"Ce n'est absolument pas la procédure" : après la mort de Naomi, le président du Samu réclame du personnel mieux formé
François Braun, président de Samu Urgences de France, a expliqué, mercredi sur franceinfo, que lors d'un appel d'urgence, c'est le médecin régulateur qui "prend les décisions" à la suite d'un interrogatoire médical, ce qui n'a pas été le cas pour Naomi.
"On ne peut être que choqué" du comportement de l'opératrice du Samu après la mort de Naomi à Strasbourg (Bas-Rhin), a déclaré François Braun, mercredi 9 mai sur franceinfo. Pour le président de Samu Urgences de France, "ce qui est encore moins acceptable, c'est que normalement tout appel est transmis à un médecin régulateur". Il a demandé un rendez-vous à la ministre de la Santé pour avoir plus de moyens et mieux former ses opérateurs.
Les Hôpitaux de Strasbourg ont ouvert une enquête administrative le 3 mai, après la mort d'une patiente de 22 ans en décembre dernier. Dans la matinée du 29 décembre 2017, l'appel au Samu de la jeune femme n'a pas été pris au sérieux et elle est décédée quelques heures plus tard.
franceinfo : Comprenez-vous l'émotion que suscite cet enregistrement ?
François Braun : Quand on entend cet enregistrement, on ne peut être que choqué, que furieux de ce type de prise en charge, qui ne correspond absolument pas à ce que l'on doit faire dans ce type de situation. (…) C'est heureusement un cas isolé parmi les plus de 20 millions de personnes qui font appel au Samu dans l'année. Pour autant, on ne peut se satisfaire du fonctionnement actuel et il est vraiment urgent de moderniser nos prises en charge, de sécuriser l'ensemble des prises en charge pour les appels au Samu.
Est-ce que cet appel respecte la procédure ?
On a une discussion dans la première partie entre une sapeur-pompier et une opératrice du Samu, qui déjà soulève un certain nombre de questions, et ensuite [une discussion entre l'opératrice du Samu et Naomi], dont les propos, tant dans le fond que dans la forme, qui sont tenus par l'opératrice du Samu ne sont pas acceptables. Mais, ce qui est encore moins acceptable, c'est que normalement tout appel est transmis à un médecin régulateur. C'est ce médecin qui prend les décisions suite à un interrogatoire médical et dans ce cas l'appel n'a pas été transmis au médecin. Ce n'est absolument pas la procédure. Ce n'est absolument pas ce que l'on apprend à nos opératrices. On ne demande pas aux gens de rappeler, on le fait nous-même et on transmet l'appel éventuellement à un autre service.
Vous avez demandé un rendez-vous à la ministre de la Santé, Agnès Buzyn. Que demandez-vous ?
Nous demandons d'abord d'avoir les moyens pour pouvoir répondre à tous les appels dans des délais qui sont raisonnables. Nous considérons que tous les appels doivent être pris en charge en moins d'une minute. Ce n'est pas le cas, il faut le reconnaître. On est à 95-96% des appels qui sont pris en charge en moins d'une minute. C'est insuffisant, il faut arriver à 99-100%. Il nous faut donc du personnel supplémentaire et il faut du personnel qui soit mieux formé. D'ailleurs, un rapport sénatorial de l'année dernière sur les urgences relevait déjà ce point pour nos assistants de régulation médicale, qui ne sont pas des médecins, en demandant une formation plus professionnelle pendant deux ans.
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