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Piqûres, origine, prolifération... Huit questions pas si bêtes sur les punaises de lit

Face à l'ampleur du phénomène, le gouvernement lance un plan de lutte contre les punaises de lit, prévoyant une campagne d'information ainsi qu'une mission parlementaire pour faire évoluer la loi face à la recrudescence de ces parasites. 

Article rédigé par franceinfo
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Publié Mis à jour
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Une punaise de lit sur une peau humaine. (SCIEPRO/SCIENCE PHOTO LIBRARY / SKU / AFP)

Le gouvernement lance un plan de lutte contre les punaises de lit. Dans un communiqué publié jeudi 20 février, le ministre chargé du Logement détaille comment il compte combattre ces insectes dont les piqûres provoquent notamment des démangeaisons et qui se développent dans les matelas et les draps, ainsi que les meubles et les recoins. Julien Denormandie, ministre chargé de la Ville et du Logement, prévoit une campagne d'information ainsi qu'une mission parlementaire pour faire évoluer la loi face à la recrudescence de ces parasites, a annoncé jeudi le ministère. 

Alors qu'elles avaient pratiquement été éradiquées en France au milieu du 20e siècle, le ministère constate une recrudescence, à partir des chiffres remontés par les professionnels de l'extermination des parasites. Le gouvernement lance donc ce vendredi une campagne d'information, avec un numéro de téléphone (0.806.706.806) et un site (stop-punaises.gouv.fr) dédiés. Il compte aussi demander aux professionnels de se structurer, avec un label et une formation à la clé, et évoque le lancement prochain d'une mission à l'Assemblée nationale.

Retour en huit questions sur ces insectes indésirables autrefois éradiqués, et qui seraient déjà présents dans 400 000 sites en France, selon l'association Droit au logement.

D'où viennent les punaises de lit ?

Elles se propagent souvent lors des voyages "par l’intermédiaire des vêtements ou des bagages", indique le site du ministère de la Santé. Les punaises de lit peuvent circuler dans des endroits peu accessibles et très étroits, tels qu'une fente de l'épaisseur d'une carte de crédit.

Les friperies, vide-greniers ou marchés aux puces, auxquels on pense moins, sont aussi une source possible d'infestation. On peut ramener des punaises "parce qu'on a acheté un mobilier en brocante", signale à France 3 Nouvelle-Aquitaine Aurélie Lecointre, chef du service santé et vie sociale à la mairie de Limoges. Le ministère conseille donc d'"inspecter minutieusement et [de] nettoyer ces articles avant de les installer dans votre maison".

Où se réfugient-elles ?

Les punaises de lit "peuvent s'introduire partout, même dans les maisons et les hôtels les plus propres", assure le site gouvernemental du Québec consacré à ce problème de santé publique. En général dans des endroits sombres, elles peuvent se trouver dans "la chambre à coucher et les lieux de vie, les fissures des murs, du plancher et du mobilier, les coutures des rideaux, les prises électriques, les plinthes, les moulures", énumère le site de la mairie de Paris.

Elles sont souvent proches de l'endroit où elles pourront se nourrir de sang humain, qu'elles rejoignent la nuit. Toutefois, la punaise de lit "ne peut pas grimper facilement sur le métal ou les surfaces polies, encore moins voler ou sauter", ajoute le ministère de la Santé.

Comment détecter leur présence ?

Ce sont souvent, hélas, les piqûres qui servent d'alerte. "Il faut penser aux punaises de lit devant des piqûres qui sont groupées dans les parties tendres (hanches, avant-bras, cou, mollet…), détaille Damien Eymon, technicien biologiste à Allô Docteurs. En tout début d'infestation, c'est très rare de voir des punaises, les gens s'en aperçoivent au bout de deux ou trois mois en voyant les insectes qui se sont reproduits et sont plus nombreux. A ce moment-là, ils se font piquer tous les jours." D'après le site du ministère, "on trouve généralement de trois à quatre piqûres souvent en rang d’oignon ou groupées au même endroit sur la peau"

Autre indice incitant à la méfiance : les punaises laissent aussi des petites taches noires sur les draps, le matelas ou les murs, qui proviennent de leurs excréments, ou des longues traces de sang sur les draps "dues à l’écrasement des punaises lors du sommeil de la personne", décrit le ministère.

Leurs piqûres sont-elles dangereuses ?

Les punaises, qui piquent les dormeurs la nuit en leur pompant du sang, "ne transmettent pas de maladie", précise France 3. Mais leurs piqûres peuvent causer des démangeaisons sévères si leur nombre est important. Les traces disparaissent "naturellement sous les dix jours et ne nécessitent pas de soins particuliers", précise le ministère, qui conseille alors de "nettoyez [votre] peau et de ne pas vous gratter pour éviter toute surinfection".

La présence de ces insectes peut aussi entraîner des problèmes de dépression. Une personne touchée par une infestation présente cinq fois plus de symptômes d’anxiété et de perturbation du sommeil qu'une personne non-atteinte, selon l'American Journal of Case Reports (lien en anglais). "J’avais des crises de larmes et d’angoisse, je ne dormais plus la nuit, c’était l’horreur", témoigne par exemple une habitante touchée auprès du Figaro

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Comment les reconnaître ?

Ces petits insectes sont bruns, visibles à l'œil nu, de forme ovale et d'une taille de pépin de pomme, qui varie de 4 à 7 mm. Quant à leurs oeufs, ils sont en forme de grains de riz (de 1 à 2 mm, blancs, en grappe de quatre ou cinq œufs). Les déjections forment, quant à elles, de petits points noirs sur les matelas et sommiers. "On voit parfois des insectes ou le plus souvent des carapaces, car elles muent plusieurs fois avant d'être adultes. On peut retrouver ces carapaces vides sur le sol", décrit Allô Docteurs.

Une seule femelle peut pondre jusqu'à 15 œufs par jour et 500 au cours de sa vie. L'oeuf éclot de 10 à 14 jours après avoir été pondu. Enfin, la punaise de lit peut vivre plusieurs mois sans se nourrir.

Combien de foyers sont infestés en France ?

Selon le ministère du Logement, 400 000 sites, dont non seulement des logements mais aussi des hôtels, ont été traités en 2018, dernière année de référence, soit presque un tiers de plus que l'année précédente. L'association Droit au logement (DAL) assure elle aussi que 400 000 sites, dont 100 000 en Ile-de-France, sont infestés aujourd'hui en France, contre 200 000 en 2016 et 2017. Selon DAL, le phénomène n'épargne personne : "sans-abri, mal-logés, locataires HLM ou privé, logements collectifs, hôtels, maisons de retraite, écoles, hôpitaux". Le traitement d'un logement infesté  coûte entre 350 euros (pour une désinsectisation chimique, avec insecticides) et 1 000 euros (pour un traitement mécanique, sans insecticides).

Le problème gagne les lieux publics. En décembre 2018 comme le rapporte France 3, onze écoles publiques de Marseille infestées avaient dû être traitées par la mairie. Les parents d'élèves avaient bloqué quelques jours plus tôt l'un de ces établissements après avoir constaté que des élèves présentaient des piqûres aux avant-bras. Un an plus tôt, toujours à Marseille, deux unités de l'hôpital de la Timone avaient été évacuées afin d'être traitées après l'infection du lit d'un patient par des punaises, rapportait alors La Provence.

Comment s'en débarrasser ?

Au préalable, on peut essayer de prendre des précautions lors des voyages en évitant de laisser traîner sacs et valises sur le sol, ou en inspectant les pièces où l'on se rend. Si le mal est fait, il faut dans un premier temps nettoyer son appartement. "Passez minutieusement l’aspirateur sur tout le matelas et dans tous les recoins possibles du lit et autour du lit. N’oubliez pas les rideaux, les plinthes, l’arrière des tableaux, etc", conseille le magazine 60 millions de consommateurs, avant de jeter le sac. Il convient ensuite de laver le linge touché à 60 °C ou, si c'est impossible, de laisser les objets infestés au congélateur à -20 °C pendant 72 heures. 

"Mais ces opérations ne sont souvent pas suffisantes, surtout si l’infestation est déjà avancée. Il vous faudra alors recourir à la désinsectisation" à l'aide d'un professionnel, écrit la revue. Sur son site, la Chambre syndicale des industries de désinfection, désinsectisation et dératisation (CS3D) liste des professionnels de confiance dans chaque département. "Si vous rencontrez des difficultés financières, n’hésitez pas à faire appel à votre municipalité. Beaucoup de communes possèdent des services spécialisés pour lutter contre les invasions de parasites", ajoute enfin 60 millions de consommateurs.

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