus depuis Mai-68, d'après Denis Barbet, maître de conférences en science politique à l’IEP de Lyon et auteur de Grenelle, Histoire politique d’un mot.
Et c’est pour éviter de donner le sentiment de déjà-vu que le gouvernement a préféré le terme "Ségur", estime le professeur de communication politique à Sciences po, Philippe Moreau Chevrolet. "C’est devenu un truc de communication politique. Quand on ne sait pas quoi faire pour donner de l’importance à un événement, on l’appelle le Grenelle de quelque chose. Comme ça a été beaucoup fait, il faut inventer autre chose. C’est aussi probablement, comme toujours en communication politique, refaire la même chose mais différemment", explique à franceinfo le spécialiste de la communication politique.
Avec ce "Ségur de la santé", le risque est aussi de décevoir les participants si les résultats, notamment les moyens débloqués, ne sont pas à la hauteur. Comme on a pu le voir pour d’anciens Grenelles.
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