"On ne fait que du lien social" : les clubs de quartiers plaident pour le retour des activités sportives pour les enfants
Les acteurs de sport amateur poussent pour que leur rôle social soit reconnu et souhaitent que les activités reprennent, notamment pour les jeunes.
Dans ce quartier de la périphérie nord de Marseille, la salle de sport est désespérément vidée de ses tatamis, mais le directeur du club de judo, Éric Torrente, n’en démord pas, le rôle du sport amateur est pour lui prépondérant pour la santé de la population et pour le lien social qu’il génère : "Surtout dans les quartiers où nous vivons, où c’est très compliqué, et où le sport est la seule activité des enfants. Il faut en tenir compte de ça. On ne fait que du lien social", insiste-t-il.
Le deuxième confinement fait souffrir les associations sportives de quartiers, à tel point que de nombreux élus, sportifs de renom ou inconnus, dirigeants de clubs ou bénévoles réclament le retour de la pratique sportive le plus rapidement possible.
"Ce deuxième confinement a été très très compliqué, on a énormément de parents qui nous appellent, nous demandant de reprendre, il y a une très grosse pression."
Éric Torrente, directeur de club de judoà franceinfo
Dans ce club situé à la limite entre un quartier plutôt résidentiel et les quartiers nord, Jean-Michel, professeur de judo, ne comprendrait pas que les autorités minimisent le rôle des clubs de sport dans la société civile : "Surtout lorsque qu’on est avec des familles dans lesquelles il peut y avoir des soucis, des problèmes de violence ou d’addictions. Moi qui travaille aussi dans les écoles, je m’aperçois que les performances physiques des enfants ont continué à baisser, pour moi cela fait autant partie des priorités que de maintenir l’école ouverte."
Lou, 12 ans, judoka depuis l’âge de 4 ans, se sent d'ailleurs moins bien depuis ce nouveau coup d’arrêt. Elle regrette sa pratique régulière : "Je sais bien qu'il y a quand même un risque, mais à l’école on fait de la danse ou de la boxe et on enlève le masque", fait-elle remarquer.
"À la maison, on est hyper nerveux, le week-end on est plus mou, plus lent, on a envie de ne rien faire."
Lou, 12 ansà franceinfo
Pour Laetitia, la maman de Lou, qui est scolarisée dans le privé, le club de judo permet à sa fille de rencontrer des enfants qu’elle ne pourrait pas croiser à l’école. "Cela lui apporte d’autres connaissances, des enfants qu’elle n’aurait jamais rencontrés en dehors du club de judo, car c’est une mixité sociale, défend-elle. Tous les enfants des environs viennent dans ce club."
Maintenir le club à flot est une priorité pour Megane, bénévole de 21 ans, chargée de développer le club sur les réseaux sociaux, mais le contexte devient presque impossible. "On essaie de se développer, pour revenir plus fort et, on va dire, ne pas se laisser embrigader dans cette lenteur. Tous les partenariats sont plus compliqués, les entreprises privées sont plus réticentes, même avec les institutions publiques, il y a une crainte, c'est effectivement plus compliqué." Fort de 400 licenciés en temps normal, le Massilia Judo a perdu 30% de ses pratiquants et du budget qui va avec (200 000 euros). Le club craint de devoir emprunter.
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