Le sort du glyphosate sera-t-il scellé aujourd'hui ?
Quatorze Etats pour, 9 contre, et 5 abstentions : aprÚs deux ans de controverse autour de l'herbicide dont le caractÚre cancérogÚne fait débat, le vote du 9 novembre sur la proposition de la Commission de réautoriser le glyphosate pour 5 ans a entériné la fracture entre les pays de l'UE.
Le vote doit se dĂ©rouler selon les mĂȘmes principes que le 9 novembre, mais chaque Etat membre sera reprĂ©sentĂ© Ă un "niveau politique supĂ©rieur" par rapport aux experts du premier comitĂ©. Si la proposition revient Ă l'identique sur la table, il est toutefois possible pour un pays de proposer un amendement, ce qui n'Ă©carte pas un Ă©ventuel vote sur une pĂ©riode d'autorisation plus courte.
Quelle issue au vote ?
La décision sera prise à la majorité qualifiée, soit 16 Etats représentants 65% de la population de l'UE. Or sans le soutien des poids-lourds démographiques de l'UE, il est difficile d'entrevoir une issue à l'impasse.
Engluée dans des négociations de coalition, l'Allemagne ne devrait toujours pas prendre position : elle faisait partie des abstentionnistes. La France, qui fait partie des chefs de file hostiles à une nouvelle autorisation avec l'Italie, a redit son opposition.
"ConsidĂ©rant les risques, la France s'opposera Ă (la) proposition et votera contre. La France veut construire une sortie progressive du glyphosate et, avec plusieurs partenaires, pense qu'une durĂ©e plus courte serait possible", a expliquĂ© dimanche dans l'hebdomdaire JDD Brune Poirson, secrĂ©taire dâĂtat auprĂšs du ministre de la Transition Ă©cologique.
La commission tranchera
à l'issue du vote du 9 novembre, la Commission relevait une "majorité" des suffrages exprimés en faveur d'un renouvellement. Les minutes de la réunion publiées quelques jours plus tard montrent qu'une période de renouvellement inférieure à cinq ans, proposée par certains opposants, ne serait pas acceptée par d'autres, favorables à une réautorisation et qui avaient déjà accepté un abaissement de la durée d'autorisation. La proposition originelle de la Commission préconisait 10 ans. En cas de nouvelle absence de décision, c'est la Commission qui devra trancher avant le 15 décembre, date d'expiration de la licence actuelle.
Interrogé le 23 novembre lors d'une conférence de presse sur l'état de santé des Européens, le commissaire responsable du dossier Vytenis Andriukaitis avait botté en touche.
"Nous continuons Ă dĂ©cider avec les Etats membres et le 27 novembre nous verrons quels sont les rĂ©sultats", a-il rĂ©pondu, fidĂšle Ă la ligne fixĂ©e depuis des mois selon laquelle le sort du glyphosate devait ĂȘtre une "responsabilitĂ© partagĂ©e" avec les Etats membres. Mais, avait ajoutĂ© M. Andriukaitis, la Commission "doit assumer ses responsabilitĂ©s de maniĂšre raisonnĂ©e et motivĂ©e en se basant sur des attentes lĂ©gitimes".
Herbicide controversé, le glyphosate fait l'objet d'un ùpre débat depuis son classement en 2015 par le Centre international de recherche sur le cancer, un organe de l'OMS. Chargé d'estimer le danger absolu d'une substance (sans prendre en compte des facteurs tels que le niveau d'exposition ou la durée d'exposition), le CIRC avait jugé l'herbicide "probablement cancérigÚne pour l'homme". D'autres missions de l'OMS ainsi que les agences scientifiques de nombreux pays de par le moinde étaient arrivées à des conclusions inverses.
Pour Greenpeace, qui fait partie des ONG qui ont activement menĂ©Â campagne contre le glyphosate, cette fin de parcours est difficile. La Commission "se plaint qu'il y a trop de responsabilitĂ© sur ses Ă©paules, et que les gouvernements europĂ©ens se cachent derriĂšre elle, mais (...) elle ne peut pas avoir le beurre et l'argent du beurre", a dĂ©clarĂ© Ă l'AFP Franziska Achterberg, de Greenpeace Europe. "Ils ne veulent pas qu'on leur reproche des dĂ©cisions qui sont impopulaires. Mais dans le mĂȘme temps, ils ne sont pas prĂȘts Ă Ă©couter les prĂ©occupations des gens", a-t-elle dĂ©plorĂ©.
Une pétition officielle demandant la disparition progressive du glyphosate dans l'UE, classée "initiative citoyenne européenne", a récolté plus d'un million de signatures. Elle a été déposée auprÚs de la Commission qui doit y répondre d'ici le début de l'année prochaine.
avec AFP
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