Artisans du BTP, fleuristes, libraires, restaurateurs... Ces professionnels qui amorcent une reprise avant le 11 mai
Le président de la République a fixé une première étape de déconfinement progressive à partir de la date du 11 mai. Mais déjà, certaines activités repartent timidement.
En plus du lourd tribut humain, le bilan économique de la crise due à l'épidémie de coronavirus s'annonce dramatique, avec une récession de 9% en 2020, selon le gouvernement. Plus d'une entreprise sur deux a ainsi déposé une demande pour bénéficier du chômage partiel, et la barre des 9 millions de salariés concernés a été franchie. Mais en attendant les modalités précises du déconfinement annoncé pour le 11 mai, certaines petites entreprises, qui avaient jusque-là suspendu leur activité, reprennent peu à peu le travail. En voici quelques exemples.
BTP : 25 à 30% des petites entreprises auraient repris le travail
Dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, la profession a mis au point un guide de préconisations sanitaires pour la continuité des activités malgré l'épidémie. Des précautions difficiles à appliquer, notamment sur les grands chantiers, qui sont toujours à l'arrêt. Mais, pris à la gorge par l'urgence économique, les plus petites entreprises ont souvent repris le travail, signale Libération, en citant Patrick Liébus, président de la Confédération de l’artisanat et des petites entreprises du bâtiment (Capeb). "Les chantiers redémarrent très doucement. 25% à 30% des boîtes ont recommencé à travailler, surtout quand les artisans sont seuls", affirme-t-il.
Certaines spécialités s'en sortent mieux que d'autres. C'est le cas, semble-t-il, des plombiers, qui arriveraient par endroits à compenser tout ou partie des pertes des chantiers par les interventions à domicile. Dans le Gers, La Dépêche fait ainsi le portrait de Laurent Saubesto, "artisan plombier au carnet de commandes bien garni" qui, certains jours, "ne sait pas par où commencer". Il intervient surtout, raconte le quotidien régional, "chez des personnes âgées" ou des personnes en situation difficile qui sont confrontées à des "fuites d'eau"ou des "WC bouchés". Des dépannages d'autant plus urgents à résoudre que les habitants sont obligés de rester chez eux.
Fleurs : 20% des fleuristes se sont réinventés en livreurs
Comme d'autres commerçants aux activités jugées non indispensables, les fleuristes ont été contraints de fermer leurs boutiques. Mais face à la demande qui explose, en ce mois d'avril radieux, un certain nombre ont repris le travail en livrant à domicile. "Il y a beaucoup de gens qui veulent des fleurs, on n'arrive pas à suivre les commandes", témoignent ainsi deux fleuristes parisiens, Ylva Nygren et Antoine Lannegrand, cités par l'AFP.
Comme eux, près de 20% des 1000 fleuristes français se sont réinventés en livreurs, indique la Fédération française des artisans fleuristes (FFAF). Et la clientèle suit, apparemment. "Après un mois d'arrêt, nous sentons depuis cette semaine que les Français ont besoin de reprendre un semblant de vie normale, ce n'était pas le cas il y a 10 jours et c'est très encourageant", déclare à l'AFP Florent Moreau, le président de la FFAF. La plateforme Interflora, de son côté, a récemment averti ses clients que des fleuristes volontaires assuraient désormais des livraisons dans Paris et dans les départements de la petite couronne.
Librairies : l'ouverture de guichets pour retirer un livre est désormais autorisée
Victimes du confinement, les ventes de livres ont chuté de 58,5% en nombre d'exemplaires du 16 mars au 12 avril,, selon les données de l'institut GfK pour le magazine professionnel Livres Hebdo. Mais en attendant de savoir si les librairies seront ou non autorisées à rouvrir le 11 mai, "une fenêtre vient de s'entrouvrir", signalent Les Echos. "Proposée par la rue de Valois, la décision d'autoriser les librairies à vendre des livres par guichet, via un système de Click & Collect, a reçu l'aval de Bercy puis de la place Beauvau. (...) La mesure permettra de commander son livre par téléphone ou internet à la librairie de son choix et de le retirer à un guichet, en cochant la case 'déplacement pour effectuer des achats de première nécessité'".
Les librairies n'avaient d'ailleurs pas attendu cette décision pour tenter de maintenir leur activité. De la Corse à la Bretagne, plusieurs d'entre elles avaient déjà mis en place, par exemple, des systèmes de commande par drive. "Quand je faisais mes courses, je croisais des clients de la librairie, qui avaient un vrai désir de livres et de s'évader dans la lecture pendant cette période de confinement", a confié le directeur d'une librairie de Quimper (Finistère), Jean-Michel Blanc, à France Bleu "Je me suis dit que la situation allait durer et qu'il fallait essayer de trouver des solutions", poursuit-il. Bon nombre de librairies livrent aussi les ouvrages à domicile, à en croire les initiatives recensées par le site Je soutiens ma librairie.
Restauration : des établissements se tournent vers la vente à emporter
Pour les restaurants, la situation est critique : après des semaines de fermeture durant lesquelles les dettes se sont accumulées, l'activité ne devrait redémarrer (à une date inconnue) que lentement, du fait de la distance sanitaire imposée entre les convives. Mais là encore, des timides reprises se font jour. "A Poitiers [Vienne], des restaurateurs relancent depuis peu leur activités" en proposant des "espaces de vente à emporter", signale ainsi France 3 Aquitaine. Même phénomène dans l'Hérault, selon France Bleu Occitanie. La radio cite ainsi un restaurateur de Béziers qui essaie "tant bien que mal de faire tourner son établissement, ouvert 7 jours sur 7". Mais la situation est difficile : "Une cinquantaine de commandes en moyenne quotidiennement. Il en faudrait au moins 40 % de plus pour s'en sortir".
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