Au CHU de Besançon, "on a caché la vérité aux patients" : un ancien chef de service dénonce des fautes médicales
Maltraitance, non-respect des procédures... Plusieurs patients se plaignent d'avoir été mal pris en charge au CHU de Besançon. Mardi, Philippe Humbert, ancien chef du service dermatologie de l'établissement, appuie leurs témoignages.
À Besançon, 46 patients du CHU, réunis en collectif, dénoncent la qualité de leur prise en charge au sein de l'établissement. Ils pointent notamment du doigt des faits de maltraitance ou de non-respect des procédures pour le traitement du cancer. Leurs témoignages sont appuyés mardi 21 mars par l'ancien chef du service de dermatologie du CHU de Besançon, le professeur Philippe Humbert. "On a caché la vérité aux patients", affirme-t-il à franceinfo.
franceinfo : Confirmez-vous que des malades ont été victimes de maltraitance au sein du CHU de Besançon ?
Philippe Humbert : Oui. Des malades ont écrit, entre 2014 et 2016, aux différentes instances - l'Agence régionale de santé, l'Ordre des médecins, la direction de l'hôpital - pour se plaindre d'avoir été mal reçus, de ne pas avoir eu une prise en charge correcte, d'avoir été humiliés ou victime de non-assistance à personne en danger. Tous ces courriers ont été transmis à ces autorités. Ils sont restés sans réponse.
Vous affirmez que des protocoles n'ont pas été respectés dans la prise en charge du cancer. Que s'est-il passé ?
Ceci est très grave. Le traitement d'un patient se décide lors d'une réunion de concertation pluridisciplinaire (R), avec la présence obligatoire d'un chirurgien, d'un radiothérapeute et d'un oncologue. Cette condition n'a pas été respectée dans un certain nombre de cas. Des traitements ont été décidés, alors que le chirurgien ou le radiothérapeute n'étaient pas présents.
Est-ce que cela signifie que certains patients ont subi des chimiothérapies alors qu'elles n'étaient pas forcément nécessaires ?
Oui, puisque certains malades n'ont pas pu bénéficier de l'avis d'un chirurgien qui aurait pu, par exemple, procéder à l'ablation d'une métastase localisée sur un organe. À la place, ces patients ont reçu de la chimiothérapie. Il a fallu que je me démène pour que l'Agence de santé ouvre enfin une enquête.
Mais pourquoi aurait-on privilégié les chimiothérapies ?
Je ne comprends vraiment pas ce qui s'est passé. Je ne comprends pas pourquoi on ne m'a pas écouté. J'ai alerté, dès février 2015 et à plusieurs reprises, la Haute autorité de santé, la direction de l'hôpital ou encore l'Agence régionale de santé. Quel est l'intérêt ? Il y a des intérêts financiers. L'hôpital a reçu beaucoup d'argent pour cela. On a caché la vérité aux patients. Aucun malade n'a été informé que les RCP étaient non conformes.
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