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Coronavirus : "Au rythme actuel, les services de réanimation de toute la France risquent d'être saturés dans moins de 15 jours", prévient un syndicat d'internes

Léonard Corti, secrétaire général de l’Intersyndicale nationale des internes, réagit sur franceinfo à l'hospitalisation actuelle de 900 personnes en réanimation à cause du coronavirus.

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un brancardier, un médecin et une externe, procèdent le 20 novembre 2001 au transfert en ambulance d'un malade maintenu en réanimation vers le service de radiologie de l'hôpital général de Dijon. (ERIC FEFERBERG / AFP)

"Au rythme actuel, les services de réanimation de toute la France risquent d’être saturés dans moins de quinze jours", a affirmé sur franceinfo jeudi 19 mars Léonard Corti, secrétaire général de l’Intersyndicale nationale des internes (Isni), alors que 900 personnes étaient hospitalisées en réanimation à cause du coronavirus, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé mercredi.

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Près de 300 d’entre eux sont arrivés dans ces services dans les dernières 24 heures, avec un âge médian autour de 60 ans. "L’évolution des chiffres est particulièrement inquiétante", a souligné cet interne mobilisé actuellement aux urgences de l’hôpital parisien de la Pitié-Salpêtrière.

franceinfo : Travaillez-vous dans de bonnes conditions ?

Léonard Corti : Les conditions sont de plus en plus difficiles. Les pénuries vont, à mon avis, s'accélérer. Le message que l'on reçoit actuellement c’est : apprenez à gérer la pénurie, le fait qu'on aura peu de masques, qu'il y aura peu de places en réanimation. On va devoir faire des  choix entre les patients à très court terme. L'évolution des chiffres est particulièrement inquiétante. Aujourd'hui, on est à plus de 900 personnes qui sont en réanimation à cause du Covid-19, pour 5 000 places dans tout le pays, sachant qu'il y en a eu un peu moins de 300 supplémentaires en moins de 24 heures. Ça signifie qu'au rythme actuel, les services de réanimation de toute la France risquent d'être saturés dans moins de quinze jours.

Cela signifie-t-il que le plus gros de l’épidémie est encore devant nous ?  

Bien sûr, on est vraiment au début. C'est pour cela que les manques que les internes de médecine et tout le personnel faisaient remonter depuis des mois risquent de se faire d'autant plus sentir. Il faut bien comprendre que la crise de l'hôpital public n'a pas disparu avec l'arrivée du coronavirus.

Vous allez peut-être être amenés à prendre des décisions éthiquement difficiles, au cours de cette épidémie. Etes-vous soutenus aussi par rapport à ça ?

On essaie de mettre en place des lignes de soutien psychologique à l'échelle de la région Ile-de-France, à destination des soignants principalement. On sait que la situation est très compliquée. On a des retours, notamment dans le Grand-Est, où des médecins très chevronnés se sont retrouvés à faire des choix difficiles, humainement et éthiquement. Pour un soignant, c'est particulièrement difficile, même si on est habitués à des situations difficiles. Je pense qu’on va être face à une situation extrêmement préoccupante qui va mettre en tension psychiquement et physiquement tous les soignants en France.  

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