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"Comment je vais faire pour tout payer ?" À Cancale, l'inquiétude des commerçants avant la réouverture

Des milliers d'artisans et de commerçants sont à l'arrêt depuis plusieurs semaines, et s'inquiètent de leur absence de revenus et des conditions de reprises de l'activité. Illustration en Bretagne avec un cordonnier. 

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
La devanture d'une cordonnerie à Cancale (Ille-et-Villaine), fermée depuis plusieurs semaines, le 18 avril 2020.  (RADIO FRANCE / GRÉGOIRE LECALOT)

C’est la sixième semaine de confinement, et de fermeture pour les commerces non essentiels. Une situation très difficile à vivre pour des millions de commerçants et leurs salariés. Les aides mises en place par l'État et les banques leur permettent toutefois d’espérer. 

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C’est la première fois depuis cinq semaines que Sébastien Jahier, 45 ans, revient dans sa cordonnerie, à quelques dizaines de mètres de l’église de Cancale (Ille-et-Vilaine). "Ça fait quelque chose quand même. On se dit que du jour au lendemain on a tout abandonné. Là on revient, avec un peu de nostalgie." 

Il a repris en 2017 cette boutique enracinée dans les souvenirs de la petite cité bretonne. "La cordonnerie existait déjà en 1932. Un de mes clients qui a plus de 90 ans maintenant m'a dit qu'il avait connu la boutique dans les années 1930 et les années 1940 quand il était enfant." Ici, rien n'a bougé depuis plusieurs semaines. "Ici c'est la partie confection et réparation. On a la presse, on va la faire tourner un petit peu."

Des aides rapidement mises en place

À l’entrée du magasin, Sébastien ramasse le courrier. "Ce sont les factures qui arrivent. Quand on arrête une activité brusquement comme ça, on est très anxieux de se dire 'si je ne gagne plus d'argent comment je vais faire pour tout payer ?'. Heureusement c'est une entreprise viable qui commençait à fonctionner, avant que ça s'arrête malheureusement, brusquement, comme ça." 

Sa chance de survie tient à un peu de trésorerie pour voir venir, et à la rapidité des aides. "On a l'aide d'État de 1 500 euros, on a aussi les banques qui ont arrêté de prélever les crédits qu'on peut avoir. Ça ils l'ont mis très très vite en place. Il y avait un enjeu quand même, sinon nos entreprises coulent et c'est plusieurs millions d'emplois supprimés." Son apprentie est aussi prise en charge par l’État au titre du chômage partiel, et la mairie de Cancale envisage des allègements de taxes.

Je ne pense pas que l'État soit prêt à voir arriver plusieurs millions de chômeurs.

Sébastien Jahier, cordonnier à Cancale

Sébastien espère donc ouvrir le 11 mai, dans des conditions peu habituelles. "Pas de contact avec le client. Ça va être dur : avec certains clients on s'est liés d'amitié donc c'est la bise ou la poignée de main. Et puis pas plus de deux personnes dans la boutique". Aura-t-il des clients dans sa boutique ? À condition que les vacanciers reviennent, et que le virus, lui, s’en abstienne.

Confinement : l'inquiétude pour les petites entreprises. Ecoutez le reportage à Cancale de Grégoire Lecalot

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