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#JeNeMeConfineraiPas : comment ce hashtag qui entend s'opposer à un troisième confinement a émergé ces dernières semaines

Article rédigé par Camille Adaoust, Brice Le Borgne
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
Des rues de Paris sont vides lors du premier confinement, le 28 mars 2020. (LOLA ROSSI / HANS LUCAS / AFP)

Sur Twitter, on comptabilise plus de 20 500 publications autour de ce mot-dièse depuis le 10 janvier.

Reconfinera ou reconfinera pas ? Après plusieurs jours de réflexion au sommet de l'Etat, et alors que les variants plus contagieux du coronavirus font craindre une nouvelle dégradation de la situation sanitaire, des décisions vont être prises "en fin de semaine", a indiqué sur France Inter le porte-parole du gouvernement, Gabriel Attal, jeudi 28 janvier. 

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Parmi les pistes évoquées depuis plusieurs jours, l'éventail des scénarios va du "maintien du cadre actuel", jugé "peu probable", jusqu'à "un confinement très serré". Face à cette dernière possibilité, certains sont déjà montés au front. Sur Twitter, le hashtag #JeNeMeConfineraiPas a émergé et compte plus de 20 500 publications depuis le 10 janvier.

Le tout premier tweet avec ce hashtag est signé Xavier Legay. Ce dernier relaie un autre tweet, de Didier Maïsto, qui affirme : "Que ça plaise ou non, je ne me confinerai plus. Voilà. Les chiens de garde peuvent bien aboyer, ma caravane passera." Ce à quoi Xavier Legay ajoute : "Il est grand temps de dire non bruyamment et de le faire savoir. #JeNeMeConfineraiPas."

Un hashtag qui émerge grâce à un médecin généraliste

Le premier est auteur du livre La Résignation, qui se décrit comme "une chronique du renoncement par la peur", paru en juillet dernier. Il est également rédacteur en chef du site Baslesmasques, "un petit média alternatif né en novembre, surfant sur la vague du covido-scepticisme et dénonçant les privations de liberté liées à la pandémie", décrit Libération. Le second, Didier Maïsto, est l'ancien président de Sud Radio et l'une des "voix des 'gilets jaunes'", détaille L'Obs (article payant).

Mais c'est seulement à partir du 22 janvier que le hashtag devient viral. Il est utilisé près de 4 000 fois ce jour là, avant d'atteindre son pic (à 6 000 tweets) le lendemain.

Le succès est attribué par certains à Fabien Quedeville, médecin généraliste de l'Essonne. "En aucun cas la situation sanitaire ne pourrait justifier un confinement, défend-t-il alors, accompagné du hashtag. Ces mesures n'ont jamais montré d'intérêt sur l'évolution de l'épidémie. Les conséquences du confinement sont dramatiques à la fois sur les plans psychiques, économiques et sociaux. On peut espérer que les pouvoirs publics et la population prennent conscience des conséquences d'une telle mesure. Il ne s'agit pas ici d'un quelconque appel à la désobéissance, mais d'un appel à la réflexion", explique-t-il le même jour sur le site Baslesmasques, dont il est un contributeur régulier.

Il lance, quelques jours plus tard, une tribune affirmant notamment "qu'il n'y a pas d'accélération de l'épidémie actuellement", alors qu'au même moment, le nombre de patients atteints du Covid-19 en réanimation passait au-dessus de 3 000. Au micro d'Europe 1, Fabien Quedeville fait machine arrière : "Le but n'était pas d'appeler à la désobéissance civile, mais de créer un électrochoc", explique-t-il, ajoutant qu'il "respecter[a] un éventuel nouveau confinement".

Un mouvement marginal, porté par des adeptes des thèses complotistes

D'autres publications rencontrent du succès sur le réseau social. Celle de l'éditorialiste Alexis Poulin, également signataire d'une tribune contre un "nouveau confinement" publiée dans L'Humanité et qui défend, entre autres, que les statistiques sur le Covid-19 "démentent l'idée de menace générale pour souligner en retour qu'elle n'est grave que pour les personnes en fin de vie ou déjà très malades". Celle également d'un utilisateur qui présente la Suède comme un exemple à suivre, même si le pays scandinave a été forcé de changer sa stratégie pour faire face à l'épidémie, ou encore plusieurs publications de Silvano Trotta, adepte de théories du complot"antirestriction" et "star montante des discours covido-sceptiques", décrit Le Monde (article payant). De fait, c'est particulièrement dans la sphère complotiste que ce hashtag a été très relayé.

Il a également été repris par certaines personnalités politiques. "Tout le monde devrait écrire ici #JeNeMeConfineraiPas car le confinement détruit tout... sauf le virus !", a par exemple écrit Florian Philippot, ancien bras droit de Marine Le Pen devenu président du parti Les Patriotes.

Le site Baslesmasques se félicite rapidement de ce succès. "Le retentissement du hashtag #JeNeMeConfineraiPas lancé vendredi 22 janvier par le docteur Fabien Quedeville semble avoir déclenché une vague d'incertitude au sommet de l'Etat", peut-on lire sur le site. 

Pourtant si le jugement à l'égard du confinement s'est dégradé depuis le début de la crise (93% des Français y étaient favorables à l'instauration du premier, 67% lors du deuxième, et un Français sur deux aujourd'hui, selon un sondage Elabe pour BFMTV), les opposants farouches au confinement semblent marginaux en France. Plus de six Français sur dix approuvent la mise en place d'une telle mesure pour lutter contre la progression de l'épidémie, selon le sondage Odoxa-Backbone Consulting pour franceinfo et Le Figaro publié jeudi.

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