Cet article date de plus de huit ans.

Le combat de Lauren Wasser, amputée d'une jambe à cause d'un tampon hygiénique

Cette Américaine de 27 ans mène une campagne pour sensibiliser au sujet du syndrome du choc toxique. Il y a trois ans, sa jambe droite a été amputée après une infection causée par l'utilisation de tampons hygiéniques.

Article rédigé par Jéromine Santo-Gammaire
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Photographie du compte Instagram de Lauren Wasser, amputée à la suite d'un syndrome du choc toxique. (LAUREN WASSER / INSTAGRAM)

Lorsque la jeune femme de 24 ans se réveille à l'hôpital, elle ne se souvient de rien. Ni de sa chute dans son appartement, ni du transport en ambulance. Elle a le ventre gonflé, et des tubes branchés partout. Son corps la brûle. En quelques jours, sa vie a basculé. Le magazine Vice raconte son histoire, lundi 22 juin.

Avant, Lauren Wasser était une "it-girl", comme elle le reconnaît elle-même aujourd'hui. Cette Californienne avait posé pour Vogue avec sa mère, mannequin comme elle, et pratiquait intensément le vélo et le basket, en parallèle de ses études dans une université prestigieuse.

Un tampon porté trop longtemps

Ce jour d'octobre 2012, elle se sent faible, mais attribue son état à ses règles qui débutent. Le lendemain, elle est retrouvée inconsciente sur le sol de sa chambre et transportée en urgence à l'hôpital Saint John's de Los Angeles, avec 41°C de fièvre. Ses organes cessent progressivement de fonctionner.

C'est en découvrant que la jeune femme portait un tampon que les médecins font le rapprochement. Resté trop longtemps, il a contribué au développement de bactéries à l'intérieur du vagin. Les toxines TSST-1, produites par le staphylocoque doré, ont pénétré dans le sang, provoquant un syndrome du choc toxique (SCT).

Des composants synthétiques mis en cause

Dans les années 1980, une épidémie aux Etats-Unis a permis d'établir une corrélation entre l'utilisation de tampons hygiéniques et l'apparition d'un syndrome du choc toxique. A l'origine de ce phénomène ? Les composants synthétiques utilisés dans les tampons depuis une cinquantaine d'années.

"La plupart des gros fabricants de tampons utilisent des mélanges de viscose et de coton, ou parfois juste de la viscose, explique le docteur Philip M. Tierno, professeur de microbiologie et pathologie à l'université de New York, interrogé par Vice. Dans les deux cas, ces tampons offrent les conditions physico-chimiques optimales pour le développement de la toxine TSST-1 – du moins, si la souche toxinogène est déjà présente dans la flore vaginale de la patiente."

Lauren Wasser pose nue avec sa prothèse métallique. Une photo postée sur son compte Instagram. (LAUREN WASSER / INSTAGRAM)

Lorsqu'elle se réveille dans son lit d'hôpital, Lauren Wasser ne se doute pas que son infection s'est mutée en gangrène. "C'est la douleur la plus atroce que j'aie jamais ressentie, se souvient-elle. Je ne saurais même pas vous la décrire." Sa jambe droite et les orteils de son pied gauche commencent à se nécroser. L'amputation est inévitable.

Une simple mention sur les boîtes comme prévention

Avec sa mère, Lauren porte plainte contre la marque de tampons Kotex, mais aussi contre deux enseignes qui commercialisaient le produit. "J'aimerais bien dire que [le cas de Lauren] m'a choqué, mais ce serait mentir, déclare l'avocat de la jeune femme. Les tampons n'ont pas changé de composition depuis l'affaire de l'épidémie de SCT. Tout ce que les industriels ont fait, c'est d'ajouter une mention sur la boîte" afin d'échapper à une condamnation de la Food and drug administration, l'organisme américain chargé d'autoriser la vente des médicaments et des produits alimentaires.

Trois ans plus tard, Lauren reconnaît qu'il lui aura fallu du temps pour se construire une nouvelle identité. Pourtant, elle n'a pas fui l'objectif des appareils photo. En partie grâce à sa petite amie, Jennifer Rovero, photographe. Ensemble, elles travaillent à sensibiliser le public au SCT. Elles réalisent même depuis peu des clichés de Lauren, sur lesquels on voit sa prothèse métallique.

En octobre, la jeune femme ira soutenir la députée Carolyn Maloney devant le Congrès américain. Cette dernière milite pour faire adopter le Robin Danielson Act – du nom d'une victime du SCT –, une proposition de loi, déjà rejetée neuf fois, qui chargerait les organismes de recherche fédéraux d'étudier les risques posés par les produits d'hygiène féminine et de donner une information transparente sur leurs composants.

Prolongez votre lecture autour de ce sujet

tout l'univers Santé

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.