: Vidéo "Enfants sans bras" : l'eau du robinet qu'ont bue les mamans pendant leur grossesse était-elle polluée ?
Pourquoi, en dix ans, autant d'enfants sont-ils nés avec une malformation rare sur des périmètres très restreints de l’Ain, du Morbihan et de la Loire-Atlantique ? "Envoyé spécial" a suivi des femmes et des hommes qui enquêtent sur la mystérieuse affaire des "enfants sans bras". Certains travaillent sur la piste des pesticides. D’autres, comme Géraud Bournet, sur celle des réseaux d’eau potable.
Des bébés nés avec un seul bras, un seul avant-bras ou une seule main : cette malformation très rare frappe environ 150 nourrissons en France chaque année. Pourtant, depuis 2008, 15 enfants sont nés avec ce handicap sur des périmètres très restreints de l’Ain, du Morbihan et de la Loire-Atlantique. Peut-il s'agir d'une coïncidence ? Pour Emmanuelle Amar, l'épidémiologiste qui a lancé l'alerte sur l'affaire des "enfants nés sans bras", la probabilité qu'une telle concentration de cas soit due au hasard est très faible.
Ces malformations auraient-elles pu être causées par une exposition des mamans à des produits tératogènes, qui perturbent le développement du fœtus, durant les premiers mois de leur grossesse ? "Envoyé spécial" a suivi des femmes et des hommes qui enquêtent sur la mystérieuse affaire des "enfants sans bras". Certains travaillent sur la piste des pesticides (les mamans résidaient toutes, au début de leur grossesse, dans un milieu agricole), d’autres sur celle des réseaux d’eau potable.
L'eau du robinet qu'ont bue ces femmes pendant les premiers mois de leur grossesse était-elle polluée ? A-t-elle pu causer le handicap des enfants ? C'est une question qui hante Géraud Bournet. Cet ingénieur en sciences de l'eau étudie depuis quinze ans les différentes pollutions dans les rivières et les nappes phréatiques. Depuis qu'il a entendu parler des cas d'enfants nés sans bras, il mène l'enquête. Il a commencé par rechercher dans une base de données spécialisée les polluants connus pour leurs effets tératogènes, passant au crible une dizaine de molécules.
Des ressources en eau ont-elles pu être contaminées par un ou plusieurs polluants ?
En ce moment, il analyse le périmètre de l'Ain : sur un rayon de 17 kilomètres, huit enfants sont nés malformés en cinq ans. Les communes où leurs mères ont débuté leur grossesse sont-elles alimentées par la même eau potable ? Géraud Bournet a recensé une vingtaine de puits d'approvisionnement pour ces huit communes. Des provenances a priori différentes, ce qui tendrait à montrer que ces mamans n'ont pas bu la même eau du robinet. Est-ce suffisant pour exclure cette piste ?
"Pas forcément", répond Géraud Bournet. Il reste la possibilité que ces différentes ressources en eau aient été "contaminées par un ou plusieurs polluants similaires". Par exemple, "des pesticides utilisés sur l'ensemble du bassin où on va retrouver tous ces puits, et qui auraient pu contaminer la ressource". Géraud Bournet n'en est qu'au début de ses recherches. Il lui faudra de longs mois pour retrouver toutes les analyses d'eau de la région et retracer les éventuelles pollutions de l'époque.
Extrait de "Le mystère des enfants sans bras", une enquête à voir dans "Envoyé spécial" le 25 avril 2019.
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