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Coronavirus : ce que l'on sait de la précommande de vaccins signée entre le laboratoire AstraZeneca et quatre pays de l'UE, dont la France

Quatre pays européens ont signé samedi 13 juin un accord de principe avec ce groupe pharmaceutique afin de garantir la fourniture à l'ensemble de l'UE de plusieurs centaines de millions de doses, en cas de découverte d'un vaccin.

Article rédigé par franceinfo
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Si les essais sont concluants, le vaccin pourrait être livré avant la fin 2020 (photo d'illustration). (MATHIEU PATTIER / SIPA)

Un accord porteur d'espoir pour les habitants du Vieux Continent. Alors que la pandémie de coronavirus se poursuit et s'accélère en Amérique latine, quatre Etats de l'Union européenne ont signé un accord de principe avec le laboratoire AstraZeneca, samedi 13 juin. Si le vaccin expérimenté par ce groupe britannique aboutit, les pays membres de l'UE seront assurés de bénéficier d'un accès privilégié aux doses. "Cet accord permet de fournir jusqu'à 400 millions de doses de ce vaccin avec un début de livraison (…) qui serait potentiellement pour la fin de l'année sur une partie des doses", a précisé sur franceinfo Olivier Nataf, président d'AstraZeneca France.

Qui bénéficiera du vaccin ?

L'accord été signé par l'Allemagne, la France, l'Italie et les Pays-Bas. Cette "Alliance inclusive pour un vaccin" s'est formée "dans le cadre des discussions avec les laboratoires pharmaceutiques""en vue de garantir l'approvisionnement de la population européenne dans son ensemble", précise le 13 juin un communiqué conjoint des ministères de la Santé et de l'Economie. 

Les quatre pays signataires de l'accord vont payer le montant total de la précommande, qui n'a pas été rendu public, mais les doses ainsi achetées ne leur seront pas réservées : "Les accords passés par les pays de l'Alliance sont destinés à servir tous les pays membres de l'Union européenne et d'autres pays partenaires qui souhaiteront rejoindre l'initiative", précise le communiqué français. Les doses "doivent être distribuées à tous les Etats membres qui veulent participer, en fonction de la taille de leur population", explique de son côté le ministère allemand de la Santé. 

Pourquoi avoir choisi AstraZeneca ?

La société AstraZeneca est un groupe pharmaceutique international, né en 1999 de la fusion du suédois Astra et du britannique Zeneca. L'industriel a été choisi par l'Alliance car il développe actuellement un vaccin prometteur contre le Sars-CoV-2. Les recherches sont réalisées en collaboration avec l'université britannique d'Oxford, et les premiers résultats obtenus sont encourageants.

AstraZeneca s'est par ailleurs engagé à "ne pas faire de profits sur ce vaccin" et à "le fournir à prix coûtant", a assuré auprès de franceinfo son président. S'il aboutissait, le vaccin serait accessible pour "environ 2 euros par dose", a précisé Olivier Nataf. L'entreprise s'est aussi engagée à "mettre en place une chaîne d'approvisionnement localisée en Europe", assure le gouvernement français. "Notre chaîne de production européenne devrait commencer la production rapidement", a confirmé le PDG d'AstraZeneca, Pascal Soriot, dans un communiqué. 

Le laboratoire a déjà conclu d'autres accords de fabrication, notamment avec deux fonds soutenus par Bill Gates, ainsi qu'avec le gouvernement américain pour un montant de 1,2 milliard de dollars. D'autres pays comme la Chine, le Brésil et la Russie se sont dits intéressés par les avancées de ses recherches. 

Où en est la recherche sur ce vaccin ? 

Le projet s'appelle AZD1222. Il est actuellement testé sur plusieurs milliers de patients au Royaume-Uni, au Brésil et aux Etats-Unis, des pays où le virus circule encore beaucoup. Il s'agit d'un vaccin "sur la base d'un vecteur viral, explique Olivier Nataf. Vous prenez un virus qui est inactivé, on change son code génétique pour insérer le code génétique qui va permettre de produire la protéine du coronavirus. En produisant cette protéine, le patient va pouvoir développer une réponse immunitaire contre la protéine caractéristique du coronavirus."

La protéine en question s'appelle "Spike". C'est "la clé qui permet au Sars-CoV-2 de pénétrer dans nos cellules", précise l'Inserm, qui pilote un projet pour mieux comprendre cette protéine. Les résultats de la première phase d'essais de l'AZD1222 devraient être publiés rapidement. "Les études que nous menons en ce moment nous permettront d'avoir des résultats à l'automne", assure Olivier Nataf. S'ils sont concluants, le vaccin pourrait commencer à être distribué avant la fin de l'année 2020. "AstraZeneca reconnaît que le vaccin pourrait ne pas fonctionner, mais s'engage à faire progresser le programme clinique avec rapidité", précise l'entreprise dans un communiqué (en anglais)

Qu'est-ce que cet accord change pour la France ?

L'accord permet de "sécuriser un accès" à un "candidat-vaccin qui doit encore faire ses preuves d'efficacité", résume Olivier Nataf. En signant cet accord, la France et les trois autres pays européens permettent au laboratoire de financer une production massive de doses du candidat-vaccin.

La capacité totale de fabrication s’élève actuellement à deux milliards de doses, précise AstraZeneca. En investissant dès à présent, la France s'assure, avec ses partenaires, un accès privilégié à près de 400 millions de doses, si le vaccin venait à être commercialisé. "Si l'efficacité n'est pas prouvée, il pourrait y avoir différentes issues : ou on peut continuer, avoir un délai et avoir d'autres résultats, ou on passe à autre chose", indique Olivier Nataf, assurant qu'il s'agit dans tous les cas d'une "première assurance pour les citoyens de l'Europe".

L'accord est toutefois critiqué par la Belgique, qui déplore qu'il ne s'inscrive "pas dans la ligne européenne", rapporte le quotidien belge L'EchoL'initiative de l'Allemagne, de l'Italie, de la France et des Pays-Bas heurte "l'effort commun des 27" estime le journal. La veille, vendredi 12 juin, les gouvernements européens ont donné un mandat politique à la Commission européenne pour négocier en leurs noms les précommandes de vaccins potentiels contre le coronavirus. D'autres contrats similaires pourraient donc être signés avec d'autres groupes pharmaceutiques. "Il nous faudra poursuivre ces négociations avec nos partenaires pour réduire le risque de dépendance à un seul projet", ajoute le ministre de la Santé, Olivier Véran, dans le communiqué du 13 juin. 

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