Coronavirus 2019-nCoV : l'institut Pasteur espère un vaccin expérimental "à la fin de l'été prochain"
Le vaccin devra ensuite passer des "études cliniques" explique sur franceinfo le directeur du laboratoire d'innovation vaccinale à l'Institut Pasteur.
Il faudra attendre "la fin de l'été prochain" pour obtenir un vaccin qui serait "disponible pour des études cliniques" contre le coronavirus 2019-nCoV, a affirmé sur franceinfo mardi 11 février Frédéric Tangy, professeur et directeur du laboratoire d'innovation vaccinale à l'Institut Pasteur. Il dirige actuellement l'équipe qui est en train de mettre au point un vaccin qui permettra de stopper l'épidémie alors que le bilan dépasse désormais les 1000 morts en Chine.
franceinfo : Où on en est aujourd'hui des recherches pour un vaccin ?
Frédéric Tangy : On en est au début, c'est-à-dire qu'on est en train de concevoir le candidat vaccin. À l'Institut Pasteur, nous utilisons une plateforme vaccinale qui est basée sur le vaccin contre la rougeole. Il faut d'abord construire le candidat vaccin contre le virus coronavirus et ensuite, on va le tester dans des modèles animaux. Et s'il est efficace, il va ensuite passer en fabrication industrielle.
Combien de temps faudra-t-il ?
Ce qu'on a calculé, c'est pour avoir un produit qui serait disponible pour des études cliniques, c'est à la fin de l'été prochain.
Est-ce que le vaccin sera encore utile à ce moment-là ?
L'épidémie, déjà, semble peut-être ralentir depuis un jour, ce qui serait bien évidemment une très bonne nouvelle, grâce aux mesures de confinement importantes qui ont été prises par les autorités chinoises. Si jamais l'épidémie se poursuit, évidemment, le vaccin sera utile, si l'épidémie s'arrête, le vaccin ne sera plus utile, comme cela a été le cas lors de l'épidémie du SRAS. Pour autant, on ne peut pas ne rien faire, donc il faut qu'on lance ce qu'il faut, qu'on fasse le travail et on verra bien.
Les Chinois expliquent depuis deux jours que le nombre de nouveaux cas se stabilise. On est peut-être dans le pic de l'épidémie ?
Oui, absolument. C'est ce que les chiffres semblent semble dire depuis un jour et demi. Il faut voir. Il faut bien entendu que ça se stabilise pendant plusieurs jours pour être certain qu'il s'agit bien d'une stabilisation. Bien évidemment, s'il y a une stabilisation, un arrêt, que l'épidémie redescend, le virus disparaît et les études que nous avons lancées ne vont pas être menées jusqu'au bout. Par contre, on continue de travailler sur la mise au point d'un vaccin qui serait entre guillemets universel contre les coronavirus qui permettraient de protéger contre plusieurs coronavirus parce on en est au troisième qui émerge dans l'espèce humaine.
Est-ce qu'on avance pour un traitement aussi ?
Je sais qu'il y a des études qui sont en cours. Pas en France uniquement, mais dans d'autres pays également pour tester des antiviraux habituels avec lesquels on a l'habitude de travailler. Ceci dit, un antiviral sur un virus qui émerge comme ça, c'est aussi très difficile parce qu'il faut pouvoir traiter au moment des symptômes. Il faut que le patient soit encore infectieux au moment des symptômes. C'est un peu plus compliqué. Le plus simple, c'est quand même effectivement de la prévention par un vaccin.
Est-ce qu'on le monde unit ses efforts malgré les enjeux économiques qui sont également derrière ces recherches ?
Oui, des forces en commun sont mises. Nous, par exemple, nos programmes, on le développe en collaboration avec un groupe américain mais aussi un industriel autrichien, c'est un travail collaboratif. C'est toujours compliqué dans ces cas-là, bien sûr, parce qu'il y a une compétition naturelle entre chercheurs, puis entre industriels. Mais bien évidemment, on s'efforce de réunir les forces et les talents et des technologies.
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