Les hôpitaux publics asphyxiés par leurs dettes
Le rapport de l'Inspection générale
des Finances (IGF), mandatée par le gouvernement, est alarmant. Pour financer
les programmes d'investissement Hôpital 2007 et Hôpital 2012 décidés
par l'État — qui n'a pas apporté le premier euro, les hôpitaux français ont été
contraints de s'endetter massivement. Ces mises aux normes ont multiplié par
trois les encours des prêts de moyen et long terme, passés de 9 milliards en
2003 à plus de 24 milliards d'euros en 2011.
Parallèlement, la crise bancaire a
limité l'offre de crédit et fait grimper les taux : Dexia, premier financeur
des hôpitaux, a fait faillite et les autres banques sont devenues plus
méfiantes à la suite de plusieurs incidents de paiement au cours des dernières
années. Bien que soutenus par l'État en cas de défaillance, les hôpitaux
n'inspirent plus confiance aux banquiers.
Limiter l'accès au crédit
Si la très grande majorité des
hôpitaux arrive à faire face, une vingtaine d'autres serait dans une situation
tendue. Notamment, selon le quotidien Les Echos , le CHU de Caen qui
n'arriverait plus à payer ses cotisations patronales ni certains de ses
fournisseurs. Les hôpitaux de Fort-de-France (Martinique), Lens (Pas-de-Calais)
et Ajaccio (Corse-du-Sud) rencontreraient également des difficultés de
trésorerie.
Face à cette situation, l'IGF
recommande de "limiter fortement" le recours des
établissements de santé aux emprunts bancaires à court terme.
Fureur de la Fédération hospitalière de France (FHF), qui défend les intérêts
de quelque 2.000 établissements de santé : "Cet endettement est pour
payer l'investissement, mais on voit que le déficit courant des hôpitaux, lui,
diminue malgré la montée de l'endettement", se défend son président.
Et Frédéric Vallétoux de dénoncer "un rapport totalement techno, assez déconnecté
de la réalité [...] Les mêmes qui ont demandé il y a quelques années aux hôpitaux
d'investir, regardent cela d'un œil critique, en essayant de faire croire que
les hôpitaux sont mal gérés", tempête le président de la FHF.
"La Roumanie des années
1970"
Sur un budget total annuel de
quelque 70 milliards d'euros, le déficit des hôpitaux ne dépasserait pas les
200 millions, selon les chiffres de la FHF. Aussi, limiter l'accès aux prêts
bancaires reviendrait "à faire revenir la gestion hospitalière à la
Roumanie des années 1970 [...] La conséquence de tout cela serait de
fragiliser l'offre de soin aux Français" , prévient Frédéric Vallétoux.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.