Les algues vertes suspectées dans le décès d'un ostréiculteur
Les secours n'ont rien pu faire. Un jeune homme de 18 ans s'est effondré brutalement le samedi 6 juillet 2019 alors qu'il travaillait dans les parcs ostréicoles de la baie de Morlaix dans le Finistère, une zone envahie d’algues vertes. Ses amis ont appelé les secours aussitôt mais leur arrivée a été rendue difficile par la marée basse et le risque d’envasement. Finalement, le corps a pu être hélitreuillé vers 16 h mais le médecin à bord de l’hélicoptère n’a pu que constater le décès du jeune homme, par arrêt cardiaque.
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Autopsie et analyses toxicologiques
"Nous avons prévu une autopsie pour savoir pourquoi ce jeune homme de 18 ans, censé être en pleine santé, est mort brutalement", a indiqué à l'AFP le procureur de la République de Brest Jean-Philippe Récappé. "Le corps a été conduit à l'hôpital et les examens vont être faits", a-t-il assuré. Les résultats des analyses toxicologiques devraient être disponibles dans quelques jours. Pour l’heure, "rien ne semble indiquer que ça soit criminel, mais nous voulons connaître les causes exactes".
"Poussée anormale" d’algues vertes
Et les seules suspects qui émergent actuellement sont les algues vertes, pour lesquelles les associations environnementales ont constaté une "poussée anormale" dans cette zone. Ainsi, dans un courriel adressé le 8 juillet au procureur de Brest et dont l'AFP a reçu une copie, deux associations de protection de l'environnement, Sauvegarde du Trégor et Halte aux marées vertes, évoquent "la piste d'une intoxication à l'hydrogène sulfuré", gaz toxique et potentiellement mortel libéré par les algues vertes échouées en décomposition.
Ces algues sont générées par la présence dans les cours d’eau d’azote et de nitrate, dont elles se nourrissent, et qui proviennent de l’agriculture (engrais et déjections animales). Les algues se transforment ensuite en "marées vertes" dans certaines conditions météorologiques et topographiques favorables.
"Un jus noir qui sent mauvais"
Disant s'être rendues sur les lieux de drame, les associations assurent en effet avoir "découvert un vaste espace vaseux recouvert par (...) d'algues vertes" et s’interrogent donc : "comment ne pas mettre en relation cette poussée anormale d'algues en ces lieux avec la rivière du Frout qui se jette dans la baie dans laquelle nous avons mesuré un taux de 53 mg/l de nitrates ?"
"Des témoins nous ont confirmé l’endroit où cela s’était passé", raconte même au Télégramme le président de l’association Sauvegarde du Trégor, Yves-Marie Le Lay. "En nous dirigeant vers les parcs à huîtres, un endroit où c’est vaseux, on a constaté que tout était vert, partout. Il y a une nappe uniforme d’algues vertes. Et on a vu, sous ce tapis, des algues en putréfaction. C’est reconnaissable car c’est un jus noir qui sent mauvais." poursuit-il. "Nous n’affirmons rien", tempère Yves-Marie Le Lay. "Tout ce que nous souhaitons, c’est que l’on vérifie si ce jeune homme a été ou non victime de l’hydrogène sulfuré."
En ce début de saison estivale, plusieurs plages ont dû être fermées à cause des algues vertes sur les côtes françaises.
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