Covid-19 en Ile-de-France : en l'absence de confinemement, "on risque d'être amenés à choisir qui bénéficiera de la réanimation"
"Si on continue sans freiner, on s'expose à une croissance exponentielle" des cas de Covid-19, estime ce mercredi sur franceinfo Jean-Michel Constantin, anesthésiste-réanimateur à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière, qui se dit favorable à un reconfinement global.
"On risque d'être amené à choisir qui bénéficiera de la réanimation ou pas", a expliqué ce mercredi sur franceinfo le professeur Jean-Michel Constantin, anesthésiste-réanimateur à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière qui a décrit mardi au président de la République "un système de santé sous tension" en Ile-de-France. Pour lui, "il faut couper le robinet si on veut pouvoir s'en sortir", c'est-à-dire mettre en place "un confinement global".
franceinfo : Emmanuel Macron a consulté plusieurs médecins hier après-midi. Vous en faisiez partie, quelle est la situation que vous avez décrite au président ?
La situation qu'on a décrite au président est celle d'un système de santé sous tension. Avec des patients qui ont le Covid et qui, pour l'Ile-de-France, sont de plus en plus nombreux. Ce n'est pas une déferlante comme on avait l'an dernier en mars/avril, c'est une augmentation croissante qui fait qu'on a plus de 60% de nos patients en réanimation qui sont des patients Covid. Il y a donc une pression déraisonnable sur les patients qui n'ont pas le Covid.
C'est ça aujourd'hui le principal danger ? Ce sont les autres patients qui ne peuvent plus venir à l'hôpital ?
Ce sont les déprogrammations, tout ce qu'on est obligé d'annuler parce que ça a un coût en terme de santé publique, ces patients qu'on ne prend pas en charge. Et d'autre part, si on continue sans freiner, on s'expose quand même à ce qu'il y ait une croissance exponentielle d'un coup. Comme nous n'avons aucune marge, cela veut dire qu'on risque d'être amené à choisir qui bénéficiera de la réanimation ou pas. Ce tri, on ne l'a jamais fait en dehors de critères médicaux, de patients qui ne nécessitaient pas de réanimation. Je crois que le président a compris ce point de rupture vers lequel on n'avait pas envie d'aller et vers lequel il ne voulait pas nous amener.
Il vous a semblé prêt à appuyer sur le bouton ?
Le problème, c'est quelle mesure de freinage peut-on mettre en face ? Comment est-ce qu'on peut diminuer le nombre de contaminations ? Globalement, il faut couper le robinet si on veut pouvoir s'en sortir. Le couvre-feu a fait ce qu'il a pu, il a freiné. Clairement, on le voit sur janvier, ça a diminué. Je ne vois pas aujourd'hui d'autre solution que de confiner. Et après, entre un confinement le week-end et un confinement général, moi je serais plutôt favorable à un confinement global et le moins long possible. Mais la décision est éminemment politique.
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