Cet article date de plus de quatre ans.

Confinement, mode d'emploi 6 : se préparer au déconfinement

Est-il normal d'être inquiet à l'approche du déconfinement ? Cette question a été posée à Claude Halmos par Stéphane, confiné avec sa femme et leurs trois enfants. Oui, cette angoisse est normale, souligne la psychanalyste, qui nous explique pourquoi cette nouvelle étape du déconfinement est délicate à affronter. 

Article rédigé par franceinfo, Claude Halmos
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le déconfinement est une nouvelle étape qui peut ne pas être facile à affrontre. (Illustration) (GETTY IMAGES)

C’est dans ma tête est devenu Confinement, mode d’emploi, pour répondre aux questions de nos auditeurs. Cette semaine Stéphane nous dit : "Ma femme et moi sommes confinés avec nos trois enfants. Cela a été difficile au début, mais finalement tout s’est plutôt bien passé, et nous pensions au déconfinement comme à un soulagement. Pourtant, au fur et à mesure qu’il approche, nous sommes de plus en plus inquiets. Est-ce normal ?"

franceinfo : Claude, est-ce normal d'être de plus en plus inquiet à l'approche du déconfinement ? 

Claude Halmos : L’angoisse à l’idée du déconfinement est normale. Le Covid-19 a bouleversé nos vies. Il a rendu l’extérieur dangereux, et nous avons dû, pour nous en préserver, affronter l’épreuve psychologique du confinement ; apprendre à vivre en permanence avec les autres dans un espace restreint, inventer de nouveaux rapports aux conjoints, aux enfants..etc. Et, pour y arriver, mettre en place des fonctionnements psychologiques, qui ont été pour nous des sortes d’abris intérieurs, dans lesquels nous avons réussi, tant bien que mal, à vivre. Or, il va nous falloir, avec le déconfinement, sortir de ces abris.

Et il va nous falloir retrouver l’extérieur…

Oui. Et un extérieur qui ne sera pas celui que nous espérions - celui de nos vies d’avant - car le danger est toujours là. Il va nous contraindre à des précautions qui vont transformer notre quotidien, et nous interdire l’insouciance. La réouverture des écoles va accroître l’inquiétude des parents ; et les problèmes économiques aggraver encore les difficultés de beaucoup de gens.

Et tout cela va s’ajouter aux souffrances psychologiques provoquées par le confinement. Et à un sentiment d’insécurité dû à l’incertitude ; mais aussi à une méfiance envers les mesures gouvernementales. D’autant plus grande que, dans un tel contexte, nous rêverions tous de dirigeants aussi magiques que le sont, pour un enfant petit, ses parents, qu’il croit capables de tout résoudre, de ne jamais se tromper, et de le protéger de tout. Le déconfinement, bien que souhaité, sera donc une nouvelle épreuve à affronter.

Comment l’affronter au mieux ?

En regardant les difficultés en face - la lucidité est une force - et en nous donnant les moyens d’y faire face. C’est-à-dire en observant une discipline rigoureuse : dans la réalité, (par rapport aux gestes barrières, et à la distanciation physique, qui sont des remparts non seulement contre le virus, mais contre la peur), mais aussi dans nos têtes.

Nous allons devoir faire le deuil - pénible, mais momentané - de certaines choses : les spectacles, les rassemblements, les restaurants. Et il va nous falloir (comme tous ceux qui voient, à la suite d’un accident, par exemple, leurs possibilités diminuées), au lieu de le déplorer en permanence, mesurer la valeur de tout ce que nous gardons : la santé, nos proches ; et inventer, pour en profiter pleinement, une nouvelle vie. En nous appuyant sur nous-mêmes et notre entourage, mais aussi sur tous ceux qui sont plus mal lotis que nous ; et que nous pouvons aider moralement, et matériellement.

Parce qu’aider les autres à tenir debout aide aussi à tenir debout soi-même. Il est important de ne pas l’oublier.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.