En Arménie, être enceinte d'une fille est très souvent synonyme d'avortement
Malgré son interdiction depuis 2016, l’IVG ciblé sur les embryons féminins est une pratique encore assez courante en Arménie. Une situation qui devient inquiétante.
Après la Chine et l’Azerbaïdjan, l’Arménie est le troisième pays au monde à pratiquer le plus d’avortements ciblés sur les embryons féminins. Selon les régions et les classes sociales, entre 110 et 120 garçons y naissent pour 100 filles. Le ratio naturel tourne autour de 102 à 106 garçons pour 100 filles. Avant que l’échographie ne se démocratise, les couples qui voulaient un garçon faisaient des enfants jusqu’à en avoir un. Désormais, ils peuvent interrompre la grossesse quand c’est une fille.
Les IVG en fonction du sexe présenté par l’embryon ont été interdits en Arménie en 2016. Mais malgré son illégalité, la pratique perdure dans la société.
Une question de normes culturelles
La raison de cette préférence tient à des normes culturelles. Les garçons sont supposés perpétuer le lignage et aider leurs parents une fois adultes, alors que les filles partiraient après s’être mariées. Les garçons sont donc considérés comme un investissement et les filles comme une perte.
Une situation alarmante pour Garik Hayrapetyan, directeur du FNUAP-Arménie : "D’après nos informations, 100 000 filles ou futures mères ne naîtront pas d’ici 2080 si la situation actuelle ne change pas." "Il est vraiment important de changer les mentalités pour que les gens comprennent que les hommes et les femmes sont égaux et qu’ils ont des capacités et des droits égaux." ajoute Anouch Poghosyan, directrice du Centre de Ressources pour les Femmes. "Si la perception ne change pas dans l’éducation ou d’autres domaines, nous ne verrons aucun véritable changement."
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