La Picardie manque de dentistes
Dans un cabinet dentaire d’Amiens, le téléphone et l'interphone sonnent toutes les deux minutes: pas moins de quarante personnes se présentent en une matinée de garde, faute de place disponible ailleurs. L’un des patients déclare au micro de France Bleu Picardie qu'il a bien tenté de contacter une quinzaine d’autres professionnels de la ville, mais la réponse est partout la même : “Ils ne prennent pas de nouveaux patients” .
“Même en étant client, on a des délais de deux à trois mois”, déplore une patiente. Pour cause, la région picarde fait partie des moins dotées en nombre de dentistes: ils sont moins de 40 pour 100.000 habitants, contre 63,1 au niveau national selon un rapport de l’Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS).
Catherine Mojaïski, présidente de la confédération nationale des syndicats dentaires, reconnait au micro de France Info de trop grandes disparités dans les lieux d'installation des praticiens dentaires : "Sur le plan national, on a suffisamment de dentistes, le problème c'est qu'ils sont mal répartis sur le territoire. La Somme est aujourd’hui le département sans doute le plus sinistré” .
Attirer les jeunes professionnels
Pour pallier la pénurie de praticiens, une antenne a été ouverte en début d’année au CHU d’Amiens, dans le service du professeur Devauchelle. Elle accueille actuellement dix étudiants en sixième année d’odontologie de Reims, pour la plupart originaires de Picardie. S'ils déménagent pour faire leurs études, c'est car leur région d'origine ne propose pas de formation en chirurgie dentaire.
Mais il faut ensuite convaincre ces jeunes professionnels de revenir exercer dans leur région d’origine. Pour certains comme Sarah, originaire de Creil, c’est une véritable opportunité : “On n'aura pas de problème au niveau de notre patientèle. Ce qui est attrayant, c'est de se dire qu’on aura toujours du travail et qu’on est utile”.
Mais ils ne sont pas nombreux à faire ce choix : "Les dentistes s'installent généralement autour des villes avec des facultés, et Il y a des zones qui sont plus attractives comme les grandes villes, les zones où il y a plus de soleil” , indique Catherine Mojaïski.
De nouvelles incitations pourraient donc voir le jour. "On est en train de réfléchir à mettre en place des dispositions contraignantes, car on se rend compte que les dispositions incitatives ne suffisent pas", déclare Catherine Mojaïski. "On va certainement, d’ici un an dans la nouvelle convention, réfléchir à mieux équilibrer les installations sur le territoire, peut-être en empêchant les gens de se conventionner dans des zones trop dotées, et de les pousser davantage vers des zones plus démunies”.
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