Coronavirus : comment sont contrôlées les mesures sanitaires dans les parcs de loisirs ?
Le rassemblement de 12 000 personnes lors d'un spectacle au Puy du Fou, en Vendée, il y a quelques jours, en pleine crise du Covid-19, a créé la polémique et a soulevé la question du contrôle des mesures sanitaires dans de tels établissements.
Douze mille spectateurs, répartis en trois groupes de 4 000 personnes pressées les unes contre les autres dans des tribunes, avec le masque comme seule barrière. Impensable, a priori, en pleine recrudescence de cas de Covid-19. Pourtant, cette scène s'est bien déroulée vendredi 24 juillet, lors du spectacle son et lumière Cinéscénie au Puy du Fou. "Aucun événement réunissant plus de 5 000 personnes ne peut se dérouler sur le territoire de la République jusqu'au 31 août", stipule pourtant le décret du 10 juillet sur les mesures générales pour faire face à l'épidémie du coronavirus.
En partageant ses gradins en trois parties séparées par des murs en plexiglas, le parc de loisirs vendéen a essayé de trouver une parade au décret. Mais face aux nombreuses critiques, il a fait marche arrière dès dimanche, annonçant qu'il limiterait désormais ses futures représentations à 5 000 spectateurs.
Ce dispositif semble susciter des inquiétudes qui pourraient nuire à la sérénité de nos futurs spectateurs. En conséquence, la Cinéscénie n'accueillera pas plus de 5 000 spectateurs dès sa prochaine représentation. (2/2)
— Puy du Fou (@PuyduFou) July 25, 2020
Cette polémique a posé la question du contrôle des mesures sanitaires dans les grands rassemblements, notamment les parcs de loisirs et d'attractions comme le Puy du Fou. Franceinfo fait le point.
Quelles sont les mesures sanitaires mises en place dans les espaces de loisirs et d'attractions ?
Le Puy du Fou, ainsi que Disneyland, le Parc Astérix ou le Futuroscope, sont des ERP (Etablissements recevant du public), au même titre que les restaurants, les hôtels ou les magasins. Outre la jauge maximale de 5 000 personnes lors d'un événement, le décret du 10 juillet 2020 rappelle que ces établissements doivent faire respecter les mesures de distanciation sociale d'au moins un mètre entre deux personnes. Depuis le 20 juillet, le port du masque est obligatoire dans tous les lieux publics clos.
Par ailleurs, le Syndicat national des espaces de loisirs, d'attractions et culturels (Snelac) a publié le 15 juin un guide de bonnes pratiques (PDF) de sécurité sanitaire. Validé par le ministère du Travail et les syndicats de la branche, il liste un certain nombre de mesures afin de préparer la reprise d'activité des espaces de loisirs en pleine épidémie de Covid-19, tout en protégeant les visiteurs et les collaborateurs.
Tous les parcs ont pris des mesures semblables : nettoyage régulier des surfaces, marquage au sol dans les files d'attente pour faire respecter la distanciation sociale, port du masque recommandé à l'extérieur mais obligatoire dans les attractions, mise en place de distributeurs de gel hydroalcoolique...
"Ces mesures sont adaptées au fur et à mesure de la situation sanitaire du pays et des annonces du gouvernement", affirme à franceinfo Rodolphe Bouin, directeur général du Futuroscope. Lorsque le parc poitevin a rouvert ses portes le 13 juin, l'accent était mis sur la distanciation entre les visiteurs, mais le masque n'était pas obligatoire dans toutes les attractions, ce qui est désormais le cas, suite au décret du gouvernement.
Pour Rodolphe Bouin, "l'objectif principal, c'est de trouver le bon équilibre entre la santé, du salarié comme du visiteur, et l'expérience de visite."
Comment calculer la jauge maximale de visiteurs ?
Certains parcs, comme Disneyland Paris, ont décidé de réduire leur capacité d'accueil pour respecter au mieux la distanciation sociale. Pour ce faire, ils ont dû procéder à un calcul prenant en compte la surface occupée par le public (attractions, allées du site, etc.), une jauge d'un mètre de distance entre chaque groupe et un coefficient de dynamique qui inclut la circulation des visiteurs. Ainsi, chaque jauge diffère d'un espace de loisirs à un autre.
"On se rend rarement seul dans un parc de loisirs, explique Sophie Huberson, déléguée générale du Snelac, donc on parle ici de distanciation par 'groupe préconfiné'. La taille et le profil de ces groupes sont calculés en fonction des chiffres de fréquentation annuelle de ces espaces." Le Futuroscope a fait le choix de ne pas imposer de quota d'entrée dans son parc de 30 hectares, estimant que "la grande superficie permet de respecter la distanciation physique pour tous les visiteurs et nos équipes".
Malgré cela, la fréquentation est toujours inférieure aux chiffres de l'année dernière. "Sur tout le mois de juillet, nous sommes entre 5 et 6 000 visiteurs par jour", commente Rodolphe Bouin, "soit une baisse d'environ 25% par rapport à la même période l'année dernière."
Pour l'ensemble des espaces de loisirs et d'attractions qui ont rouvert, Sophie Huberson note, pour le mois de juin, une baisse de 60% de fréquentation par rapport à 2019. Rodolphe Bouin relativise : "Le fait d'avoir une fréquentation moindre nous va, finalement, plutôt bien, puisque la bonne tenue du protocole sanitaire nous fait perdre la cadence habituelle."
Qui contrôle ces mesures sanitaires ?
Bien avant l'ouverture, les mesures sanitaires ont été décidées conjointement entre les parcs et les préfets de région. "Les ERP relèvent de l'autorité préfectorale, rappelle Sophie Huberson. Entouré d'une équipe technique, le préfet a les moyens de procéder à des contrôles afin de vérifier si les mesures sanitaires sont respectées."
"Nous nous sommes nourris des travaux réalisés par le Snelac, des protocoles d'autres professions et de pays voisins pour présenter un dossier à la préfète de la Vienne", décrit Rodolphe Bouin. "Nous avons un mode opératoire souple, où nous lui faisons beaucoup de retours d'expériences pour valider et invalider les mesures."
D'autres organismes peuvent aussi contrôler les parcs. Après en avoir fait la demande, le Futuroscope a obtenu la certification de l'Afnor (Association française de normalisation) en juin, garantissant le bon respect des mesures contre le Covid-19. De son côté, la Snelac a mis en place un label pour les parcs adhérents qui le souhaitent, là aussi pour certifier la mise en place des dispositions sanitaires.
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