"On est réveillé et on travaille" : la classe inversée, une méthode pédagogique avantageuse en période de crise sanitaire
Lors d'un cours en "classe inversée" ce sont les élèves qui font eux-mêmes la leçon. Cette méthode pédagogique a montré tout son intérêt pendant le confinement.
Et si l'école sortait finalement grandie de la crise du coronavirus ? Malgré les nombreuses difficultés, la période du confinement a permis de mettre en valeur certaines méthodes pédagogiques innovantes. C'est le cas notamment de la "classe inversée". Selon le ministre de l'Éducation Jean-Michel Blanquer, les professeurs qui la pratiquent se sont très bien adaptés à l'enseignement à distance.
Au lycée de Goussainville dans le Val d’Oise, le cours d’histoire-géo débute mais il n’y aura pas de cours magistral. Les élèves de première sont répartis en groupes de cinq. La professeure Juliette Benelli distribue des documents sur Napoléon et c'est aux jeunes, sur cette base, de construire leur leçon sur l’Empire.
"Il y a des trucs dont on n’a pas besoin", lance une élève. "L’idée est vraiment de les laisser en autonomie, explique Juliette Benelli, de les laisser construire une leçon afin qu’après quand ils en lisent une, ils comprennent comment ça fonctionne et comment on cherche les informations." Il s’agit de la version la plus poussée de la classe inversée. Le cours final n'existera que grâce au travail des élèves revu et corrigé par l’enseignante.
Du coup, on aura tout fait nous-même et ce sera plus facile pour nous d’apprendre nos leçons.
Une élève de première
Plus généralement, cette pédagogie consiste à laisser les élèves apprendre à la maison les notions théoriques pour se concentrer en classe sur la mise en pratique. "C’est sûr que là on est vraiment actif", indique un élève. On est réveillé et on travaille." "C’est moins soporifique, on est obligé de se concentrer", affirme un autre un autre.
Des élèves plus autonomes
"Dans un cours classique c’est la prof qui parle, explique une élève, ici on se partage les tâches, ça me motive." Des élèves plutôt conquis, ça ne surprend pas Juliette Benelli. Elle s'est convertie à la classe inversée il y a sept ans. "Ils sont bien meilleurs en autonomie, c’est-à-dire qu’ils ont beaucoup moins peur de se jeter dans les documents, affirme la professeure. Ils ont beaucoup plus d’esprit critique et s’expriment beaucoup plus facilement. Ils sont capables de rentrer dans le débat avec leurs camarades."
Quand ils arrivent dans le supérieur, ils ont au moins cet atout-là, par rapport à un certain nombre d’élèves qui sont restés assis sur une chaise pendant trois ans.
Juliette Benelli, professeure d'histoire-géo
La méthode a particulièrement montré son intérêt pendant la crise sanitaire. "Durant le confinement, les élèves étaient plus présents par rapport à beaucoup d’autres collègues, j’ai eu beaucoup moins de pertes en cours de route, indique Juliette Benelli. La seule chose qui a réellement changé entre le présentiel avant le confinement et le distanciel pendant, c’était qu’on ne se voyait pas dans une salle de classe." Envoyer son devoir par mail ou récupérer son devoir sur Internet, "ces gestes là, les élèves les avaient déjà depuis septembre", indique la professeure. De quoi basculer aussi plus facilement et plus rapidement vers les cours à distance cet automne lors de cas de Covid-19 et d’une éventuelle fermeture de classe.
Ces pédagogies innovantes, au coeur de l'évènement "Et si on changeait l'école ?" organisé par franceinfo et WeDemain le jeudi 24 septembre, à partir de 19 heures à la Maison de la radio ou en ligne sur maisondelaradio.fr.
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