Ils donnent leurs gamètes pour des couples infertiles : "Je n'aurais pas imaginé ma vie sans enfant"
L'Agence de la biomédecine a lancé un appel aux dons d'ovocytes et de spermatozoïdes pour les couples stériles, jeudi.
"J'ai vu la détresse de mes copines qui n'arrivaient pas à avoir d'enfants", raconte Sophie. Pour cette maman de deux garçons de 7 et 9 ans, aider les couples infertiles a sonné comme une évidence. A 32 ans, elle a déjà répondu à l'appel de l'Agence de la biomédecine, qui a tiré la sonnette d'alarme, jeudi 19 mai, quant au manque de donneurs de spermatozoïdes et d'ovocytes. Sophie a donné ses ovocytes en juillet 2015. Dans la vie, elle coordonne le don de moelle dans un hôpital. "Mais je ne crois pas que ce soit lié à mon métier, assure-t-elle. J'y avais déjà pensé plus jeune, et puis l'idée a mûri."
La jeune femme explique que, pour elle, tomber enceinte a été une formalité.
Dès que j'ai arrêté la pilule, j'ai eu des enfants. Et je trouve cela dommage que certains ne puissent pas connaître la joie d'être parent. C'est gratifiant de se dire qu'on rend un couple heureux.
"J'avais envie d'aider, je suis fière de l'avoir fait"
Elisa, elle, est infirmière. A 30 ans, cette mère de deux enfants a déjà donné ses ovocytes. Et pour elle aussi, cela a été un acte naturel.
J'ai toujours voulu donner, je n'aurais pas imaginé ma vie sans enfant. Donc j'avais envie d'aider. Je suis fière de l'avoir fait.
En 2014, 3 000 couples stériles se sont inscrits pour bénéficier de dons de spermatozoïdes et d'ovocytes. Problème : même si des appels sont lancés régulièrement, il n'y a pas assez de donneurs.
"Un jour, j'écoutais la radio, et avant le journal, j'ai entendu un spot publicitaire. Je suis allé sur internet pour me renseigner. Je ne me suis pas posé trop de questions. Je me suis dit que ça pouvait être utile", raconte Guillaume, comédien et papa d'une petite fille d'un an.
Quand le don est réalisé au sein d'un couple, le conjoint ou la conjointe doit donner son accord. La compagne de Guillaume l'a aussitôt soutenu dans sa démarche. Pour Elisa, en revanche, cela a été plus difficile de convaincre son mari. "J'ai dû lui forcer la main. J'ai pris un rendez-vous d'office. En fait, il avait peur qu'on ne puisse pas avoir d'autres enfants. L'équipe médicale qui nous a reçus a pu le rassurer."
"Ce n'était pas si contraignant"
Après différents entretiens préalables d'information, des examens cliniques sont réalisés. Le but : éliminer tout risque de transmission de maladie virale ou génétique. A ce stade, les prélèvements peuvent commencer. Mais le cheminement est très différent pour les femmes et les hommes.
Pour ces derniers, cela se résume à des recueils de spermatozoïdes en plusieurs fois après masturbation. "Pour un mec c'est simple, convient Guillaume. Ce n'est pas une longue procédure, j'y suis allé seulement quatre fois."
Les femmes, elles, doivent subir un traitement sous forme d'injections durant une dizaine de jours. Puis le prélèvement d'ovocytes est réalisé sous anesthésie générale. Mais Sophie préfère dédramatiser : "Ce n'est pas un acte anodin, c'est sûr. Mais honnêtement je n'ai pas de mauvais souvenirs, ce n'était pas si contraignant. Et je m'en fiche des contraintes. Ce qui compte pour moi c'est aider les autres." Un avis partagé par Elisa.
Pourtant, j'ai peur des piqûres. Mais ce n'est pas douloureux. Et cela ne dure que quinze jours dans une vie, ce n'est pas grand-chose.
Sophie, Elisa et Guillaume partagent aujourd'hui le même espoir. Celui d'avoir pu contribuer au bonheur des autres. Guillaume sourit : "Peut-être qu'il y a aujourd'hui des couples qui attendent des enfants grâce à mon don."
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