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Urgences saturées : "On a beaucoup de choses à changer à l'hôpital, mais on doit être soutenus pour cela", lance Martin Hirsch

Le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, a expliqué, lundi sur franceinfo, qu'"il y a effectivement besoin de lits aux urgences" alors que le plan "hôpital en tension" a été activé vendredi.

Article rédigé par franceinfo
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Devant l'hôpital Georges-Pompidou, à Paris, le 29 mai 2015. (CITIZENSIDE / AURÉLIEN MORISSARD / AFP)

Alors que les services d'urgences sont particulièrement débordés - avec 97 hôpitaux sur 650 qui ont dû activer, vendredi 16 mars, le plan "hôpital en tension", le directeur général de l'Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Martin Hirsch, a appelé, lundi 19 mars sur franceinfo, à une réorganisation de l'hôpital en France. Selon lui, les règles à l'hôpital sont "trop rigides" et les organisations "trop complexes" pour répondre correctement à la hausse de fréquentation, notamment aux urgences.

franceinfo : Pourquoi les urgences sont-elles si saturées en ce moment ?

Martin Hirsch : Cela sature depuis des années. La fréquentation aux urgences augmente, puisqu'à la fois il y a la population qui classiquement vient aux urgences pour un grave accident, une menace de crise cardiaque et puis il y a aussi une population de personnes âgées fragiles notamment pendant les périodes d'hiver où elles sont nombreuses à venir, et puis troisième chose, les urgences des hôpitaux publics sont souvent le dernier recours quand on ne trouve pas d'autre médecin. On est un pays où il y a une coupure entre le système de ville et le système hospitalier. Dans la plupart des pays, on trouve des centres de soins non programmés, des petites urgences qui sont souvent sous la responsabilité des hôpitaux, mais qui ne sont pas au cœur des hôpitaux et qui permettent de mettre moins de pression sur les urgences. Mais, dans notre pays, où on a mis des murs entre la médecine de ville et l'hôpital, il y a une pression extrêmement forte sur les services hospitaliers.

Les conséquences peuvent être dramatiques. Plusieurs personnes sont mortes aux urgences, faute d'être prise en charge à temps.

Cela s'était passé à l'AP-HP, il y a 4 ans. Une patiente était morte au centre d'une salle d'attente et on a pris un certain nombre de mesures pour faire face à cela. On est plus souvent sauvés aux urgences qu'on ne meurt aux urgences. Chaque mort est un drame, mais si vous allez dans un service des urgences, on en ressort avec l'idée qu'on sauve des vies avant d'en tuer. Après, on a évidemment comme objectif de réduire le délai de prise en charge pour éviter que des patients ne restent trop longtemps sur des brancards.

Est-ce que c'est une question de moyens ? Vous avez par exemple décidé un gel des dépenses de personnel parce que le déficit de l'AP-HP s'est aggravé l'an dernier. Est-ce lié ?

Non, ce n'est pas lié à cette situation, puisque les urgences ont des difficultés depuis quatre mois. J'ai annoncé, pour cette année, que compte tenu du déficit de l'AP-HP, on devait modérer les dépenses de personnel. Elles continueront à augmenter, mais moins vite que ce qu'on avait prévu. Il y a un lien entre les services qui manquent de personnel et nos problèmes d'organisation et les règles auxquelles sont soumis les hôpitaux. Il faut des réorganisations profondes. Les gens sont malheureux à l'hôpital, nos règles sont trop rigides, nos organisations sont trop lourdes. On est moins armés qu'on ne pourrait l'être pour faire face à ce type de difficultés.

Plusieurs médecins dénoncent eux aussi un problème de prise en charge aux urgences et la difficulté à trouver des places à certains patients. Comment améliorer les choses ?

Il y a effectivement besoin de lits aux urgences. Le problème est qu'on est soumis aux épidémies. On a l'habitude, pour les épidémies pédiatriques, pendant les périodes de bronchiolite par exemple, d'arrêter certaines de nos activités pour développer plus de lits pour les enfants. Jusqu'à présent, cela ne se faisait pas pour les adultes, parce que cela avait moins d'ampleur, parce que les épidémies sont un peu moins prévisibles que celles qui concernent les enfants. Mais, je pense qu'on va devoir aller vers cette "saisonalisation" de l'activité pour faire en sorte que l'hôpital soit plus apte à recevoir les patients pendant ces périodes-là. Mais, l'hôpital, cela n'est pas de la comptabilité, cela n'est pas le nombre de lits. Derrière la problématique de l'hôpital, il y a une problématique d'organisation. On a beaucoup de choses à changer à l'hôpital, mais on doit être soutenus pour cela.

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