Grandes victimes de la première vague en France, les résidents des établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) sont encore frappés de plein fouet par la pandémie de Covid-19. Malgré l’expérience du printemps, beaucoup d’établissements n’ont pas pu empêcher le virus de pénétrer dans leurs locaux, comme le montre l’examen des données de suivi de la pandémie publiées par les autorités sanitaires.>> Covid-19 : suivez l'évolution de l'épidémie dans notre directTaux d’incidence record et nombreux clustersLe taux d’incidence, qui correspond au nombre de nouveaux cas détectés sur sept jours pour 100 000 habitants, est l’un des principaux indicateurs de suivi du Covid-19. Il permet notamment de comparer la dynamique de circulation du virus entre les classes d’âge. Or le taux d’incidence des personnes âgées de 90 ans et plus est de très loin le plus élevé de tous : 438 au 11 décembre, soit presque quatre fois plus que le taux d’incidence relevé dans la population générale. Il reste, par ailleurs, encore très largement au-dessus du seuil d’alerte fixé à 50 par les autorités.Au plus fort de la seconde vague, le taux d’incidence chez les personnes âgées de 90 ans et plus a dépassé le palier symbolique de 900. Ainsi, entre le 3 et le 10 novembre, près d’un Français de plus de 90 ans sur cent avait potentiellement contracté le Sars-Cov-2. La circulation du virus a été plus active chez les seniors les plus âgés que dans les autres catégories d’âge, y compris les jeunes de 20 à 30 ans, pourtant très touchés avec un taux d’incidence à 750 au pic de la seconde vague.Le niveau très élevé du taux d’incidence des 90 ans et plus témoigne de la forte circulation du virus dans les maisons de retraite. Les Ehpad sont en effet les principaux clusters (foyers de contamination) recensés par Santé publique France depuis la fin du premier confinement. Entre le 9 mai et le 9 novembre, 2 006 foyers de contamination ont été localisés dans des maisons de retraite, dont 1 322 ont été déclarés après le 12 octobre.Impossible en revanche de savoir combien de clusters ont été recensés depuis la mi-novembre. La liste des foyers, dont le nombre est fortement sous-estimé, n’est plus mise à jour par Santé publique France, du fait de remontées trop hétérogènes des agences régionales de santé (ARS). Mais la hausse du taux d’incidence, ces derniers jours, dans les départements du Finistère, du Cher, de la Haute-Marne, de la Meuse et des Vosges, témoigne de l’apparition de nouveaux clusters dans des Ehpad de ces territoires.D’après le bilan de la mortalité Covid publié chaque semaine par Santé publique France, et recensé par l’Institut national des études démographiques (Ined), 24 630 résidents d’Ehpad et d’établissements médico-sociaux sont morts du Covid-19 depuis le début de la pandémie, soit près de 44% des victimes du Covid-19. Au total, 10 149 résidents d’Ehpad et d’établissements médico-sociaux sont déclarés comme morts du Covid-19 entre le 1er septembre et le 8 décembre. Alors qu’au printemps, ils constituaient 50% des victimes du coronavirus, les résidents des maisons de retraite représentent, à ce jour, 40% des décès Covid recensés par Santé publique France pendant la seconde vague. Forte surmortalité en Haute-LoireC’est en Auvergne-Rhône-Alpes que les Ehpad ont été le plus durement frappés par la seconde vague. Le dernier bulletin épidémiologique de Santé publique France fait état de 5 276 résidents de maison de retraite décédés des suites du Covid-19 dans la région, dont les deux tiers sont survenus après le 1er septembre. Les données de mortalité, toute cause confondu, par lieu de décès publiées par l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) montrent que la mortalité en maison de retraite a été particulièrement élevée en Haute-Loire, entre le 1er septembre et le 30 novembre. Les résidents d’Ehpad étant souvent domiciliés dans leur maison de retraite, les mairies qui renseignent les informations reprises par l’Insee ont tendance à mélanger décès à domicile et décès en Ehpad sur les formulaires de décès. Aussi les pourcentages de surmortalité, indiqués dans le graphique ci-dessous, sont calculés en comprenant les décès à domicile des personnes âgées de plus de 86 ans.