Aux Etats-Unis, le retour en grâce des cinémas en plein air en raison de l'épidémie de coronavirus
Aux Etats-Unis, sur la très courte liste des commerces qui profitent de la situation actuelle, on trouve les cinémas drive-in.
Ce sont des symboles de l’Amérique des années 50-60. Les drive-in, ces cinémas en plein air avec des spectateurs à l’abri dans leur voiture, existent encore. Et certains d’entre eux sont ouverts malgré le coronavirus, contrairement aux salles de cinéma.
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Le "Mission Tiki", dans la grande banlieue de Los Angeles, dispose de quatre écrans, chacun dans un coin d’un immense parking. Un ticket à 10 dollars vous donne droit à deux films. Plutôt bon marché. Sans oublier l’inévitable bar pour les popcorns mais aussi des nachos, des quesadillas et autres délices de la gastronomie mexicaine, Californie oblige. Il est demandé de rester à l’intérieur du véhicule à cause du coronavirus, ce qui n’a pas empêché certains spectateurs masqués d’installer chaises de camping, matelas gonflable et couvertures, à l’arrière de leur pick-up, ces camionnettes typiquement américaines.
L'expérience dépend en partie du confort de votre voiture et de la qualité de vos enceintes, parce que pour avoir le son du film, vous vous connectez sur une fréquence radio. Il faut aussi aimer regarder un film à travers un pare-brise avec le bruit occasionnel d’un avion ou d’un klaxon. Niveau confort, pas de souci pour Sam : il est assis dans une Tesla Model X, celle dont les portières se déploient verticalement. Ses copains sont dans la voiture d’à côté. Pour le premier film, il a choisi le dessin animé Trolls World Tour, l’un des rares sortis pendant la pandémie. Visiblement, il ne s’attendait à rien d’exceptionnel, et il a eu raison.
Dans un drive-in, l'idée c’est de trouver un film que ça ne vous dérange pas de regarder, plutôt qu’un film que vous avez très envie de voir.
Sam, un spectateur
Pour lui et beaucoup d’autres, c’est donc l’expérience qui compte. Le film est secondaire. C’était peut-être même déjà vrai dans les années 50 où le drive-in ciblait les adolescents, les seuls dans le monde à pouvoir conduire. Mais avec la pandémie, à la nostalgie d’un monde d’avant s’est ajouté le plaisir simple de sortir de chez soi.
Réouverture des salles en juillet
La fréquentation de ces drive-in est bonne. Le manager du "Mission Tiki" précise que le drive-in faisait le plein le week-end et même un soir de semaine comme lundi, il y avait beaucoup de monde. Mais il n’y a pas encore de chiffres précis sur la hausse supposée de la fréquentation au niveau national.
Des Américains vont découvrir ou redécouvrir les joies du cinéma en plein air mais personne ne parle vraiment de renaissance, plutôt d’une excitation passagère. Les salles vont rouvrir, sans doute en juillet avec la sortie de Tenet de Christopher Nolan et Mulan de Disney. Ce sera un premier test.
Pour Thomas Doherty, professeur de cinéma à l’université Brandeis, les raisons qui ont fait que les drive-in sont passés de mode dans les années 70-80 n’ont pas disparu. Il y en avait de plus de 4 000 à leur grande époque contre environ 300 aujourd’hui. Globalement, ils ne sont pas adaptés aux grosses productions hollywoodiennes qui en mettent plein les yeux et les oreilles. Par définition, ils ne fonctionnent que le soir et surtout, ils demandent beaucoup de terrain disponible, une rareté en ville.
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