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Advil, Doliprane, Nurofen... Pourquoi ces médicaments ne sont plus en vente libre à la pharmacie

L'Agence nationale de sécurité du médicament souhaite que les produits qui contiennent de l'ibuprofène, du paracétamol ou de l'aspirine ne soient plus vendus en libre-service dans les pharmacies, même s'ils continueront d'être disponibles sans ordonnance.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 7min
Des boîtes de Doliprane dans une pharmacie de Haute-Savoie, le 19 septembre 2019. (PASCAL DELOCHE / PHOTONONSTOP)

Vous ne les trouverez plus en libre-service à la pharmacie. Les Doliprane, Dafalgan, Efferalgan, Advil, Aspégic et autres Nurofen se trouveront obligatoirement derrière le comptoir de l'officine à compter du mercredi 15 janvier. Cette décision concernant les médicaments à base d'ibuprofène, de paracétamol et d'aspirine a été annoncée mardi par l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), après un premier avis en ce sens début octobre. Ils restent cependant disponibles sans ordonnance. L'ANSM explique vouloir limiter les risques liés à un mauvais usage de ces produits qui sont les plus consommés en automédication pour lutter contre la douleur ou la fièvre. Franceinfo vous explique pourquoi on ne peut pas les avaler les yeux fermés. 

Parce qu'on ne peut pas les utiliser pour tout

"Ce sont des médicaments très utilisés. Mais on ne fait pas n'importe quoi avec." Le message de Gilles Bonnefond, président de l'Union des syndicats de pharmaciens d'officine (USPO), est très clair. "Oui au paracétamol, à l'ibuprofène et à l'aspirine, mais il y a des règles à respecter, explique-t-il à franceinfo. On ne peut pas les utiliser pour tout."

Les médicaments, ça ne se consomme pas comme dans un fast-food. Il faut qu'ils soient adaptés à votre besoin, à votre poids, à votre âge.

Gilles Bonnefond, pharmacien

à franceinfo

Selon lui, le paracétamol est le médicament de premier choix, chez l'adulte et chez l'enfant, "pour le traitement des douleurs, de la fièvre et du rhume." "Si on l'utilise dans ce genre de cas, c'est très efficace", souligne Gilles Bonnefond.

Contacté par franceinfo, son collègue François Chast, pharmacien des hôpitaux de Paris, estime que l'ibuprofène est par exemple "intéressant dans les douleurs rhumatismales, parce qu'il a une activité anti-inflammatoire et que cette composante n'existe pas avec le paracétamol. Donc, dès qu'il y a une inflammation, l'ibuprofène est sans danger."

Quant à l'aspirine, "c'est un formidable médicament", poursuit celui qui est aussi président honoraire de l'Académie nationale de pharmacie. "Il a permis de traiter des maladies rhumatismales, la fièvre, la douleur. Aujourd'hui, sa seule indication raisonnable est la prévention de l'agrégation plaquettaire chez les personnes qui ont des troubles cardiovasculaires et donc c'est le cardiologue qui prescrit aujourd'hui l'aspirine. On a un petit espoir, c'est que l'aspirine pourrait être un médicament de prévention du cancer colorectal, des études sont en cours et c'est peut-être un avenir pour l'aspirine."

Parce qu'il y a des doses à respecter

Dans une étude sur les antidouleurs publiée en mai 2018, le magazine 60 millions de consommateurs parvenait à deux conclusions. La première, c'est que le paracétamol, comme l'ibuprofène et l'aspirine, ne doit surtout pas être pris pendant plus de trois à cinq jours. La seconde, c'est qu'il doit être pris à dose modérée. 

Pour un adulte sain de plus de 50 kilos, la dose maximale de paracétamol est de 3 grammes par 24 heures, selon l'ANSM. C'est-à-dire 1 gramme par prise avec une durée d'au moins six heures entre chaque prise. 

Pour les médicaments contenant de l'ibuprofène (comme le Nurofen, l'Advil) et l'aspirine, "il ne faut pas dépasser les 800 milligrammes par jour et à condition de ne pas dépasser cinq jours de traitement. Si une douleur persiste plus de cinq jours, la consultation médicale s'impose", détaille à franceinfo François Chast, le pharmacien des hôpitaux de Paris.

Mais entre tous les antidouleurs, lequel est le meilleur ? L'étude de nos confrères de 60 millions de consommateurs explique qu'il faut privilégier le paracétamol. Il présente le meilleur rapport bénéfice-risque à condition de ne pas dépasser les doses recommandées et de ne pas boire d'alcool en même temps. Détail important : toutes les marques ne se valent pas. Dafalgan et Doliprane 500 mg en comprimés sont à privilégier, selon le mensuel.  

Et si le paracétamol s'avère inefficace ? Là, la revue 60 millions de consommateurs indique que vous pouvez vous replier, en second choix, sur les médicaments à base d'ibuprofène. Le magazine recommande quatre marques : Antarène, Advil, Nurofen et Spedifen.

Pour bien faire passer le message, le gendarme du médicament a décidé, en juillet, que l'avertissement "surdosage = danger" devrait désormais figurer sur les boîtes de paracétamol. "Le déploiement a commencé, les premières boîtes devraient arriver courant octobre-novembre, et cela s'étalera jusqu'en avril-mai", selon le docteur Philippe Vella, directeur des médicaments antalgiques à l'ANSM.

Parce que les risques pour la santé peuvent être graves

Tout le monde a en tête la mort, fin 2017, de Naomi Musenga. Cette mère de famille de 22 ans était morte aux urgences de l'hôpital de Strasbourg, après avoir été raillée au téléphone par une opératrice du Samu. Selon l'enquête, son décès était "la conséquence d'une intoxication au paracétamol absorbé par automédication sur plusieurs jours". 

Pris à des doses trop élevées, le paracétamol peut en effet provoquer des troubles digestifs allant du simple inconfort jusqu'à l'ulcère. La molécule peut aussi créer de graves lésions du foie, qui peuvent nécessiter une greffe, voire être mortelles.

De leur côté, certains anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), c'est-à-dire ceux à base d'ibuprofène (comme le Nurofen ou l'Advil) et l'aspirine "sont notamment susceptibles d'être à l'origine de complications rénales, de complications infectieuses graves et sont toxiques pour le fœtus en cas d'exposition à partir du début du 6e mois de grossesse", poursuit l'ANSM

Dans une étude publiée en 2017 dans la revue Scientific reports (lien en anglais), des chercheurs de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) affirment aussi que l'ibuprofène serait dangereux pour le fœtus dès les premières semaines de la grossesse.

Le risque existe même avec une seule prise et même si la grossesse est à terme. L’usage de ce médicament est contre-indiqué pendant cette période.

des chercheurs de l'Inserm

dans une étude

Dans le détail, les propriétés anticoagulantes de l'aspirine peuvent exposer à des risques d'hémorragie digestive parfois mortels. En avril 2009, la revue scientifique Archives of Neurology (article en anglais) signalait que des micro-saignements cérébraux avaient été observés chez des personnes âgées consommant régulièrement de l'aspirine. Là aussi, il faut nuancer : la population concernée présentait un risque d'accident cardiovasculaire pouvant entraîner lui-même des micro-saignements.

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