Lycées : protocole sanitaire contre le Covid-19 renforcé, évaluations communes annulées, cours à distance... Quelles sont les nouvelles consignes ?
Le protocole sanitaire appliqué dans les lycées va être renforcé jusqu'aux vacances de Noël, a annoncé jeudi soir le ministre de l'Education.
Un nouveau protocole sanitaire pour les lycées et une modification de la formule 2021 du baccalauréat. Pour répondre aux impératifs sanitaires de la deuxième vague de Covid-19, le ministère de l'Education est forcé de revoir sa copie. Le hashtag #Blanquerdemission est apparu en haut des tendances des réseaux sociaux ces derniers jours et la grogne a gagné du terrain, du côté des élèves comme de celui des enseignants, depuis la rentrée des vacances de la Toussaint, lundi 2 novembre. De nombreuses photos de couloirs et cantines bondés ont circulé sur les réseaux sociaux, dénonçant l'impossible respect du protocole sanitaire imposé.
Cantine d'un lycée dans le 91, ce midi. #BalanceTonProtocole pic.twitter.com/iex892b4GA
— SNES-FSU (@SNESFSU) November 3, 2020
Les mesures sanitaires "sont à l'évidence plus difficiles à appliquer au lycée, où les déplacements des élèves sont plus nombreux et plus fréquents, et l'organisation de la restauration scolaire plus complexe", a reconnu Jean-Michel Blanquer dans un courrier transmis aux chefs d'établissements jeudi 5 novembre, après avoir consulté les organisations syndicales.
Le ministre a donc annoncé le renforcement du protocole sanitaire en vigueur et l'annulation des épreuves d'évaluation communes du baccalauréat 2021 pour prévenir une explosion des cas de contamination dans les lycées, sans pour autant réussir à calmer la grogne des syndicats de professeurs, qui ont appelé à maintenir l'appel à la grève pour le mardi 10 novembre.
Chaque établissement doit établir son plan de continuité pédagogique
Afin de limiter les risques de contagion, "il convient désormais que chaque lycée établisse un plan de continuité pédagogique, mis en œuvre jusqu'aux prochains congés scolaires, qui garantisse au moins 50% d'enseignement en présentiel pour chaque élève", a annoncé Jean-Michel Blanquer. Contrairement aux précédents protocoles, cette nouvelle formule de continuité pédagogique sera décidée localement, en raison des spécificités propres aux différents établissements scolaires et régions. "Chaque établissement établit son protocole car chaque établissement est un cas particulier", justifie Jean-Michel Blanquer, interrogé par RTL.
Une décision saluée par Philippe Vincent, du SNPDEN, le premier syndicat des directeurs d'établissements. Les enjeux diffèrent selon les territoires et les lycées : certains établissements ont une forte densité d'élèves pour de petites salles de classes, d'autres non. Il apparaît par exemple difficile d'imposer des alternances par jour ou par demi-journée pour les lycées ruraux, en raison des transports scolaires, ou encore de suivre la moitié des cours à distance dans des lycées techniques. Pour toutes ces raisons, le ministre s'est refusé à imposer une manière de faire ou encore une jauge à respecter dans les classes.
"Il commence à esquisser un fonctionnement en demi-groupes, mais les conditions ne sont pas très claires", a réagi Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du SNES-FSU, sur franceinfo. A ce stade, le ministère ne donne pas de date d'application des mesures mais indique qu'une "instruction ministérielle sera très prochainement adressée aux chefs d'établissements pour préciser ce cadrage national". Il s'est par ailleurs dit opposé à étendre ces mesures aux collèges.
Plusieurs options pour l'accueil des élèves
L'alternance va devenir la règle, mais ses contours vont différer localement. Il faut que les élèves suivent au moins 50% de leurs cours en présentiel, a assuré le ministre. Selon leurs spécificités, les établissements pourront mettre en place un accueil en demi-groupes, par niveaux ou encore un travail à distance quelques jours par semaine ou une semaine sur deux. Selon Philippe Vincent, interrogé par l'AFP, "de nombreux recteurs et chefs d'établissements vont faire en sorte de mettre en place une alternance de cours de courte durée, en divisant la semaine en deux. Car plus on voit les élèves souvent, moins il y a de risque de décrochage", a-t-il assuré.
Jean-Michel Blanquer a demandé aux établissements et enseignants qu'une "attention particulière soit apportée aux lycées professionnels, pour lesquels la mise en œuvre de l'enseignement à distance est rendue plus complexe". Les équipes pédagogiques vont devoir réaliser des arbitrages et déterminer comment assurer, par exemple, des cours à la fois en présentiel et à distance pour une même classe.
Trois épreuves communes du bac 2021 annulées
Autre annonce du ministre : trois épreuves communes (anciennement appelées E3C) de première et de terminale de l'année 2020-2021 sont d'ores et déjà annulées et remplacées par les moyennes des bulletins scolaires. Sont concernées les épreuves d'"histoire-géographie, les langues vivantes, la spécialité qui n'est pas poursuivie en terminale ainsi que les mathématiques pour la voie technologique et l'enseignement scientifique pour la voie générale", précise le ministère.
Les épreuves des enseignements de spécialité sont maintenues en mars, mais leurs modalités changent : "Pour garantir que les élèves seront interrogés sur des éléments effectivement étudiés dans le cadre des programmes, toutes les disciplines concernées proposeront deux sujets ou des exercices au choix afin de couvrir l’ensemble des thématiques étudiées", détaille le ministère.
#RTLMatin Le ministre de l'Éducation nationale @jmblanquer détaille les modalités du #bac2021. Les épreuves de mars et juin sont maintenues et représenteront 60 % de la note finale. Les 40 % de contrôle continu reposeront sur les notes du bulletin, et non les E3C. pic.twitter.com/zg86JbFz1a
— RTL France (@RTLFrance) November 6, 2020
Selon le SNES-FSU, cette nouvelle formule du baccalauréat reste insatisfaisante : "on ne sait pas si on va pouvoir faire tous les cours dans les établissements. Donc des épreuves qui arrivent dans trois mois, ça reste des épreuves qui arrivent très vite, trop vite. Il aurait fallu les reporter au mois de juin", estime Sophie Vénétitay, secrétaire générale adjointe du syndicat.
Réflexions sur le dépistage dans les établissements
Jean-Michel Blanquer a indiqué vendredi matin que le ministère travaillait "avec les autorités de santé pour que le domaine de l'Education nationale soit plus testé". Pour répondre aux craintes de voir les établissements scolaires se transformer en clusters, le ministre a annoncé que des tests pourraient être déployés "dans les établissements" si les autorités sanitaires le jugeaient opportun. Plusieurs régions ont commandé des tests antigéniques à destination des lycées. Vendredi 6 novembre, 3 528 élèves et 1 165 personnels de l'Education nationale étaient contaminés au Covid-19, a détaillé le ministre à l'antenne de RTL. "Un chiffre maîtrisé", a-t-il assuré.
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