Les édulcorants chimiques provoqueraient des naissances avant terme chez les femmes et des cancers chez les souris mâles
C'est ce qui ressort de deux études relayées par le Réseau environnement santé.
L'Association Internationale des Edulcorants "conteste la validité scientifique de ces 2 études et rappelle que l'aspartame constitue l'un des produits alimentaires les mieux étudiés dans le monde". Et l'Association des industries alimentaires se veut, elle, rassurante.
L'aspartame, édulcorant le plus utilisé au monde, se retrouve dans plus de 6.000 produits. Il remplace le sucre dans de nombreuses boissons, bonbons, desserts dits "light", dans plus de 500 produits pharmaceutiques, notamment des sirops et antibiotiques pour enfants. Selon le Réseau environnement santé, 200 millions de personnes en consommeraient "régulièrement".
L'aspartame a été découvert en 1965. Il est autorisé en France depuis 1988 et son utilisation a été harmonisée en Europe en 1994.
Chez les enfants et les femmes en âge de procréer, l'absorption quotidienne est estimée à 2,5 à 5 milligrammes par kilo de poids corporel. La dose journalière admissible établie par l'Autorité européenne de sécurité des aliments est de 40 mg/kg.
L'étude, conduite par le Danois Thorhallur Halldorsson, sur près de 60.000 Danoises enceintes, est parue fin 2010 dans l'American journal of clinical nutrition. D'après cette étude, la consommation d'au moins une boisson gazeuse contenant un édulcorant augmente en moyenne de 38% les risques de naissance avant terme. L'augmentation des risques est de 27% si l'on n'en boit qu'une par jour, 35% si l'on en boit 2 ou 3, 78% quand c'est plus de 4.
L'impact est moindre avec les boissons non gazeuses, l'augmentation du risque allant de 11 à 29%. Il est vrai qu'elles comportent, selon les chercheurs, 2 à 3 fois moins des deux édulcorants principaux (aspartame surtout et acesulfame-K, parfois associé) que les boissons gazeuses, étant en revanche plus riches en cyclamate et saccharine.
"Ce ne sont pas des produits anodins (...) pourquoi ne prend-on pas de précaution pour la femme enceinte alors qu'on a des études qui montrent un effet ?", demande Laurent Chevallier, médecin nutritionniste CHU de Montpellier et responsable de la commission alimentation du Réseau environnement santé. Etonné par "l'absence de réaction des pouvoirs publics", il estime qu'on pourrait apprendre à se passer de ces produits qui n'ont rien d'indispensable.
Une autre étude révélatrice
Publiée il y a quatre mois dans l'American Journal of industrial medicine, une étude du chercheur italien Morando Soffritti, de l'Institut Ramazzini de recherche en cancérologie environnementale, corrobore deux études antérieures menées sur les impacts de l'aspartame chez les rats.
D'après l'étude italienne, cet édulcorant élève les risques de cancers du foie et du poumon chez 240 souris mâles, exposées de la gestation à la mort. En revanche, ces risques n'apparaissent pas augmentés chez les femelles.
L'Agence française de sécurité sanitaire alimentation/environnement a indiqué le 12 janvier qu'elle allait "examiner sans délai ces nouvelles études en vue d'éventuelles recommandations aux autorités françaises".
Pas lieu de s'inquiéter, selon les industries agroalimentaires
La présence d'aspartame dans les aliments ne doit pas inquiéter les consommateurs, a déclaré le 13 janvier Jean-René Buisson, président de l'association des industries alimentaires, au lendemain de la publication d'études mettant en cause cet édulcorant chimique.
L'aspartame, dont l'utilisation depuis sa première mise sur le marché en 1974 aux Etats-Unis a souvent été épinglée, "est l'un des produits qui a été le plus étudié", a souligné M.Buisson. "A chaque fois les études réalisées par les autorités américaines, européennes, françaises ont constaté l'innocuité de ce produit. Il faut quand même faire confiance à ces organismes", selon lui. "Une fois, c'est la viande, une fois c'est l'aspartame, une fois c'est le bisphénol. Il faut que l'on arrête sinon demain, plus aucun produit ne sera consommable", a ajouté M.Buisson.
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