Étude prônant le zéro alcool : "C'est un plaisir, mais il faut consommer avec une logique de moindre risque"
"On essaie d'installer des repères, que les deux verres d'alcool par jour et les jours sans soient connus du grand public", réagit François Bourdillon, le directeur général de Santé publique France.
Une enquête britannique parue vendredi 24 août dans la revue scientifique The Lancet prend le contrepied de la croyance selon laquelle un verre de vin par jour serait bon pour la santé. En France, la recommandation est de dix verres d'alcool maximum par semaine. "On essaie d'installer des repères, que les deux verres d'alcool par jour et les jours sans soient connus du grand public", a déclaré vendredi sur franceinfo François Bourdillon, directeur général de Santé publique France.
franceinfo : Est-ce qu'il faut tendre vers le "zéro alcool" ?
François Bourdillon : C'est compliqué car l'alcool est aussi un plaisir, très inscrit culturellement dans notre pays. Pour autant, il ne faut pas méconnaître le risque lié à la consommation d'alcool. Dans notre pays, on parle de consommation à moindre risque, avec des repères établis l'an dernier par des experts de Santé publique France et de l'Institut du cancer, qui est de maximum deux verres par jour, et des jours sans dans la semaine. Le mieux, c'est de boire moins. Les risques existent, que ce soit des pathologies digestives, neurologiques, des cancers ou le syndrome d'alcoolisation fœtale et l'idée est d'établir un repère pour que tout un chacun puisse analyser sa consommation, et essayer de tendre vers ce repère pour réduire au maximum le risque que peut engendrer l'alcool.
En France, on reste en moyenne à 4,9 verres d'alcool par jour pour les hommes. C'est assez loin de nos recommandations ?
C'est difficile d'avoir une moyenne en fonction du nombre de personnes, on a essayé, dans une étude qui n'est pas encore publiée, d'estimer combien de personnes parmi les 18-75 ans dépassent nos repères, et on est à 1/4, ce qui veut dire que 3/4 de la population est en-dessous des repères. Il faudrait associer les lobbies à la prévention, qu'ils imposent des repères que les experts scientifiques ont donnés. On a à peu près 5 millions d'euros par an de publicité pour l'alcool, c'est considérable. En contrepartie, quand on regarde les budgets de campagne pour la prévention, on est à moins de 3 millions. Notre idée, à Santé publique France, c'est d'essayer d'installer les repères, que les deux verres par jour et les jours sans soient connus du grand public. En septembre, on va aussi parler du zéro alcool pendant la grossesse, qui est aussi un gros enjeu de santé publique.
N'y a-t-il pas une certaine hypocrisie en France quand on parle d'alcool ?
Les effets de l'alcool sur la santé sont connus. On sait qu'en France l'alcool est responsable de 49 000 morts par an et toutes les publications vont dans le même sens. C'est un plaisir, on ne va pas l'interdire, en revanche, il faut consommer avec une logique de moindre risque sur la base de ces repères.
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