400 millions pour les hôpitaux : "Il n’est toujours pas possible de savoir ce qui va être donné à la pédiatrie", s'inquiète le professeur Stéphane Dauger
La pédiatrie "va très mal" selon le chef du service de réanimation pédiatrique à l'hôpital Robert Debré à Paris, qui attend des signaux forts et rapides du gouvernement.
"Où va aller l'argent ?" s'interroge samedi 5 novembre sur France Inter le professeur Stéphane Dauger, chef de service de réanimation pédiatrique à l'hôpital Robert Debré à Paris et membre du collectif inter-hôpitaux. Le ministre de la Santé, François Braun, a fait plusieurs annonces mercredi 2 novembre dans le but d'endiguer la crise de l'hôpital. Il a promis une enveloppe "de l'ordre de 400 millions d'euros" d'aides au lieu des 150 millions prévus pour les "services en tension de l'hôpital", notamment les urgences pédiatriques.
François Braun a rencontré plusieurs responsables du secteur mercredi, dont le professeur Dauger. "Nous avons passé deux heures avec le ministre de la Santé et c’est en sortant que des journalistes nous ont appris que 400 millions d'euros étaient débloqués. Mais je voudrais savoir comment cet argent sera utilisé parce que moi je ne le sais pas. Il n’est toujours pas possible de savoir ce qui va être donné à la pédiatrie", répète-t-il.
"C'est insupportable de commencer une discussion de fond dans ces conditions. Il nous faut une relation de confiance et pour l’instant ce n’est pas le cas"
Stéphane Dauger, chef du service de réanimation pédiatrique à l'hôpital Robert Debré à Parisà France Inter
Le professeur Stéphane Dauger estime qu'"on ne peut pas attendre" pour obtenir une réponse parce que "la pédiatrie va très mal". "Ce n'est pas dans trois mois ou dans six mois, donc c’est tout de suite qu’il faut faire rentrer des personnels et de l’argent", insiste Stéphane Dauger.
Le Pr. Stéphane Dauger, chef de service de réanimation pédiatrique à l’@HopRobertDebre : "On voit la qualité des soins qui s'effondre dans nos services, des enfants risquent de mourir donc c'est tout de suite qu'il faut faire rentrer des personnels et de l'argent" #le69inter pic.twitter.com/AcdI0SDOy2
— France Inter (@franceinter) November 5, 2022
Ne pas balaniser les transferts de patients
Il alerte sur l'épidémie de bronchiolite en cours. "En 2019, l’année où l’épidémie a été la plus sévère, nous étions à 23 transferts pour l’Ile-de-France, à la fin de l’épidémie. Cette année, nous en sommes déjà à 35. Je repose la question : où va aller cet argent ?". Le chef de service de réanimation pédiatrique à l'hôpital Robert Debré à Paris juge inquiétant de véhiculer l'idée "qu’il est possible de transférer des nourrissons ou des patients très fragiles en pédiatrie comme on l’a fait pendant la crise Covid, alors que nous sommes confrontés à une épidémie que l’on connaît parfaitement, qui débute à une période qu’on connaît, un virus qu’on connaît, une mortalité qu’on connaît".
Le professeur Stéphane Dauger était invité avec Agnès Firmin-Le Bodo, samedi 5 novembre au matin sur France Inter. La ministre déléguée chargée de l'organisation territoriale et des professions de santé n'a pas répondu à sa question sur la répartition de cette enveloppe de 400 millions d'euros. De quoi agacer le chef de service de réanimation pédiatrique à l'hôpital Robert Debré à Paris. "Nous discutons depuis 18 mois avec le ministère [de la Santé] sans aucune réponse. C’est la dernière chance pour la pédiatrie. Il faut des signaux très forts et actuellement nous ne les avons pas."
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