: Témoignage "Une sensation de profonde discrimination" : le combat d'une mère pour l'inclusion à l'école de son enfant en situation de handicap
Ewan est en vacances chez son papa, en Bretagne, et même au téléphone depuis Couëron, près de Nantes, sa maman, Laëtitia veille sur sa scolarité. "Ça va mon chéri ? Tu as fait tes devoirs avec papa ?", lui demande-t-elle. "Non, je n'ai pas mon cartable je crois", lui répond l'enfant à travers le combiné. Laëtitia sourit. Les devoirs, ce sera donc à son retour, chez maman, avec un rituel précis.
"On s'installe dans la salle à manger pour travailler un peu, au calme, avec un timer pour structurer et s'accorder des petits temps de pause. Après pour Ewan, le scolaire ça reste... comment dire... un peu compliqué."
Laëtitia, maman d'Ewanà franceinfo
Car Ewan, 12 ans, est autiste et épileptique, et dans sa classe Ulis, qui regroupe des enfants en situation de handicap, il a en effet du mal à rester concentré toute la journée. Pour son entrée au collège, Laëtitia a donc demandé une place en unité d’enseignement. "Déjà, il continuerait une inclusion dans un collège, donc il serait quand même avec les autres", explique-t-elle. "Mais on travaille d'autres choses : il va y avoir de l'atelier cuisine, jardinage, avec du personnel formé." Ewan est sur liste d’attente, et cela peut durer plusieurs années, car il n’y a que 24 places à proximité de chez eux.
430 000 enfants scolarisés en milieu ordinaire
L'État a débloqué, en 2022, une enveloppe de trois milliards et demi d'euros pour l'école inclusive mais'inclusion des enfants en situation de handicap à l'école représente un véritable casse-tête pour les familles, souvent démunies. Pas assez de places, pas assez adaptées, ils sont pourtant 430 000 à être scolarisés en milieu ordinaire depuis la rentrée 2022. Emmanuel Macron a donc promis de traiter ce sujet parmi 70 mesures lors de la sixième édition de la Conférence nationale du Handicap qui se déroule mercredi 26 avril à l'Élysée. Cette conférence se tient tous les trois ans, et cette année, le contexte est particulier. Le Conseil de l'Europe a établi en avril dernier que la France ne respectait pas les droits fondamentaux des personnes handicapées.
Le plan B de Laëtitia pour scolariser son petit garçon, c'est le maintien en classe Ulis, mais à condition d’avoir un accompagnant. Et là encore, ce n’est pas gagné. Alors, il reste le plan C.
"La déscolarisation, c'est se battre pendant cinq ans en faveur de l'inclusion pour se retrouver à domicile. Devoir payer une enseignante spécialisée tous les matins. J'ai vraiment cette sensation de profonde discrimination."
Laetitia, maman d'Ewanà franceinfo
Cette maman n'est pas la seule dans cette situation. D'après Sophie Biète, de l'Adapéi – une association qui accompagne les personnes handicapées – en Loire-Atlantique, 1 500 enfants ne sont pas pris en charge comme ils le devraient. "Des dispositifs de soutien à la classe ordinaire sont plutôt intelligents, mais souvent en nombres insuffisants. C'est-à-dire qu'il faut se dire : on investit là-dedans ou pas", assène Sophie Biète.
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