Retrait de compteurs Linky : "une victoire très claire sur le plan scientifique et juridique"
L'avocat des 121 plaignants décrit les symptômes de ses clients, qui ont remporté mardi une bataille judiciaire contre Enedis.
Le tribunal de grande instance de Tours a demandé le retrait de 13 compteurs Linky installés chez des particuliers pour des raisons médicales, mardi 30 juillet. Plus de 120 plaignants de la région Centre avaient assigné Enedis en justice, 108 ont été déboutés, et 13 ont donc obtenu gain de cause. C'est "une victoire très claire sur le plan scientifique et juridique" s'est félicité sur franceinfo Arnaud Durand, avocat des 121 plaignants. "Il est temps pour Enedis de changer de posture", a-t-il ajouté.
franceinfo : Est-ce une victoire pour vous ?
Arnaud Durand : Une victoire très claire sur le plan scientifique et juridique puisque le tribunal nous dit qu’il est démontré un dommage évident pour ces personnes et un lien de causalité direct entre la pose du Linky et les pathologies présentées par les demandeurs. Ça prend le contrepied des stratégies d’Enedis (...) Le tribunal est très clair : le Linky cause un préjudice chez les personnes électro-hypersensibles. Il y a un enfant de sept ans qui n’était pas malade avant la pose du Linky, et qui l’est devenu depuis. Pour les 108 autres personnes, sur la question notamment de la vie privée, le juge botte en touche et nous invite à aller au fond, ce qu’on va faire. On va saisir les juges du fond pour pouvoir invoquer les éléments à charge contre Enedis.
De quoi souffrent les personnes que vous représentez ?
Il y a des effets très variés d’une personne à l’autre, même si certains symptômes reviennent assez souvent : des picotements dans les bras, de l’insomnie, de la fatigue... Des analyses médicales ont été faites et on s’aperçoit que chez ses personnes victimes de champs électromagnétiques, des marqueurs sanguins inflammatoires augmentent lorsqu’elles sont exposées. C’est l’élément objectif qui a été fourni au tribunal pour montrer qu’effectivement ce n’était pas dans la tête.
Enedis qui est en charge du déploiement de ces compteurs se dit persuadé de l’innocuité de son appareil. L’entreprise parle de cas extrêmement rares, elle compte faire appel. Quelle est votre réaction ?
Je ne sais pas ce qui est extrêmement rare puisque d’après l’Anses, [l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail], l’électro-sensibilité c’est 5 % des Français. Je ne pense pas qu’on puisse considérer que c’est si rare que ça.
Il est temps pour Enedis de changer de posture qui n’est pas du tout adaptée à la réalité du terrain, à la réalité des préjudices subis par les personnes qui subissent une installation du Linky. Il faudrait trouver des solutions alternatives
Arnaud Durand
Les compteurs des quartiers où sont déployés les Linky ajoutent dans le réseau électrique de nouveaux courants porteurs en ligne sur de nouvelles fréquences. Ce sont sur ces fréquences que l’ANSES a des réserves quant à leur innocuité. Que le compteur soit à l’intérieur ou à l’extérieur, c’est le réseau électrique qui est à l’intérieur de la maison et qui se met à rayonner ces nouvelles fréquences. La plupart des victimes sont contraintes de réduire au maximum la dose quotidienne de champ électromagnétique, comme le wifi, le bluetooth. Ils ont une maîtrise de leur espace intérieur, et là vous avez Enedis qui passe outre ça et qui leur rajouter des champs électromagnétiques sans aucune liberté de choix. Le tribunal n’enjoint pas seulement Enedis de retirer le Linky ou de ne pas le poser lorsqu’il ne l’est pas encore. Il lui dit qu’Enedis doit filtrer le courant, nettoyer la pollution qui a été ajoutée.
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