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"Big Little Lies" et "Au revoir là-haut" : nos conseils pour se cultiver pendant le confinement

Tous les jours, franceinfo vous propose des conseils culture pour se cultiver même par temps confiné, face au coronavirus. 

Article rédigé par Yann Bertrand, Thierry Fiorile
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Les six personnages féminins de "Big Little Lies". (HBO)

Pour passer le temps ce week-end avec le confinement, franceinfo vous propose des conseils culture pendant cette période particulière de lutte contre le coronavirus. Chaque jour, nous vous conseillerons de la lecture, de la musique, des séries ou des films.

Une série : Big Little Lies, sur OCS

Une série qui rassemble Nicole Kidman, Meryl Streep, Laura Dern, Reese Witherspoon ou encore Zoé Kravitz ? Oui, elle existe. Cela s’appelle Big Little Lies, deux saisons haletantes portées par des actrices magistrales. Big Little Lies est l’une des plus grandes fresques produites par HBO. Et pourtant avec Game Of Thrones, The Wire, Succession plus récemment ou True Detective, la chaîne américaine a déjà marqué l’histoire des séries. Point commun de toutes ces histoires, peut-être, la profondeur des personnages. Dans Big Little Lies, six femmes aussi différentes que complexes, cinq amies dans la bonne société de Monterey, Californie, et la mère d’un disparu, une certaine Meryl Streep, qui arrive dans la deuxième saison.

L’océan toujours dans le paysage, les grandes et belles villas cachent mal les violences, les mensonges et bientôt le secret qui va unir les "cinq de Monterey". Big Little Lies déroule une trame implacable, on sent la catastrophe arriver, les coups passer tout près, le malaise changer de camp.



Mais comment apprécier cette série multi-récompensée sans s’attarder sur sa distribution ? Nicole Kidman impériale, Reese Witherspoon étonnante, Laura Dern impressionnante, Meryl Streep d’une justesse inouïe. Tout nous est conté à travers le regard de ces mères de famille parfois brisées : Big Little Lies, ce sont des vies parfaites en apparence, qu’une révélation surgie du passé, un virage mal maîtrisé peuvent tout à coup remettre en cause. Une série marquante, de l’une de celles qui montre que définitivement, il n’y a rien à envier au cinéma.

Un livre : Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre

Avec sa voix gouailleuse et son sourire malin, Pierre Lemaitre a fait une entrée fracassante dans le petit monde des lettres. Arrivé sur le tard en littérature, mais déjà connu pour ses polars, il ose la grande fresque historique et s'impose comme un Alexandre Dumas contemporain, qui nous relie aux tragédies du XXème siècle. Au revoir là-haut est, avant même le Goncourt, un grand succès populaire, premier acte d'une trilogie qui s'étend de la fin de la Première guerre mondiale au tout début de la Seconde. Pierre Lemaitre aime l'Histoire, vue du côté des anonymes.

Albert et Edouard sont des rescapés de la grande boucherie de 14-18, le premier un petit employé, le second un artiste de grande famille, revenu du front avec une gueule cassée et des souffrances atroces. Dans un Paris insouciant qui n'a que faire de ces survivants, ces deux-là vont avec une audace folle, se venger d'une destinée qui ne sourit qu'aux puissants. Pierre Lemaitre imagine une arnaque épique aux monuments aux morts, mais puise dans la réalité le scandale des corps restitués aux familles, corps non identifiés et gros profits à la clef.

Pierre Lemaitre, lauréat du prix Goncourt pour "Au revoir là-haut", à Paris le 4 novembre 2013 (CHRISTOPHE PETIT TESSON / MAXPPP)

Avec cet auteur, on ne s'ennuie jamais, il a le sens du rythme, des rebondissements et sa plume alerte puise dans la langue populaire une fraîcheur et un humour redoutables. Il y a aussi chez lui une colère : fidèle à ses origines simples, Pierre Lemaitre sait faire entendre la voix de ces oubliés de l'Histoire, sans trémolos, mais avec un je ne sais quoi qui les rend très proches des invisibles d'aujourd'hui. Dans Au revoir là-haut on apprend un autre récit historique, on rit, on pleure et on voit des images défiler. Albert Dupontel, qui a réussi l'adaptation au cinéma, a vu juste aussi.

Si vous aimez ce roman, vous aurez aussi le temps de lire les deux autres volets de sa série : dans Couleur de l'incendie les années 30, la montée des totalitarismes et dans Miroir de nos peines la débâcle en 1940. Pierre Lemaitre a aussi trouvé le temps d'écrire un roman aux accents chabroliens, Trois jours et une vie. Voilà un auteur captivant, excellent compagnon de confinement. 

Au revoir là-haut, de Pierre Lemaitre, éditions Albin Michel

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