"Il y a encore beaucoup à faire" sur la composition des protections hygiéniques, estime l'association Règles élémentaires

Laury Gaube, directrice de la communication de l’association Règles élémentaires, estime sur franceinfo samedi que le décret qui oblige les fabricants à détailler la composition des protections périodiques est une première avancée.
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Les fabricants de protections intimes féminines devront détailler leur composition sur l'emballage ou la notice d'utilisation à partir du 1er avril. (PATRICE LAPOIRIE / MAXPPP)

Chaque année en France, près de 3 milliards de protections menstruelles sont vendues, mais ces produits peuvent parfois présenter un risque pour celles qui les utilisent. Le gouvernement a annoncé vendredi 8 mars que dès le 1er avril, les fabricants devront détailler la composition de leurs produits hygiéniques.

"Le décret est une première avancée, mais on sait qu'il y a encore beaucoup à faire", estime Laury Gaube, directrice de la communication de l’association Règles élémentaires invitée samedi 9 mars sur franceinfo. Elle déplore notamment le manque de recherches scientifiques concernant les protections périodiques.

Franceinfo : Pourquoi cette transparence est-elle importante ?

Laury Gaube : Des milliards de protections périodiques sont vendues en France et sont utilisées par des femmes quotidiennement. Jusqu'à aujourd'hui, on ne savait vraiment pas l'impact que peuvent avoir ces protections périodiques sur la santé des femmes et on le déplore encore aujourd'hui. Le décret est une première avancée, mais on sait qu'il y a encore beaucoup à faire et que ce décret est encore incomplet malheureusement.

Encore faut-il savoir ce qu'il se cache derrière ces composants, car il est parfois difficile de lire de telles étiquettes...

Exactement. Aujourd'hui, on sait qu'avec ce décret, la liste des composants contiendra uniquement les substances qui sont ajoutées intentionnellement par les fabricants. Cela exclut pas mal de substances qui sont ajoutées non intentionnellement, lors des processus de blanchissement ou de fabrication par exemple. Ce sont des étapes où il peut y avoir l'intégration de substances toxiques et dont les consommateurs et consommatrices ne sont pas forcément au courant.

Si cette transparence est une première étape, que faut-il faire de plus selon vous ?

Il faut faire encore pas mal de choses. Déjà avoir accès à la liste complète des composants des protections périodiques, donc même les substances ajoutées pendant la fabrication des matières premières. On sait aussi que ce décret ne s'applique pas à toutes les protections périodiques. Il exclut les produits qualifiés de "textiles". Typiquement, les culottes menstruelles sont quand même des produits énormément utilisés par les consommatrices, dont on parle beaucoup, et elles ne savent toujours pas ce qu'il y a à l'intérieur de ces protections. Donc il manque quand même des éléments sur ce décret. Il manque aussi énormément de recherches scientifiques sur ces sujets-là.

Historiquement, la recherche a-t-elle négligé ces sujets ?

Oui, clairement. On estime aujourd'hui qu'un Français sur deux pense que les règles sont extrêmement taboues. On sait qu'il y a des manquements sur la santé des femmes. C'est un désintérêt en fait. Sur des produits qu'on utilise quotidiennement comme les protections périodiques, il n'y a pas de recherches qui sont faites, alors que ces produits sont vraiment au contact du corps, parfois à l'intérieur du corps des femmes. On veut vraiment que des recherches soient faites, qu'on puisse avoir accès à la composition complète. C'est bien d'avoir des noms, mais encore faut-il pouvoir décrypter ce qui se cache dans les protections.

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