Cet article date de plus de six ans.

Fin du numerus clausus, création de postes dans les déserts médicaux... Ce que contient le plan santé d'Emmanuel Macron

Le plan santé, détaillé par Emmanuel Macron mardi matin, contient plus de cinquante mesures pour notamment améliorer la qualité des soins, lutter contre les déserts médicaux et réorganiser l'hôpital.

Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5 min
Emmanuel Macron lors de l'annonce du plan pauvreté, le 13 septembre 2018, à Paris. (MICHEL EULER / AFP)

Une réforme pour renforcer l'offre de soins en France. Le président de la République, Emmanuel Macron, a présenté les grandes mesures du plan "Ma Santé 2022", mardi 18 septembre. Le chef de l'Etat a estimé que la France devait "restructurer pour les cinquante années à venir" son système de santé, qui doit être "l'un des piliers de l'Etat-providence du XXIe siècle"

Ce plan sera doté d'un budget total de 3,4 milliards d'euros d'ici 2022, a annoncé le ministère de la Santé, mardi matin. Près de la moitié – 1,6 milliard – sera dédiée à "la structuration des soins dans les territoires". 920 millions d'euros seront consacrés à l'investissement hospitalier, 500 millions à la "transformation numérique" et 420 millions à "l'évolution des métiers et des formations". Des études de médecine à la lutte contre les déserts médicaux, voici les principales mesures de ce plan santé. 

La fin du numerus clausus pour les étudiants en médecine

Ce redoutable système de sélection, qui limite à l'avance le nombre d'étudiants en médecine admis en deuxième année, aura disparu en 2020. "Le système est absurde. Aujourd'hui, c'est un gâchis qui concerne chaque année 25 000 étudiants", a déploré Emmanuel Macron, mardi. Evoquant une "rénovation complète des études de santé", le chef de l'Etat a justifié la fin du concours en fin de première année "pour cesser d'entretenir une rareté artificielle"

Ce parcours de formation restera sélectif, mais sera plus ouvert, plus vivant.

Emmanuel Macron

lors de la présentation du plan "Ma Santé 2022"

"On va revenir dans le droit commun", a précisé l'Elysée, évoquant le souhait d'avoir "plus de médecins qui soient formés demain""Comme dans toutes les filières, des examens sanctionneront le passage en deuxième année puis en troisième", a détaillé la ministre de la Santé, Agnès Buzyn.

Une prise en charge des urgences "non-vitales" jusqu'à 20 heures en ville

Afin de remédier aux "urgences qui sont engorgées", Emmanuel Macron a annoncé la prise en charge des urgences "non-vitales" en ville, "jusqu'à 20 heures" le soir. "Un passage aux urgences sur cinq relèverait d'une consultation en médecine générale", a-t-il argumenté. Le chef de l'Etat promet que les médecins seront "mieux rémunérés, avec une vraie incitation" pour cette prise en charge supplémentaire. 

La création de 400 nouveaux postes dans les déserts médicaux

Une autre mesure de ce plan santé est la création de 400 nouveaux postes de médecins salariés dans les territoires considérés comme des déserts médicaux. L'Elysée, à travers ces créations de postes, entend "permettre aux patients d'accéder à une consultation généraliste", dans tous les territoires. 

Le développement de "communautés territoriales de santé"

Afin de développer "la capacité (...) d'aller sans rendez-vous voir un médecin généraliste" dans tous les territoires, Agnès Buzyn a annoncé, mardi matin sur BFMTV, la création de nouvelles "communautés territoriales de santé" à travers l'Hexagone. 

On va financer ces communautés territoriales de santé, qui existent déjà mais il y en a très peu. On va en créer 2 000.

Agnès Buzyn

à BFMTV

Ces communautés devront couvrir "tous les territoires d'ici au 1er juillet 2021", a précisé Emmanuel Macron lors de la présentation du plan santé, et "entre 20 000 et 100 000 patients d'ici 2022", a-t-il ajouté. "Le système de santé, demain, c'est un réseau de soignants (...) qui garantit l’accès permanent à des soins programmés ou non-programmés", a affirmé le chef de l'Etat. "Le patient doit toujours pouvoir accéder à un médecin traitant", à une réponse "en urgence", a-t-il insisté.

La création de 4 000 postes d’assistants médicaux

"Nous devons continuer à décharger les médecins d’actes qui peuvent être faits par d’autres", a déclaré Emmanuel Macron lors de la présentation du plan santé. L'objectif est de permettre aux médecins de se consacrer davantage aux actes médicaux. La rallonge budgétaire doit permettre de créer 4 000 postes d'"assistants médicaux" d'ici quatre ans, mais "si le mouvement est là, si le besoin est là, nous en financerons autant que de besoin", a assuré le président de la République.

On va dégager du temps aux médecins en créant des postes d'assistants médicaux. 

Agnès Buzyn

à BFMTV

Ces assistants médicaux, payés par la sécurité sociale, auront pour mission de "décharger" les médecins des tâches administratives et de certains "actes simples comme une prise de tension ou de température", détaille l'Elysée. Selon Emmanuel Macron, les médecins pensent gagner entre 15 et 20% de temps médical avec cette organisation. 

En contrepartie, les praticiens qui bénéficieront de ces aides auront des obligations. Ils devront exercer en groupe ou au sein d'une équipe de soins, mais aussi accepter de nouveaux patients et assurer les "urgences de ville", c'est-à-dire des consultations sans rendez-vous, en journée. 

Une réorganisation des hôpitaux

"Chaque hôpital devra se concentrer sur les soins pour lesquels il est le plus pertinent", a annoncé Emmanuel Macron. Trois niveaux vont être ainsi créés avec des hôpitaux de proximité, des unités spécialisées et des unités ultra spécialisées. "Tous les établissements auront à se repositionner", prévient le président de la République. Un nouveau statut d'hôpital "de proximité" doit ainsi être créé par une loi en 2019 pour les 600 plus petits établissements. Ces derniers seront "réorientés sur des priorités" incluant la gériatrie, la rééducation, l'imagerie, la biologie ou encore la télémédecine, détaille l'Elysée.

Si on arrive à réorganiser les choses autour de ces trois niveaux, nous pourrons avancer vers une meilleure qualité des soins.

Emmanuel Macron

lors de la présentation du plan "Ma santé 2022"

Les blocs chirurgicaux et les maternités seront, de leur côté, regroupés dans les plus gros établissements pour leur assurer une activité plus importante, gage de sécurité pour les patients. "Cela pourra passer par des fermetures d'activités dans certains cas", a reconnu l'Elysée, assurant que "rien ne se perd, tout se transforme". En parallèle, les hôpitaux seront également incités à améliorer leurs pratiques : l'enveloppe récompensant la qualité des soins sera portée de 60 à 300 millions d'euros dès l'an prochain.

La fin de la tarification à l’activité

Selon Emmanuel Macron, il s'agit de "faire évoluer le mode de financement pour valoriser la qualité du parcours des patients". La très décriée tarification à l'activité (T2A) doit être supprimée, car ce système crée une course à l'activité et pousse à réaliser des actes inutiles, selon le chef de l'Etat.

La T2A sera ainsi remplacée par des "parcours" standardisés. Cela commencera par certaines maladies chroniques comme le diabète et l'insuffisance rénale chronique. Mais ce système devra devenir progressivement la norme d'ici à 2022. Hôpitaux et libéraux devront ainsi se coordonner et partager une rémunération forfaitaire.

Un "espace numérique" pour chaque patient

Emmanuel Macron a, en parallèle, appelé au "déploiement de nouveaux outils numériques" pour améliorer l'offre de soins en France. "Ces outils sont aujourd'hui insuffisants, ils laissent de côté les patients", a-t-il insisté. "Nous devrons nous doter dans les trois prochaines années d'une véritable offre de santé numérique", a-t-il fait savoir. 

Le chef de l'Etat a évoqué la mise en place d'un "dossier médical partagé" dès le mois de novembre et d'un "espace numérique" pour chaque patient. Ces innovations numériques permettront, en outre, "une meilleure répartition des tâches" entre les professionnels de santé. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.