"C’est extrêmement anxiogène" : une directrice d’école se prépare au défi de la rentrée du 11 mai
Cette directrice d’école en région parisienne sera en première ligne lors du déconfinement. Elle ne cache pas ses doutes alors qu'elle s’apprête à accueillir de nouveau ses élèves, ou au moins une partie d’entre eux, à partir du 11 mai.
Elle a souhaité rester anonyme, nous l’appellerons Sophie. Elle a 20 ans d’ancienneté dans l’Éducation nationale et elle est directrice d’une école de 140 élèves, dans une petite commune de région parisienne. En ce moment, elle ne sait plus où donner de la tête avant la réouverture de son école lors du déconfinement, un saut dans l’inconnu : "Je suis partagée, j’ai à la fois très envie de revoir mes élèves mais j’ai aussi une inquiétude, que mon métier me fasse courir des risques."
"J’ai peur aussi de faire prendre des risques à mes élèves et, en même temps, je sais qu’il y a des élèves dans mon école qui sont dans des situations très précaires, poursuit la directrice d’école. Pour eux, je me dis que le retour sur le chemin de l’école serait une bonne chose."
"On a besoin de temps et on ne l’a pas"
Une école qu’il va falloir complètement réinventer en quelques jours. Sophie a une petite idée de ce que ça pourrait donner, car elle a organisé l’accueil des enfants de soignants dans sa commune. "On a vu ce que c’était d’accueillir des enfants et de leur faire respecter certains gestes barrières, explique Sophie. Pour les maternelles, c’est impossible car ce sont des enfants qui ont besoin de contact, donc je suis très sceptique. Pour les enfants d’élémentaire : c’est plus facile déjà, mais ce n’est pas tenable sur une journée entière."
Je suis dans un état d’anxiété assez important depuis une semaine parce que j’ai l’impression de ne pas pouvoir vraiment anticiper les choses.
Sophie, directrice d'écoleà franceinfo
"Or, pour accueillir dans de bonnes conditions avec un respect du protocole sanitaire, on a besoin de temps et on ne l’a pas, déplore Sophie. De jours en jours, d’heure en heure ça change. On était parti sur les CP et les CM2 et, maintenant, on nous dit que c’est tous les niveaux. C’est extrêmement anxiogène." Le défi de cette rentrée est immense, Sophie ne sait pas si elle pourra le relever dans son école et doute de réussir à "pouvoir tout concilier".
La directrice doit penser à tout. "On s’est déjà dit que pour les récréations qu'on n’allait pas pouvoir laisser les enfants libres de jouer ou de se défouler, indique Sophie. Donc, on a commencé à réfléchir à des protocoles de récréation où on ferait, par exemple, des parcours." Une somme de détails qu’il faut régler en quelques jours. Mais pour cette directrice, au-delà de ce printemps, l’enjeu c’est aussi la rentrée de septembre quand il faudra, de nouveau, tout réinventer.
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