Quel avenir pour les maternités de proximité ?
Die dans la Drôme, Bernay, dans l’Eure, Saint-Claude dans le Jura… la liste des petites maternités qui ont disparu ces derniers mois est longue. Chloé Buffard, journaliste au Magazine de la santé, décrypte ce phénomène.
Pourquoi les maternités ferment-elles ?
D'un côté, les autorités sanitaires affirment que c'est avant tout une question de sécurité pour les patientes. En face, les opposants dénoncent des établissements sacrifiés au nom de la rentabilité. C’est en réalité bien plus complexe. Depuis les années 70, il y a eu l’aménagement d’un cadre juridique pour sécuriser les accouchements. Cela a entraîné de nombreuses fermetures de maternités. Une étape importante a été franchie en 1998 avec la publication d’un décret qui fixe le seuil minimal d’accouchements à 300 par an. Un seuil nécessaire pour assurer la sécurité mais également la viabilité économique de l’établissement. Ce texte instaure trois types différents de maternité, niveau 1, 2 et 3 selon les risques des grossesses prises en charge. Et ce sont souvent les maternités de niveau 1 qui ferment, c’est-à-dire celles en charge des grossesses normales. Nous sommes dans une logique de concentration : des maternités plus grandes, faisant davantage d’accouchements avec des plateaux techniques plus importants.
Ces maternités manquent-elles de soignants ?
Pour faire fonctionner une maternité, il faut des sages-femmes, des gynécologues-obstétriciens, un pédiatre et un anesthésiste pour faire les péridurales. Si vous n’arrivez pas à avoir une équipe au complet 24h sur 24, cela pose des problèmes de sécurité. Certaines petites maternités ont recours à des médecins intérimaires, mais cela coûte très cher, ce qui, dans un contexte de restrictions budgétaires, pose problème.
Quelles solutions pour pallier ces fermetures ?
Certains prônent le développement des « hôtels hospitaliers ». Le principe est que la Sécurité sociale prend en charge quelques nuits d’hôtel pour les patientes qui habitent loin de la maternité mais qui risquent d’accoucher très prochainement. Une idée qui vient des pays d’Europe du Nord et qui est en test dans certains hôpitaux français, comme au Centre hospitalier de Valence par exemple. Mais ce dispositif ne fait pas l’unanimité chez les femmes enceintes. Elles peuvent être réticentes à passer la fin de leur grossesse loin de chez elles, de leurs autres enfants…
Les urgentistes et les pompiers doivent-ils être mieux formés aux accouchements ?
Quand il n’y a plus de maternité, ce sont eux qui se retrouvent en première ligne pour les accouchements non prévus. A Die, par exemple, il y a encore un service d’urgences. Mais même avec une formation, ni les pompiers, ni les urgentistes ne sont des spécialistes de la grossesse. Il existe un risque de dégradation des soins.
Faut-il revaloriser le rôle des sages-femmes ?
Aujourd’hui, elles prennent en charge les accouchements dits « physiologiques ». Mais l’Ordre des sages-femmes rappelle qu’elles ne peuvent pas se substituer à un médecin. En cas de complication, il y a besoin d’un gynécologue-obstétricien pour faire une césarienne. Et pour la péridurale, il faut un anesthésiste. Il existe aujourd’hui neuf maisons de naissance en expérimentation en France, gérées exclusivement par des sages-femmes mais elles sont toujours situées à proximité d’hôpitaux.
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