Cet article date de plus d'onze ans.

Les particules fines restent néfastes lorsque les normes européennes sont respectées

Alors que le taux de pollution aux particules devrait atteindre un niveau élevé lundi et mardi en Ile-de-France, une étude révèle que les normes ne sont pas suffisantes pour écarter tout danger.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des niveaux élevés de pollution aux particules fines sont attendus lundi 9 décembre et mardi 10 décembre 2013 en Ile-de-France. (JAAP HART / E+ / GETTY IMAGES)

Une exposition prolongée aux particules fines en suspension dans l'air, appelées "PM", a un effet néfaste sur la santé. Jusqu'ici, rien de nouveau. Sauf qu'une étude publiée lundi 9 décembre par la revue médicale britannique The Lancet révèle que cette pollution reste dangereuse même lorsque les concentrations ne dépassent pas la norme dictée par l'Union européenne.

"Nos résultats suggèrent que des effets néfastes importants sur la santé se produisent même avec des concentrations aux particules PM2,5 [d'un diamètre inférieur à 2,5 microns] bien inférieures à la limite fixée par l'UE pour la qualité de l'air, à savoir une concentration moyenne annuelle de 25 microgrammes par mètre cube d'air", explique l'auteur principal de cette étude, le Néerlandais Rob Beelen.

Cette analyse intervient alors que la région parisienne est touchée lundi par un épisode de pollution aux particules PM10. Cela signifie que la concentration de ces particules a dépassé le seuil de 50 microgrammes de particules par mètre cube d'air. Selon Airparif, organisme chargé de la qualité de l'air en Ile-de-France, un pic pourrait être atteint mardi, avec un taux dépassant les 80 microgrammes par mètre cube d'air.

Des risques avérés pour la santé

L'étude publiée lundi se concentre, elle, sur les PM2,5, c'est-à-dire les plus fines des microparticules, avec un diamètre inférieur à 2,5 microns, soit la taille d'une bactérie. Ce sont celles qui génèrent le plus d'inquiétudes car leur taille leur permet de pénétrer plus facilement et profondément dans les poumons.

Il ressort de cette analyse qu'une variation relativement fine de la pollution par PM2,5 entraîne un risque nettement accru pour la santé de ceux qui y sont exposés. "L'étude évalue que pour chaque hausse de 5 microgrammes par mètre cube de la concentration en PM2,5 sur l'année, le risque de mourir d'une cause naturelle s'accroît de 7%", explique The Lancet. Cette différence de pollution de 5 microgrammes/m3 est celle qui existe entre un axe urbain très fréquenté par les voitures et un endroit situé à l'écart du trafic, précise le docteur Rob Beelen, de l'université d'Utrecht, aux Pays-Bas.

Les résultats de cette étude, qui a porté sur les différentes classes de particules en suspension, montrent que "l'exposition à long terme" aux particules les plus fines représente une "menace pour la santé même lorsque les concentrations sont bien inférieures aux limites imposées par l'Union européenne", selon The Lancet. La directive européenne sur l'air de 2008 a imposé aux Etats membres un plafond moyen annuel de 25 microgrammes/m3, tandis que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) préconise comme valeur limite 10 microgrammes/m3.

"Tout le monde est exposé"

"L'association entre exposition prolongée aux PM2,5 et décès prématurés demeure significative même après ajustement pour tenir compte de facteurs tels que le tabagisme, le statut socio-économique, l'activité physique, le niveau d'éducation et l'indice de masse corporelle", précise The Lancet. Les chercheurs ont également noté une surmortalité chez les hommes par rapport aux femmes en relation avec la pollution par PM2,5.

Cette analyse n'a pas cherché à quantifier la réduction de l'espérance de vie due à la pollution par PM2,5, mais de "précédentes analyses ont montré que pour des risques similaires (…), la perte de l'espérance de vie peut aller jusqu'à quelques mois, indique le docteur Beelen. Bien que cela ne semble pas être beaucoup, vous devez garder à l'esprit que tout le monde est exposé à un certain niveau de pollution de l'air et que ce n'est pas une exposition volontaire."

La pollution de l'air extérieur a été classée en octobre comme facteur cancérigène certain pour l'homme par l'OMS. Outre le cancer, une exposition aux particules peut entraîner de l'asthme, des allergies, des maladies respiratoires ou cardiovasculaires. Une étude parue récemment indique qu'une exposition même faible augmente les risques de faible poids des bébés à la naissance.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.