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"Aujourd'hui, j'ai déjà eu six annulations" : face au coronavirus, Israël ferme ses frontières, mettant en difficulté son économie

Le pays a pris mercredi des mesures fermes contre les ressortissants d'autres pays : Italiens, Chinois, Français, Allemands ou Espagnols sont interdits d'entrée. Les bi-nationaux ou les résidents en Israël, eux, ont le droit d'entrer mais devront passer 15 jours confinés chez eux.

Article rédigé par franceinfo - Frédéric Métézeau, édité par Théo Hetsch
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Un agent des services paramédicaux israéliens réalise un test de contamination au coronavirus au centre national des opérations, à Kiryat Ono, près de Tel-Aviv. (JACK GUEZ / AFP)

Dans la communauté franco-israélienne, l'effet des mesures prises pour lutter contre le coronavirus a été immédiat. Ayala Blum est référente "immigrés francophones" pour la mairie de Jérusalem : "Ce matin même, j'ai reçu un appel d'un Israélien actuellement en France qui voulait savoir s'il avait le droit de rentrer dans le pays ou pas", raconte la jeune femme. Et ce n'est qu'un exemple parmi de nombreux cas. "Un collègue avait prévu des vacances au ski la semaine prochaine, mais il a tout annulé", explique encore Ayala Blum. "Et puis, j'ai une jeune collègue qui vient de rentrer de France qui nous a annoncé qu'elle ne viendra pas travailler pendant 14 jours. C'est vraiment très embêtant pour l'économie", constate l'employée de la mairie. Et la crainte est partagée dans beaucoup de secteurs : "Ce matin, un ami m'a dit qu'il avait encore plus peur de la catastrophe économique que de la maladie elle même."

Dix mille euros de perte depuis le début du mois

A l'hôtel Palatin, en plein-centre ville, à 10 minutes à pied de la ville, la catastrophe économique est d'ailleurs en cours, constate Toddy Warschaski, le propriétaire : "Aujourd'hui, j'ai déjà eu six annulations... Depuis le 1er mars, ces annulations représentent 10 000 euros et notre remplissage a baissé de 19%", déplore le chef d'entreprise, qui craint que cela ne dure. "Ce n'est que le début, on a le marathon de Jérusalem, le carnaval de Pourim, des mariages, des cérémonies, etc... tout cela pourrait être annulé", s'inquiète Toddy Warschaski.

Les mesures ont été annoncées il y a 24 heures en direct à la télévision par le Premier ministre Benyamin Nétanyahou lui-même. Mais pour Arad Nir, journaliste renommé de Channel 12, la chaîne la plus regardée, Nétanyahou fait d'abord de la politique politicienne. Seuls 15 cas de coronavirus ont été recensés dans le pays, mais plusieurs dizaines de milliers d'israéliens sont en confinement.

C'est scandaleux ! Ces mesures ne sont pas prises pour des raisons médicales, mais parce que cette situation arrange monsieur Nétanyahou.

Arad Nir, journaliste de Channel 12

à franceinfo

Pour lui, le Premier ministre, dont le procès pour corruption doit s'ouvrir le 17 mars, "met les habitants dans une grande inquiétude, pour nous détourner de ses problèmes politiques". Malgré sa victoire aux législatives, "il n'a pas de majorité à la Knesset - le parlement israélien - et il nous détourne aussi des problèmes que subit régulièrement le système de santé depuis des années."

En Cisjordanie voisine, les autorités viennent de découvrir quatre premiers cas. La basilique de la nativité à Bethléem ferme donc ses portes pour deux semaines.

Comment Israël se barricade face au coronavirus. Le reportage de Frédéric Métézeau.

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