"Des conditions d'hébergement tout à fait indignes" à l’hôpital psychiatrique du Rouvray, visé par une procédure d'urgence
Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL) pointe des "dysfonctionnements graves" au sein de cet établissement de Seine-Maritime, où les "conditions d'hébergement sont tout à fait indignes".
"On peut parler de dysfonctionnements graves" : Adeline Hazan, contrôleur général des lieux de privations de liberté (CGLPL), alerte sur franceinfo mardi 26 novembre le ministère de la santé et lance une procédure d'urgence.
Elle constate des "conditions d'hébergement tout à fait indignes" à l'hôpital psychiatrique du Rouvray à Sotteville-les-Rouen (Seine-Maritime) qui compte 475 lits. Selon elle, "un certain nombre de façons de traiter les patients n'est pas acceptable au regard de leurs droits fondamentaux".
franceinfo : Qu’avez-vous constaté dans cet établissement ?
Adeline Hazan : Tout d’abord, des conditions d'hébergement tout à fait indignes. Avec par exemple, pas de sanitaires dans les chambres, mais des seaux hygiéniques, avec, dans certaines chambres, une odeur d'urine vraiment insupportable. Les patients sont mis en pyjama. On a vu quand même certains cas où les patients étaient mis en chambre d'isolement et laissés nus, au motif qu'ils ont des tendances suicidaires. Nous avons remarqué qu'il y a 41 chambres d'isolement, ce qui est déjà beaucoup, et qu'elles sont toutes utilisées. C'est à dire qu'il y a une banalisation de la mise à l'isolement, alors que, aux termes de la loi, cet isolement doit être tout à fait exceptionnel et doit durer le minimum de temps. Trop souvent, il y a des patients qui sont attachés à leurs lits dans des conditions qui ne respectent pas la loi […]. On peut parler de dysfonctionnements graves parce qu'un certain nombre de façons de traiter les patients n'est pas acceptable au regard de leurs droits fondamentaux.
Vous évoquez également des adolescents qui seraient victimes de propos et de gestes violents de la part de patients adultes ?
Beaucoup de patients mineurs et même très jeunes, 12 ou 13 ans, sont mis dans des services adultes, ce que nous dénonçons car c'est très mauvais pour les mineurs. Et il y a eu effectivement quelques récriminations sur le fait que quelques patients se sont plaints d'attouchements.
Est-ce que le manque de moyens dans les unités psychiatriques peut expliquer cette situation très grave ?
De façon générale, c'est surtout une culture d'établissement. Et objectivement, dans cet établissement, les moyens ne sont pas inférieurs à la moyenne des établissements. Donc, on ne peut pas expliquer ce qui se passe au centre hospitalier du Rouvray par un problème de moyens. C'est autre chose, un projet d'établissement qu'il faut complètement revoir.
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