Confinement : les Français plébiscitent le jeu vidéo, qui permet de "parler avec plein de gens"
Selon une étude du syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs, un tiers des joueurs français joue plus qu'avant le premier confinement. Le secteur séduit notamment les jeunes mais aussi plus en plus de parents.
"Ok, on reste au virage. S'il y a une Pharah, on est mort..." On pourrait penser que Félix, 15 ans, parle tout seul dans sa chambre, mais pas du tout. Face à son écran d'ordinateur, il est en pleine partie du jeu Overwatch, avec toute sa bande d'amis, comme lors du premier confinement. "C'était en fait la cerise sur le gâteau de la journée, raconte-t-il. Ça fait plaisir de voir que les gens autour n'ont pas disparu. Tu peux parler avec plein de gens, c'est vraiment comme si tu étais assis autour d'une table avec un jeu de cartes."
Les jeux vidéo cartonnent depuis le début de la crise sanitaire du Covid-19. Et cela ne devrait pas s'arrêter, avec la sortie jeudi 19 novembre de la PlayStation 5 du japonais Sony, concurrente directe de la Xbox Série X de l’américain Microsoft. Selon une étude publiée par le Sell, le syndicat des éditeurs de logiciels de loisirs, un tiers des joueurs français joue plus qu'avant le premier confinement. Ils sont même un sur deux à estimer que cela permet de "créer du lien social".
"Garder un lien" entre frères
Ses amis, Félix ne les a donc jamais vraiment quittés. Son petit frère Roman a suivi ses traces en commençant le jeu en ligne au mois de mars : "Avec mes potes à l'école jamais on se disait une date ou une heure et puis surtout on n'avait pas le temps. Alors que pendant le confinement, chaque jour, c'était 17 heures et on lançait tous les jeux et on se voyait."
Et puis avant 17 heures, les deux frères ont aussi pris l'habitude de jouer ensemble. "Ça permet de garder encore un lien parce que sinon, on se tape dessus", rigole Felix. Dans ces jeux, ils ont aussi trouvé une échappatoire. Notamment dans Animal Crossing, cette simulation d'un univers imaginaire. "Il faut créer comme une nouvelle vie en dehors de chez toi, de toute façon ça n'impactera pas ta vie réelle", explique Roman. "On y a joué ensemble. On était tous les deux dans le délire. On a vraiment kiffé pendant cette période", poursuit son frère.
"Un moment de partage et de famille"
"Les joueurs nous ont dit : 'Heureusement que le jeu vidéo était là pour garder le contact avec ma famille et mes amis'", explique Nicolas Vignolles. Il est le délégué général du Sell, et cette étude qu'il a menée sur les joueurs montre aussi que des parents s'y sont mis, voire remis, avec le confinement : "On peut considérer que ces quadras qui étaient en télétravail bien souvent dans cette période, qui ont eu une première expérience de jeux vidéo quand ils étaient plus jeunes et qui, ayant des enfants, se replongent dans cet univers, retrouvent aussi la volonté d'en faire un moment de partage et de famille."
Et figurez-vous que cela a du bon pour les familles : "Un certain nombre de familles se sont rendu compte que ça permettait d'apaiser des conflits, explique Vanessa Lalo, psychologue spécialiste des jeux vidéo. Quand on était les uns sur les autres, l'intrusion arrivait assez vite. Du coup, remettre du jeu collectif permettait aussi de rebattre les cartes, de recréer des complicités ou de discuter. Pour pouvoir s'intéresser à ses enfants et les faire parler sans qu'ils s'en rendent compte. En fait, on se rend compte qu'on aborde beaucoup de sujets." Selon elle, les jeux vidéo ont presque pris le relais des jeux de société dans certaines familles.
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