Variant anglais du Covid-19 : l'épidémiologiste Pascal Crépey "pas certain" qu'un confinement comme celui de novembre suffise à le contrôler
Plusieurs épidémiologistes appellent à un nouveau reconfinement pour lutter contre les variants du coronavirus.
Un reconfinement n'est pour le moment pas évoqué par le gouvernement, mais Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, et de nombreux épidémiologistes poussent pour qu'un nouveau confinement soit mis en place. Mais à quoi pourrai-il ressembler ? Très strict comme au printemps dernier ou plus léger comme à l'automne ? "On n'est pas certain qu'un confinement comme celui de novembre suffise à contrôler" le variant anglais, prévient Pascal Crépey, enseignant-chercheur en épidémiologie et en biostatistique à l’Ecole des hautes études de santé publiques (EHESP) de Rennes, invité de franceinfo lundi 25 janvier.
franceinfo : Les chiffres sont relativement stables. Pourquoi un tel appel à un nouveau confinement de la part des épidémiologistes ?
Pascal Crépey : C'est à cause de l'exemple anglais qui nous montre à quel point ce nouveau variant britannique peut rendre incontrôlable l'épidémie. Il y a aussi le fait que ce variant est sur notre territoire. L'Angleterre sert un peu de sonnette d'alarme, comme l'Italie au début de la crise.
Le gouvernement affirme que le couvre-feu a permis de faire baisser les contaminations dans les départements où il a été pris tôt. Cela ne suffit pas ?
C'est un peu tôt parce que les indicateurs précoces que sont les analyses des tests positifs sont variables. Sur des mesures ponctuels, il faut faire attention à ne pas mélanger les différents impacts, notamment climatiques. Il est peu probable que le couvre-feu à 18 heures suffise à contrôler la dynamique de ce variant, on n'est même pas certain qu'un confinement comme celui de novembre suffise à contrôler ce variant. Fermer les écoles contribue à réduire les contaminations mais tant qu'on ne sait pas si un confinement suffit à contrôler cette dynamique il est peut-être encore un peu tôt pour prendre de telles décisions.
La vaccination va-t-elle permettre de ralentir le virus ?
Non, parce qu'il faut avoir un effet sur la transmission, et même si le vaccin a un effet dessus on n'aura pas vacciné suffisamment de monde pour observer un tel effet. Mais on devrait pouvoir avoir un effet sur les hospitalisations et les morts parce qu'on a choisi de vacciner en premier les personnes qui sont le plus à risque de faire des formes graves. Toute personne vaccinée a 95% de chances d'être protégée et donc de ne pas se retrouver à l'hôpital. Donc l'impact de la vaccination est immédiat, mais pour l'observer à grande échelle il faut qu'il y ait 15%, 20% au moins de la population à risque qui soit vaccinée.
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