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S'il est "trop médico-centré", le plan santé du gouvernement aura "complètement raté sa mission"

Emmanuel Macron présente mardi son plan santé 2022. Parmi les mesures qui doivent être annoncées, la création de postes d'assistants médicaux. Mais pour la Coordination nationale Infirmière, ça ne peut pas être la seule mesure.

Article rédigé par franceinfo
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Selon la Coordination nationale Infirmière (CNI), la profession souffre aujourd'hui de conditions d'excercice de plus en plus pénibles (Photo d'illutration). (JULIO PELAEZ / MAXPPP)

Emmanuel Macron présente mardi 18 septembre le plan de transformation du système de santé. Il contiendra 50 mesures, dont notamment la création de 4 000 postes d'assistants médicaux pour aider les médecins généralistes. Sur franceinfo, Nathalie Depoire, la présidente de la Coordination nationale Infirmière (CNI), estime qu'il y a d'autres urgences.

franceinfo : Que pensez-vous de la création de ces postes d'assistants médicaux ?

Nathalie Depoire : On a besoin de préciser le cadre d'exercice et les responsabilités de ces assistants médicaux. On sait tous la problématique de la désertification médicale, donc ça peut répondre [à cette problématique] là où des médecins seront regroupés, mais la vraie question est de savoir comment prendre en charge la population là où on n'a pas de médecin.

On ne va pas dire que c'est complètement inutile avant d'essayer, mais il ne faut pas que ce soit la seule mesure. On a énormément d'attentes par rapport aux annonces que doit faire le président de la République et je crois surtout qu'il faut regarder la présence des professionnels de santé aujourd'hui sur le territoire. Les infirmiers sont les plus nombreux. Il faut absolument qu'ils soient plus présents dans ces annonces, qu'on nous reconnaisse peut-être plus d'autonomie, développer un droit à prescription et qu'on soit reconnus.

Craignez-vous que le plan donne plus aux médecins et moins aux infirmiers ?

Pour l'instant, c'est ce qui semble filtrer dans les bribes du plan qui doit être annoncé, et si le constat à la fin des annonces de monsieur Macron est trop médico-centré, je pense qu'on aura effectivement complètement raté la mission pour prendre en charge la population (…) On nous considère encore hélas comme des auxiliaires médicaux. Nous sommes des professionnels de santé à part entière. Il faut qu'on nous donne notre place dans le système de santé. 

Là, on nous parle d'assistants qui sont des profils de secrétaires, d'aides-soignants ou d'infirmiers. Je crois qu'il faut déjà surtout veiller à ce qu'on soit dans nos missions premières et qu'on travaille sur l'attractivité de nos professions. Aujourd'hui, si les instituts de formation d'infirmiers ne font plus le plein, il y a de vraies questions à se poser sur nos conditions d'exercice. Idem pour les aides-soignants.

Quelles sont les différences de rémunération entre les infirmiers et les médecins ?

Pour bien faire la différence entre la considération que l'on peut avoir du médecin et de l'infirmière, je vous parlerais par exemple du prix du frais de déplacement qui est complètement différent. Aujourd'hui, on a le tiers de ce que peut avoir un médecin, et c'est complètement anormal. Je parlerais aussi du salaire à l'hôpital public où on démarre notre carrière - alors qu'on a aujourd'hui un niveau de licence reconnu - à 1 700 euros brut, avec des primes de nuit à 1,07 euros brut de l'heure sur neuf heures seulement, même si votre nuit en fait douze. [Un montant qui n'a pas été réévalué] depuis le début des années 2000.

Heureusement que les professionnels de santé ont à cœur la prise en charge des patients. Seulement, la difficulté aujourd'hui c'est qu'ils expriment une perte de sens, ils ne se retrouvent plus dans leur travail. Beaucoup s'usent et on voit leurs arrêts maladies augmenter. C'est pour ça que je parle du besoin d'avoir des professionnels de santé eux-mêmes en santé. On parle de bientraitance des patients, il faut répondre à la population, et pour ça il faut soi-même être bien.

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